En 2008, un PC sur dix sera sous Linux selon HP

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Leader sur le marché des serveurs sous Linux, HP s’attaque aujourd’hui aux postes de travail.

A la veille du « Linux and open source for the real world », une journée de rencontres avec ses clients qui se déroule mardi 11 octobre au Palais des Congrès à Paris, HP a souhaité faire le point sur le marché de Linux dans le monde et plus particulièrement en France. Un marché en pleine progression : selon le constructeur américain, qui s’appuie sur une étude IDC, le marché français enregistre environ 10 000 ventes de plates-formes sous Linux par trimestre. Dont 4 500 serveurs HP Proliant en vente directe et indirecte auprès des grands comptes et des PME/PMI, avec une dynamique particulière du côté de l’administration et des opérateurs de télécommunications. HP revendique d’ailleurs la première place en tant que distributeur de serveurs sous Linux depuis six ans, devant IBM et Dell principalement.

Une place qui ne doit rien au hasard. HP a investi depuis longtemps la plate-forme open source à travers des partenariats et une politique volontariste pour promouvoir le logiciel libre, avec pour principal objectif de « fournir le plus de choix possible à nos clients à travers un portfolio impartial », rappelle Daniel Gilfix, responsable marketing au niveau mondial. Selon lui, toutes les applications professionnelles des environnements Unix et Windows (CRM, bases de données, gestion…) sont aujourd’hui disponibles sous Linux. Le constructeur s’appuie essentiellement sur Red Hat et Novell/SuSE pour servir le marché mondial, et sur Mandriva pour la France et les pays francophones.

Linux fait jeu égal avec Windows et Unix

HP s’est par ailleurs lancé dans un programme de certification de ses solutions open source (matériel, OS et applications) et s’investit intensivement dans la sécurité à travers le Critère Commun (Common Criteria, un ensemble de normes de sécurité internationalement approuvées) et des développements spécifiques. Environ 2 500 programmeurs maison se consacrent au développement sous Linux, selon le constructeur qui est aujourd’hui en mesure de fournir 150 applications open source intégrées à la solution matérielle dans le cadre de son offre Factory Express qui vise à simplifier le travail des responsables informatiques. Enfin, le support du monde open source est assuré à travers 6 500 partenaires HP Services dédiés à Linux.

« Depuis deux à trois ans chez HP, Linux fait jeu égal avec Windows et Unix », soutient Jean-Marie Verdun, responsable des activités Linux chez HP France, « le plus gros des migrations venant des mainframes. » Selon le responsable, Linux a pénétré tous les secteurs de l’entreprise, avec une orientation prononcée pour les infrastructures et une montée en puissance du back-office. A l’exception notable des centres de données. « La crainte d’aller dans les data centers est purement psychologique », estime Jean-Marie Verdun, « en tant que constructeur, nous sommes prêts. » Mais les esprits évoluent. « En 2005, la question que se posent les entreprises porte de moins en moins sur l’intérêt de Linux mais plutôt sur la manière de migrer sans interruption de service », ajoute le responsable français. Une problématique à laquelle HP travaille activement.

30 % des postes sous Linux

Et la réponse pourrait venir des postes de travail. HP est persuadé que le marché Linux est porté par les utilisateurs, tant professionnels que résidentiels. Une conviction basée notamment sur l’observation des marchés des pays émergents (Chine, Inde, Afrique, Amérique du sud) où, selon HP, 30 % des postes de travail sont sous Linux contre 3 % dans le monde occidental. Un phénomène qui s’explique notamment par les conditions économiques des zones en question. « Leur équipement informatique correspond à celui de la France il y a cinq ans environ », affirme Jean-Marie Verdun. Des configurations vieillissantes sur lesquelles Linux tourne très bien, grâce notamment aux drivers adéquats.

D’où l’intérêt de passer des partenariats avec des éditeurs afin de pouvoir certifier les plates-formes Linux que HP veut commercialiser. En France, ce partenariat passe par Mandriva qui, avec 42 % du marché des machines sous Linux, s’arroge la plus grosse part du marché loin devant Red Hat (21 %). Neuf mois après l’inauguration de son partenariat avec l’éditeur Mandriva (ex-Mandrakesoft, voir édition du 31 janvier 2005), HP profite de la disponibilité prochaine de la distribution Mandriva Linux 2006 pour annoncer qu’il proposera, d’ici la fin de l’année, trois nouvelles machines de bureau sous Linux. Elles viendront compléter la gamme de portables sous Mandriva présentée ces derniers mois (voir notamment édition du 29 juillet 2005) et qui devrait s’enrichir au fil des mois.

De gros projets open source

Au final, HP estime que la part des postes de travail sous Linux devrait passer de 3 % en 2005 à 10 % en 2008, avec une répartition égale entre les portables et les PC de bureau. Il reste cependant un obstacle majeur à franchir : parvenir à une offre de jeux vidéo concurrente à celle de Windows. L’arrivée de la Playstation 3 de Sony en 2006 devrait donner un coup de fouet au développement des jeux sous Linux. Bien que propriétaire, l’environnement qui équipera la PS3 sera en effet une solution Linux. D’autre part, les éditeurs de jeux ne devraient pas rester indifférents à un marché asiatique (notamment chinois) tourné vers des solutions Linux maison (RedFlag, TurboLinux, AsiaLinux…). Enfin, plus généralement, les pays occidentaux et les marchés émergents devront trouver un environnement d’entente pour assurer une meilleure communication. Linux pourrait constituer cet environnement commun.

L’Europe en général, et la France en particulier, pourrait montrer l’exemple. « En France, nous avons identifié de gros projets open source qui nous laissent penser que le marché est mûr pour Linux », avance Jean-Marie Verdun. Cela concerne de gros industriels, dont le responsable de HP préfère taire les noms. En revanche, il confirme une commande de 60 000 postes clients sous Mandriva de la part du ministère de l’Equipement.