En 2011, la musique en ligne pèsera près de 4 milliards d’euros

Mobilité

Le développement du marché de la musique légale en ligne compensera largement la baisse inévitable de celui de la musique physique.

En 2011, les mélomanes européens téléchargeront pour près de 4 milliards d’euros de musique en ligne. Le marché de la musique en ligne, Internet et téléphones mobiles, représentera alors 36 % du chiffre d’affaires de l’industrie musicale européenne. Pour établir son rapport, Forrester Research s’est appuyé sur les données de IFPI (Fédération internationale de l’industrie phonographique), du BPI (British Phonographic Institute) qu’il a croisé avec sa propre étude intitulée Consumer Technographics European Study. Cette étude compile les réponses de plus de 19 000 Français, Allemands, Italiens, Espagnols et Anglais, sur leurs habitudes de consommation de musique téléchargée légalement.

D’ici 5 ans, donc, la musique en ligne (hors sonneries musicales) comptera pour plus d’un tiers du marché musical européen passant de 2 % en 2006 à 36 % en 2011. Soit 4 milliards d’euros. De quoi compenser la baisse estimée à plus de 2 milliards d’euros des ventes de supports physique (CD et DVD essentiellement). Selon le cabinet d’études, le marché physique devrait passer de 9,1 à 7 milliards d’euros entre 2006 et 2011. L’ensemble (musique en ligne et « physique ») devrait avoisiner les 11 milliards d’euros. Un chiffre comparable aux résultats de 2004 qui, selon les données du SNEP (Syndicat national des éditeurs phonographiques), s’élevait à 11,76 milliards d’euros.

Le développement de la musique en ligne n’augmenterait donc pas les revenus de l’industrie musicale. Et elle sera encore loin d’avoir détrôné les ventes physiques. Encore faudra-t-il que les conditions optimales de consommation soient réunies. Il faudra que « les fournisseurs se [soient] préparés à satisfaire la demande des consommateurs pour des services flexibles et simples à utiliser et qu’ils sauront proposer une tarification concurrentielle », souligne Rebecca Jennings, analyste senior des marchés de consommation chez Forrester Research.

Les DRM contre le développement du marché

L’absence d’interopérabilité et de standardisation des formats musicaux restent un frein à l’industrialisation de la musique en ligne selon le cabinet. La surprotection des titres et le manque de flexibilité de leur diffusion aussi. « La portabilité et la flexibilité des titres téléchargés demeurent des facteurs essentiels et les consommateurs risquent de se détourner des fournisseurs qui en limitent l’utilisation via des systèmes de protection excessivement pointilleux », note le rapport.

Si la France montre l’exemple en voulant imposer l’interopérabilité à travers la loi sur le droit d’auteur et droits voisins dans la société de l’information (DADVSI, voir notre dossier), elle encourage parallèlement l’usage des techniques de protection desdits fichiers musicaux. De plus, l’interopérabilité est totalement rejetée par Apple, l’acteur dominant du marché de la musique téléchargée (voir édition du 22 mars 2006).

Le cabinet d’étude n’en reste pas moins optimiste. « La croissance annuelle moyenne des téléchargements musicaux va être de 74 %, ceux sur PC dominant largement ceux sur mobiles », souligne Rebecca Jennings. Alors que les PC et téléphones mobiles se partagent à peu près équitablement le marché du téléchargement aujourd’hui, le marché de la téléphonie mobile ne vont cesser de décliner, toujours selon le cabinet d’études.

Le téléphone mobile en déclin

Sur les 3,9 milliards d’euros attendus en 2011 sur le marché des téléchargements, celui des téléphones mobiles ne représentera que 700 millions d’euros. « Des problèmes tels qu’une ergonomie médiocre, des prix excessifs, un manque de flexibilité et une utilisation restreinte des capacités de leurs mobiles de la part des consommateurs contribueront pendant de longues années à limiter les téléchargements titres entiers sur les téléphones mobiles », suggère l’analyste.

Enfin, on ne vendra pas de la musique en ligne comme en magasin. Il faudra notamment compter sur l’effet bouche-à-oreille électronique et les phénomènes de communautés en réseau. « Les fournisseurs de services de musique doivent prendre en compte le phénomène de « social computing » – où les utilisateurs font suivre à leurs amis des titres par courrier électronique et créent des « buzz » autour de nouveaux singles », souligne le rapport. Cela passera notamment par de l’assistance en ligne, du conseil et, surtout, par des systèmes de téléchargements simples et à coûts réduits. « Il s’agira en grande partie d’une permutation directe, particulièrement chez les jeunes consommateurs, et d’un changement dans leur façon de consommer de la musique, qui s’orientera davantage sur les singles que sur les albums », conclut l’analyste.