Distribution audiovisuelle : TF1 veut faire payer les opérateurs télécoms

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Le groupe TF1 voudrait facturer la distribution de ses chaînes aux opérateurs télécoms en France. Il se montre ferme voire menaçant.

TF1 a relancé l’idée de faire payer la distribution des chaînes du groupe par les opérateurs télécoms qui exploitent des boîtiers TV en vue d’une diffusion auprès de leurs bases clients respectifs. Et le groupe audiovisuel, filiale du groupe Bouygues, se montre ferme sur ce principe.

En marge de la conférence de presse de la présentation de ses résultats annuels organisée cette semaine, Régis Ravanas, Directeur Général Adjoint Publicité et Diversification, l’a rappelé : « Nous voulons aller jusqu’au bout et si c’est nécessaire aller jusqu’à se passer de la diffusion du signal de TF1 sur certaines plateformes ».

Selon les propos retenus par Le Figaro, le top manager évoque un « vrai problème de partage de valeur, que nous voulons rééquilibrer ». Il prend pour exemple le cas de la Belgique, pays dans lequel « le signal de TF1 est rémunéré par Orange et Altice ».

Mais, du côté des opérateurs télécoms français, on se montre réticent à l’idée d’une telle monétisation de la diffusion des flux audiovisuels.

On évalue à 20 millions le bassin de foyers en France est en mesure de regarder la TV par Internet. Selon le CSA, près de 40% des foyers reçoivent la télévision uniquement par câble, satellite ou ADSL.

Des discussions avec les opérateurs télécoms ont été lancées dans ce sens mais on exprime des fortes réticences de l’autre côté. Logiquement, ce nouveau modèle économique déplaît à l’opérateur leader Orange, qui « n’envisage pas de rémunérer la distribution d’une chaîne TNT gratuite ».

Mais le groupe télécoms de Stéphane Richard, qui voudrait se rapprocher parallèlement de Canal Plus, tente d’apaiser les tensions. Il assure « continuer à travailler avec TF1 à la recherche de nouveaux services créateurs de valeur au bénéfice des deux entreprises ».

Cette offensive de TF1 vis-à-vis des fournisseurs d’accès Internet s’explique aussi aussi par les tensions sur les résultats financiers du groupe.

Le résultat opérationnel a été divisé par trois (45,7 millions d’euros) et le résultat net est divisé par deux (41,7 millions d’euros). Un baptême de feu pour Gilles Pélisson, qui a pris les fonctions de P-DG il y a un an.

Au-delà des pistes d’économie sur le fonctionnement du groupe et les coûts des grilles des programmes, TF1 planche sur de nouvelles sources de revenus.

Il se montre plus volontaire en investissant dans le business publicitaire associé aux plateformes vidéo sur Internet (en devenant par exemple actionnaire de Studio71 dans le segment MCN).

La piste de la distribution des flux audiovisuels facturés aux FAI pourrait devenir juteuse. Des experts évoquent un chiffre d’affaires récurrent additionnel de 70 à 100 millions d’euros par an.
En l’état actuel, la mise à disposition du service de télévision de rattrapage (replay) du groupe TF1 rapporte dix millions d’euros.

Et TF1 n’est pas le seul groupe à penser à monter en valeur : le groupe concurrent M6 est également favorable à ce principe de la distribution payante auprès des opérateurs. Mais cela risque d’affecter le principe du « must carry » inscrit dans la loi (obligation par les distributeurs de diffuser auprès de leurs abonnés les chaînes hertziennes gratuites).

Dans le courant de l’été 2016, une enquête de BFM Business évoquait l’établissement pour les opérateurs d’un package « TF1 premium » alléchant pour les distributeurs qui inclut la reprise des chaînes du groupe mais aussi des suppléments alléchants comme la diffusion en 4K (ou ultra haute définition) et des fonctions interactives poussées avec les téléspectateurs.

C’est tentant mais la note facturée aux opérateurs monte trop vite à leur goût.

(Crédit photo : TF1)

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