Diffusion de fausses infos : Facebook s’engage pour ne devenir Fake-book

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Facebook déclare scruter 30 000 comptes à l’authenticité douteuse en France et multiplie les initiatives pour limiter la propagation de fausses informations.

Facebook intensifie en France la lutte contre la propagation de fausses informations sur fond de dernière ligne avant le premier tour de l’élection présidentielle.

La branche hexagonale du réseau social déclare avoir traité 30 000 comptes d’utilisateurs français suspectés d’émettre ou de propager des fake news. Une partie d’entre eux à l’authenticité douteuse ont été suspendues. Pour les autres, Facebook demande des compléments d’information pour séparer le bon grain de l’ivraie.

Cette semaine, le réseau social a enfoncé le clou en fixant de manière préventive « dix règles pour identifier les fausses informations » destinées aux 31 millions d’utilisateurs actifs. Des conseils établis avec la collaboration avec la coalition First Draft.

Et, pour la première fois de son histoire, Facebook a lancé une campagne de publicité dans la presse papier sur ce thème (ci-dessous, la page diffusée dans Le Parisien dans son édition du 13 avril). Des journaux comme Le Monde, Le Parisien, Libération et Les Échos ont accueilli dans leurs pages de la publicité sur ce thème.

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Lutte anti-fake news : « Nous avons fait des progrès » selon Facebook

Plus globalement, début avril, le groupe Internet de Mark Zuckerberg avait lancé « un outil pédagogique » visant à aider les utilisateurs à mieux repérer les fausses informations. Un dispositif déployé dans 14 pays dont la France.

Cette bataille anti-fake news prend trois directions : « accompagner les internautes dans leur lecture critique de l’information » (en France, un partenariat avec L’école de journalisme de Sciences Po a été établi dans ce sens), « développer des outils pour diminuer le partage des fausses informations » (en France, Facebook travaille avec des organisations tierces de fact-checking, précise le service de communication du réseau social) et « limiter les gains financiers des auteurs de fausses informations ».

Dans une contribution en date du 13 avril, Shabnam Shaik, en qualité de « Technical Program Manager » rattaché à la « Protect and Care Team », précise les enjeux :

« Le fait de protéger l’authenticité [des comptes] constitue notre défi permanent et cela nécessite de la vigilance et de l’engagement (…) Nous avons conçu et réactualisé des systèmes techniques chaque jour pour faciliter la riposte contre les abus, la détection et la suppression de spam, l’identification et l’élimination des faux comptes et éviter la contamination des vraies comptes. »

Tout en poursuivant : « Ce travail a permis de réduire la propagation de contenus qui entre en infraction avec nos règlements ou qui induit en erreur comme les fausses informations, les canulars et la désinformation.

Au nom de Facebook, Shabnam Shaik continue de dérouler son argumentation : « Nous avons fait des progrès dans la détection de comptes non authentiques en identifiant des modèles d’activité qui ne concerne pas les contenus en soi. Par exemple, nos systèmes permettent de signaler des dépôts répétitifs de contenus identiques ou une augmentation du volume de messages envoyés. »

En qualité de partenaire fondateur du consortium « News Integrity Initiative » doté d’un fonds de 14 millions de dollars, Facebook travaille avec des entreprises technologiques, des institutions universitaires, des ONG et des Fondations dans le monde pour « soutenir des initiatives dédiées à l’intégrité de l’information ». Des passerelles ont été érigées avec le Facebook Journalism Project introduit en janvier 2017.

Dans le prolongement de cette lutte visant à endiguer la propagation de fausses infos, la branche française du réseau social s’est engagée à promouvoir des « contenus positifs et pédagogiques » pour lutter contre les « propos extrémistes sur Internet ».

Cela se concrétise sous trois formes : lancement d’une déclinaison française du programme Online Civil Courage Initiative (OCCI) en partenariat avec l’Institute for Strategic Dialogue, mise en place du programme « Peer to Peer (P2P) : Challenge Extremism » associant universités et étudiants et soutien d’actions de sensibilisation sur le terrain en partenariat avec la Fondation de France.

Pression européenne

Un autre membre du club GAFA s’implique dans cette chasse aux fake news : Google. La semaine dernière, le groupe Internet a annoncé l’arrivée d’un outil de fact-checking (« vérification d’information ») qui apparaîtra sur Google Search et Google Actualités.

Concrètement, sur le portail d’agrégation de news Google Actualités, un label « Faits vérifiés par ….  » s’affichera prochainement à côté des articles apparaissant comme fiables sur la foi du contrôle effectué par des éditeurs média et des organisations spécialisées. Il devrait être disponible dans toutes les déclinaisons linguistiques de Google News, y compris en France.

Un système similaire sera intégré sur les pages de résultats sur le moteur Google mais le groupe Internet admet qu’il sera difficile d’intégrer ce label de garanti de l’information sur toutes les requêtes émises par les internautes (3,5 milliards de recherches effectuées par jour).

Entre volontarisme et marche à pas forcés…Facebook et Google présentent une série d’initiatives dans ce sens en raison de la période d’élections cruciales entre la France et l’Allemagne.

Mais, au-delà, l’Union européenne met la pression sur les groupes Internet qui exploitent des services communautaires en exigeant que leurs outils de filtrage soient plus efficaces pour lutter contre les appels à la haine qui se propagent sur Internet et les fake news.

Début avril, le gouvernement allemand a approuvé un projet de loi visant à sanctionner les plateformes Internet qui ne modéreraient pas efficacement les contenus incitant à la violence entre communautés.

(Crédit photo : Facebook – mars 2017 : réunion sur l’engagement du réseau social « pour développer le contre-discours sur Internet en France ».)

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