Didier Durand (AFSCM) : « 2011 sera l’année du déploiement du sans contact en France »

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L’Association française du sans contact mobile, fondée par Orange-SFR-Bouygues Telecom, veut monter un ecosystème NFC « ouvert » sous le label Cityzi. Premiers retours avec l’opération « Nice Sans Contact Mobile ».

ITespresso.fr : Quel type de plate-forme avez-vous développé ?
Didier Durand : L’AFSCM a procédé à l’élaboration d’une plate-forme opérateur ouverte compatible avec les standards internationaux. cela rassure tous les partenaires et cela permet à chacun de gérer son service. Elle permet à chaque partenaire de développer ses propres services et a conçu des spécifications communes. C’est une architecture dans laquelle chaque partenaire va gérer un mini-coffre fort dans la carte SIM (fournie par Oberthur dans le cadre du pilote à Nice). Libre au client final de choisir quels types d’applications il souhaite intégrer dans sa carte SIM. Le rôle de l’opérateur est de vendre des téléphones mobiles Citizi, le label national « sans contact », et de fournir des cartes SIM dédiées. L’autre rôle, c’est d’assurer aussi un premier niveau de services clients. Il existe bien sûr des solutions concurrentes sur l’iPhone à partir de cartes mémoires ou à base de d’éléments sécurisés dans le téléphone mobile.

ITespresso.fr : Quelle est la répartition de la monétisation dans la chaîne de valeur dans le « sans contact » ? Chaque maillon a-t-il trouvé sa place avec un modèle économique adéquat ?
Didier Durand : Chaque secteur a son modèle. Par exemple, la banque facture plutôt un montant forfaitaire par an à ses clients. Le transporteur s’appuie plutôt sur un droit d’usage (ticket unitaire, accès hebdomadaire ou mensuel…). Sur la partie commerciale, chaque opérateur signe un contrat commercial avec un fournisseur de services. A Nice, c’est une vraie opération commerciale. Les opérateurs ont signé des contrats avec leurs partenaires.

ITespresso.fr : Combien de terminaux mobiles NFC comptez-vous commercialiser courant 2011 ?
Didier Durand : Le premier modèle disponible est un Samsung mais on pense que les opérateurs mobiles vendront entre 500 000 et un million de téléphones sans contact l’an prochain. Une gamme de terminaux NFC est en train de se construire. La commercialisation débutera vraiment en juin avec des constructeurs différents : Samsung, Nokia…Mais l’année 2011 sera vraiment l’année du déploiement de terminaux NFC sur le marché français.

ITespresso.fr : La prochaine étape, c’est quoi ? Une vulgarisation du NFC au niveau national ?
Didier Durand : Plusieurs villes ont répondu à l’appel à déclaration d’intention lancé l’été dernier par le ministère de l’Industrie pour le développement des services sans contact. Quasiment toutes les grandes métropoles françaises. Pour l’instant, c’est un déploiement par ville [après des premières phases de tests, Caen et Strasbourg réfléchissent à un déploiement plus large tandis que le conseil général d’Ile-de-France veut lancer une solution NFC mobile dans le secteur des transports, ndlr]. On passera vraiment à une échelle nationale quand l’Ile-de-France entrera dans la boucle. La région dispose d’un réseau dense de transport en commun et Paris est une grande destination touristique. Ce serait intéressant de disposer d’une application sur son mobile permettant d’acheter à l’avance son ticket et de préparer ses trajets dans la capitale. Pour le cas des transports, il faut clairement une impulsion des collectivités locales. Avec la partie paiement, les banques pourraient proposer des applications au niveau national mais il existe aussi des enjeux locaux avec l’équipement des commerçants en terminaux de paiements électroniques compatibles « sans contact ». Les distributeurs auront également un grand rôle à jouer. Ainsi, La Croissanterie compte livrer une application « carte de fidélité sans contact » en gérant l’infrastructure au niveau national. En janvier, on pourra acquérir dans toutes les boutiques Orange un mobile Citizy.

ITespresso.fr : Cityzi pourrait devenir un modèle pour l’Europe ?
Didier Durand : C’est vrai que l’on essaie que nos spécifications communes, la marque et la signalétique Cityzi soient reprises par la GSMA ou qu’elles deviennent une référence européenne a minima. Du point de vue des opérateurs, nous estimons qu’il s’agit de la troisième révolution du mobile et nous regrettons que la Commission européenne ne nous écoute pas assez. Il faut savoir que Nice est une première européenne avec des standards internationaux à partir de la carte SIM. En France, nous avons un an d’avance sur le sujet par rapport aux autres pays européens. Des délégations d’Asie ou d’Etats-Unis viennent aussi nous voir. On essaie d’entraîner l’écosystème pour conserver cette avance.

Une solution « non propriétaire, ouverte et interopérable », la clé de voûte du sans contact
Créée en avril 2008, l’AFSCM regroupe d’abord les trois opérateurs réseaux français (Orange France, SFR et Bouygues Telecom), qui fédère tout un écosystème pour « faciliter le développement technique et commercial des services sans contact mobiles » et « promouvoir leurs avantages, auprès des entreprises et des particuliers », peut-on lire dans un dossier de presse diffusé en mai 2010 lors du lancement de l’opération « Nice Sans Contact Mobile ». Outre les opérateurs mobiles, elle regroupe des fournisseurs de services (Airtag, BNP Paribas Personal Finance, Crédit Mutuel Centre-Est, Laser, Société Générale, Veolia transport) et des groupes industriels orientés cartes à puce (Atos Worldline, Business Anywhere, Gemalto, Oberthur Technologies, Connecthings, Prylos, Sagem Orga, Innovision, Multimedia Business Services). L’AFSCM a spécifié une solution  « non propriétaire, ouverte et interopérable » en tentant de couvrir la chaîne de valeur du NFC mobile (émetteurs d’applications, SSII, fournisseurs de cartes SIM et de téléphones NFC, etc). La sécurité fait partie des travaux prioritaires : l’AFSCM compte établir « un niveau de sécurité identique à celui des cartes à puces dès 2010-2011 ». Selon l’association professionnelle qui promeut le NFC, les informations contenues dans le téléphone sans contact sont « sécurisées et confidentielles ». Tout en poursuivant : « Personne, en dehors du client ne peut y avoir accès. Les données qui transitent lors des échanges ou transactions sont cryptées ». En cas d’usage frauduleux (vol, perte…), il suffira au client d’appeler son opérateur pour qu’il suspende à la fois ses services et sa ligne.

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