Echanges de fichiers : les utilisateurs minimisent les risques

Mobilité

Plus on est nombreux, plus le risque de se faire prendre est réduit. Tel serait l’état d’esprit des utilisateurs des réseaux d’échanges peer-to-peer, selon l’étude d’un consultant indépendant.

Réputée pour son efficacité sur les automobilistes, la peur du gendarme ne pourrait-elle pas s’appliquer aux usagers des réseaux d’échanges de fichiers peer-to-peer (P2P) ? C’est ce qu’on serait tenté de croire à la lecture d’une étude quasiment ethnographique (« nethnographique », comme le souligne l’auteur) présentée en août dernier par Markus Giesler, un consultant et professeur en marketing installé au Canada.

Intitulée « Rethinking Consumer Risk : Cultural Risk, Collective Risk and the Social Construction of Risk Reduction, l’étude de 69 pages s’appuie sur des interviews effectuées pendant quatre ans auprès de 22 hommes et 8 femmes âgés de 17 à 42 ans et utilisateurs de l’application Hotline Connect. Celle-ci permet à une communauté d’utilisateurs d’échanger des fichiers et des informations, notamment via un système de chat. Bien qu’il se soit limité aux usagers de Hotline, l’auteur estime que ces résultats s’appliquent de la même façon aux utilisateurs de Kazaa, Grokster et autres Morpheus ou BitTorrent.

Insensibles aux menaces« Les téléchargeurs sont généralement moins sensibles aux avertissements sévères, aux poursuites judiciaires et même aux accusations criminelles », écrit Markus Giesler, « et leur entourage agit de même. » Selon l’auteur, le risque de se faire prendre et d’être poursuivi en justice est, dans leur esprit, minimisé par le grand nombre d’utilisateurs compromis dans des échanges illégaux. Le professeur en marketing avance également que, sur la base de ce constat, l’usage illégal du P2P devrait continuer à augmenter. Comme le déclare Michael, l’un des participants à l’étude : « S’ils me coincent, ils devront aussi attraper mes voisins [de réseau] les plus proches, leurs propres voisins et ainsi de suite. Si nous sommes tous pris dans ce réseau, quel est le risque pour nous ? Rassemblons-nous et nous serons débarrassés des risques ! »