En 2003, l’Internet français a fait sa révolution de velours

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Nombre d’internautes, durée de connexion, multiplication des usages… Internet s’est installé comme un média à part entière dans la vie quotidienne des Français.

2003 aura été l’année où le seuil symbolique des 20 millions d’internautes a été franchi en France, pour atteindre plus de 21,7 millions d’usagers du Net de 11 ans et plus, soit 42,6 % de la population française. C’est ce qui ressort notamment de l’étude annuelle que Médiamétrie vient de rendre publique. On s’aperçoit qu’Internet, à l’instar des autres médias, connaît un usage intensif en semaine et un ralentissement le week-end et pendant la période des grandes vacances. C’est également un média interactif intimement lié à l’actualité : les différents événements de la guerre en Irak (début des bombardements, chute de Bagdad, capture de Saddam Hussein) ont provoqué des pics de fréquentation qui peuvent atteindre une hausse de 80 % des pages vues.

« En 2003, Internet fait sa révolution de velours », commente François-Xavier Hussherr, directeur du département Internet et nouveaux médias. Selon lui, après la folie générée par la bulle spéculative de la fin des années 90 précédant une crise qui a laminé nombre de start-up, Internet repart aujourd’hui sur des bases saines, notamment en France. Le nombre d’internautes, qui a augmenté de 21 % par rapport à 2002, n’est pas le seul facteur rassurant. L’équipement des ménages en micro-informatique et les usages qui en sont faits tendent à installer le réseau mondial comme un média à part entière dans la vie quotidienne des Français. La reprise des introductions en bourse, celles d’Iliad (maison mère de Free) et de Kelkoo (prévue pour septembre) notamment, apparaissent comme des signes révélateurs de la reprise de cette industrie.

Le haut débit, facteur de croissance

Outre l’équipement des ménages ? 42,7 % des foyers étaient équipés d’un ordinateur au quatrième trimestre 2003 contre moins de 39 % un an auparavant ? c’est le haut débit qui tire la croissance. Plus de 32 % des foyers connectés disposent d’une connexion de type câble ou ADSL, une progression de 10 points environ sur un an. La guerre des prix et des services que se livrent les fournisseurs d’accès, grâce notamment au dégroupage, a évidemment stimulé cette progression. Résultat : 30 % des primo-accédants choisissent directement un accès haut débit. Celui-ci n’est pas simplement un pourvoyeur de croissance, il stimule également les usages. Ainsi, toujours selon l’institut de mesure d’audience, « dans les ménages connectés en haut débit, une plus grande part des membres du foyers surfe sur Internet ». Un phénomène probablement favorisé par l’essor des réseaux locaux au sein des foyers, qui exploitent ainsi pleinement leur connexion haut débit.

Le haut débit allonge également le temps passé en ligne et le nombre de sites visités. Sur le mois de juin 2003, les internautes disposant du câble ou de l’ADSL ont surfé 17 h et 5 min contre 5 h et 53 min pour les accès bas débit. Globalement, haut et bas débit confondus, le nombre de sites visités par mois et par personne a crû de 18 % en un an, passant de 56 à 66, tandis que le nombre de pages vues est passé de 851 à 1 009. Et le temps passé en ligne a augmenté de 30 % de 10 h et 50 min à 14 h et 6 min.

Commerce en ligne : la confiance s’installe

Et à quoi est utilisé tout ce temps ? A s’informer, certes, mais aussi à consommer. En 2003, 7,4 millions d’internautes ont acheté en ligne, soit 36 % des internautes, une progression de 48 % par rapport aux 5 millions de 2002. « Le verrou de la fraude à la carte bancaire a sauté », estime François-Xavier Hussherr. En toute logique, le nombre d’internautes confiants dans le commerce en ligne augmente : il passe d’environ 25 % en 2002 à 46 % en 2003. Les cybermarchands peuvent donc regarder l’avenir avec sérénité. Les internautes se tournent aussi vers d’autres services que le Web : le courrier électronique, le peer-to-peer (P2P) et les téléchargements divers, le streaming vidéo et audio, la messagerie instantanée, les jeux en réseau, etc., génèrent à eux seuls plus de 27,5 h de connexion par mois et par internaute, contre un peu plus de 14 h pour le Web exclusivement.

En surfant plus longtemps, en visitant plus de sites et en multipliant leurs usages, les internautes font désormais preuve d’une certaine maturité. « Il semble qu’il y ait une courbe d’apprentissage du Net », analyse le directeur des nouveaux médias. L’Internet français devrait connaître une croissance continue pour encore quelques années.