Era Erikson (F-Secure) : « La fin de la ressource IPv4 cache d’importants enjeux économiques »

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Pour F-Secure, la pénurie annoncée d’adresses IPv4 doit prendre en compte rapidement les possibles dérives, à commencer par l’arrivée d’un marché secondaire dédié à la revente de blocs d’adresses.

Toutes les adresses IPv4 seront allouées d’ici mars 2011. C’est quasi-certain. la fin de la ressource cache d’autres enjeux. Lesquels ?

Era Erikson, Senior Researcher qui collabore avec l’éditeur finlandais de solutions de sécurité F-secure, a récemment publié une contribution blog en anglais sur le sujet [ puis traduite en français, ndlr].

L’experte en sécurité IT considère que les répercussions seront avant tout économiques.

Elle évoque une pénurie de blocs pouvant potentiellement bloquer l’émergence de nouveaux acteurs, usages ou services.

A moins que l’adoption du protocole IPv6 ne décolle enfin…(Interview réalisée par e-mail avec réponses écrites d’Era Erikson reçues en anglais le 30/12/2010)

ITespresso.fr : Que doit-on craindre si la pénurie d’adresses IPv4 survient ?
Era Erikson : Comme je l’ai écrit sur le blog, la diminution d’espace non alloués est une petite partie d’un problème à plus long terme. Je ne pense pas que la disparition de l’IPv4 soit violente ou problématique, mais la transition vers l’IPv6 a besoin d’être alimentée d’une façon ou d’une autre. Il s’agit d’une technologie qui fonctionne et qui est mature. Mais personne ne semble vouloir investir dans les infrastructures requises dans la perspective d’un réel décollage. Si rien ne se passe sur ce plan, nous pourrions peut-être nous trouver dans une situation dramatique. Mais c’est assez spéculatif et je ne pense pas que nous ayons besoin d’avoir peur pour le moment.

ITespresso.fr : On évoque l’émergence d’un « marché noir » de l’adressage IP car des blocs d’IPv4 seraient peu utilisés. Qu’en pensez-vous ?
Era Erikson : Je ne vois pas de raisons qui tendent à un marché illégal en soi, juste une opportunité pour un marché secondaire. Les entreprises comme Xerox ou Ford ont acquis un nombre significatif de blocs d’adresses lorsque le réseau mondial était encore très récent, et ils ne les utilisent probablement pas tous, et probablement même pas une partie significative. Il serait donc logique pour eux d’en vendre une partie, ou plus probablement, de créer une société dérivée dans le domaine des télécoms (FAI, opérateur, Registre Internet Régional), pour gérer la monétisation de ces actifs. Mais le coût des adresses risque probablement d’augmenter avant cela. Des organisations comme le Massachusetts Institute of Technology (MIT) ou le constructeur automobile Ford ont la plupart du temps des réseaux internes sur lesquels une part substantielle de leurs blocs est partiellement utilisée. En d’autres termes, ils peuvent avoir des blocs entiers de 254 ou 65 000 adresses qui sont réservées simplement parce que quelques adresses de ces blocs sont utilisées. Il ne leur a jamais semblé important d’utiliser leurs espaces d’adresses en petite quantité, et, de ce fait, leurs réseaux vont avoir besoin d’une restructuration significative avant qu’ils puissent s’en séparer. Comme l’a remarqué l’un des commentateurs sur le blog F-Secure, il serait logique de se jeter à l’eau et de passer à l’IPv6 en même temps, ce qui pourrait évidement réduire en même temps la valeur de leurs adresses IPv4.

(lire la fin de l’interview page 2)

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