Educapital : le pari de Marie-Christine Levet pour une EdTech « souveraine »

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Le fonds Educapital, porté par la Net-entrepreneuse Marie-Christine Levet, démarre avec 45 millions d’euros pour financer les start-up EdTech en Europe.

« Si nous n’investissons pas, le risque est grand que tous les élèves se rendent sur des plates-formes américaines, comme cela a été le cas pour l’e-commerce ou la musique. »

En tenant ces propos début 2015 dans le cadre d’un entretien avec le magazine L’Étudiant, Marie-Christine Levet faisait référence à des sociétés comme Coursera et Khan Academy, nées outre-Atlantique et venues investir le marché français de l’EdTech.

La Net-entrepreneuse pionnière (fondatrice de Lycos, ancienne dirigeante de Club-Internet…) déplorait la frilosité des investisseurs, entre autres du fait d’un secteur très dépendant des commandes publiques, donc des plans gouvernementaux.

Dans ce contexte, et à l’heure où les start-up américaines de l’éducation et de la formation bénéficient du soutien de fonds dédiés tels que Learn Capital, NewSchools Ventures et Rethink Education, elle a lancé sa propre initiative : Educapital.

Cette structure, dont il est question depuis l’an dernier, vient d’officialiser son premier closing, d’un montant de 45 millions d’euros.

Bpifrance y investit dans le cadre du Programme des Investissements d’avenir, aux cotés de plusieurs industriels : Econocom (SSII d’origine belge), IDKIDS (communauté de marques, de parents et d’experts « qui s’engagent à agir pour et avec les enfants »), Bayard… et l’éditeur Hachette Livre (groupe Lagardère), qui voit l’occasion de se rapprocher des pure players du numérique.

La famille Leclercq (Décathlon) est également dans la boucle avec sa structure « Education for the Many ». Xavier Niel s’y trouve aussi, à titre privé.

Une EdTech sous-capitalisée

La SAS qui porte Educapital est immatriculée depuis le mois de juin. Marie-Christine Levet en est présidente. Son associée Litzie Maarek, issue du monde de la finance et de l’investissement (Crédit Agricole, FSI, Bpifrance…), est directrice générale.

Le fonds se donne pour objectif de soutenir, en Europe, une quinzaine d’entreprise de la filière EdTech, de l’amorçage au capital-croissance, avec des tickets de 150 000 à 5 millions d’euros.

Ses domaines d’intérêt couvrent le monde éducatif (enseignement primaire, secondaire et supérieur ; parascolaire et vie étudiante) et professionnel (formation continue, gestion du capital humain…), aussi bien sur la dimension des contenus et des plates-formes que des écoles et des outils technologiques.

Dans une étude publiée l’an dernier, Victor Wacrenier, fondateur d’AppScho et président de l’association ed21 destinée à promouvoir l’innovation dans le secteur, mettait en avant la nécessité d’un fonds dédié, face à un marché EdTech français « dynamique, innovant et attractif, mais encore sous-capitalisé ».

Chiffres à l’appui* (environ 50 millions d’euros en levées de fonds sur la période 2015-2016, contre plus de 2 milliards aux États-Unis), il appelait par ailleurs à une ouverture, une collaboration à l’international et à la création d’une stratégie de transformation numérique pour les établissements.

Du côté d’Educapital, on se donne 18 mois pour réunir les acteurs institutionnels (banques, assurances) et atteindre les 50 millions d’euros avec, en ligne de mire, 3 000 entreprises innovantes en Europe.

* Autre statistique : sur 180 start-up analysées en France, 19 % ont levé des fonds. En considérant qu’il en existe jusqu’à 350, le ratio global pourrait être ramené à 10 %.

Crédit photo : diane horvath via Visualhunt.com / CC BY

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