Emploi IT : le mythe Google a la vie dure

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Les sociétés high-tech américaines rivalisent d’avantages sociaux pour attirer les talents. Des initiatives qui mettent en lumière les failles du système américain.

La généralisation du télétravail chez Google, la durée des congés parentaux allongée de 8 à 16 semaines chez Yahoo, la pression de Microsoft sur ses sous-traitants afin qu’ils accordent à leur personnel davantage de jours d’absence maladie… Les entreprises high-tech américaines rivalisent de mesures sociales pour améliorer leur image de marque et la productivité des salariés, tout en attirant les talents.

Netflix est le dernier en date à s’être manifesté sur cette problématique des conditions de travail. La plate-forme de vidéo à la demande a annoncé, ce mercredi, la mise en place de congés « aménageables » à destinations des jeunes mères et pères.

Ces derniers pourront prendre autant de temps qu’ils souhaiteront dans l’année suivant la naissance ou l’adoption d’un enfant. Ils toucheront dans tous les cas leur rémunération habituelle.

Pour Netflix, « l’expérience montre que les gens travaillent mieux lorsqu’ils ne s’inquiètent pas pour leur vie personnelle ».

C’est dans cette même logique que Microsoft a décidé de modifier sa propre politique sur les congés parentaux. A l’heure actuelle, sur les 12 semaines accordées (20 pour les mères), 8 sont payées. A partir du mois de novembre, elles seront toutes rémunérées et pourront être prises d’une traite ou par intermittence. Les salariées pour lesquelles l’accouchement approche auront aussi la possibilité de s’absenter jusqu’à deux semaines.

Des entreprises vraiment « cool » ?

Favorablement accueillies, ces mesures n’éclipsent pas le débat montant aux États-Unis sur les difficultés des travailleurs et de leurs familles.

Il n’existe par exemple aucune réglementation nationale sur les congés payés. Dans l’absolu, ce sont les entreprises qui décident individuellement des avantages sociaux qu’elles accordent à leur personnel. Un phénomène illustré dans une étude du BLS (Bureau of Labor Statistics) : 26 % des travailleurs du secteur privé n’ont pas de congés payés. Ils étaient moins de 20 % dans les années 1990.

Le droit américain présente également des failles en matière d’arrêt maladie : 39 % des salariés du privé – soit 43,5 millions d’Américains – n’y ont pas accès, selon le Washington Post. Dans un discours en début d’année, Barack Obama a proposé qu’un capital de 7 jours par an soit institué.

Le président des États-Unis avait aussi appelé, l’année passée, à l’adoption, par les agences gouvernementales, de pratiques plus flexibles pour permettre aux parents de trouver l’équilibre entre vies familiale et professionnelle.

Plus de 2 milliards de dollars devraient d’ailleurs être réservés au budget 2016 pour encourager le développement d’un cadre législatif assorti de programmes, à l’heure où seulement 12 % des travailleurs du privé bénéficient de congés parentaux (étude du département du Travail).

Quelques États (Californie, Connecticut, Massachusetts, New Jersey, Rhode Island) et certaines villes ont esquissé, voire voté des lois sur ce point ainsi que sur les congés maladie.

Reste la question des salaires : le minimum fédéral est fixé à 7,25 dollars de l’heure (6,64 euros). Des manifs ont eu lieu au printemps dans plus de 200 villes des États-Unis pour réclamer des revalorisations. McDonald’s a pris l’initiative en portant à 10 dollars le salaire minimum… mais uniquement dans ses restaurants gérés en direct (sachant que 95 % sont franchisés).


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