Facebook ne veut plus voir de publicités pour les crypto-monnaies

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Invoquant de nombreuses fraudes, Facebook interdit la diffusion d’annonces publicitaires relatives aux crypto-monnaies et aux opérations associées.

Il y a du nouveau dans les règles publicitaires de Facebook, rubrique « Contenus interdits ».

La liste, qui comprend notamment le marketing multiniveau, les prêts sur salaires et les ventes aux enchères inversées, s’est allongée avec une politique – non encore traduite en français – sur les produits et services financiers.

Ceux « communément associés à des pratiques trompeuses » ne pourront faire l’objet d’une annonce promotionnelle sur le réseau social. Pas plus sur Instagram, ainsi que sur l’ensemble des sites et applications affiliés à l’Audience Network.

Facebook fait entrer trois éléments dans cette catégorie : les options binaires, les crypto-monnaies et les ICO (levées de fonds destinées à financer des registres et des applications décentralisés).

Aucune exception n’est faite pour l’heure, « le temps d’apprendre à mieux détecter les publicités trompeuses ».

Escroqueries sur blockchain

En toile de fond, des arnaques aux ICO, tantôt suspectées, tantôt avérées.

Les autorités interviennent parfois en amont, à l’image de la Securities and Exchange Commission.

Le régulateur des marchés financiers aux États-Unis a déjà coupé court à plusieurs opérations, dont une première en fin d’année dernière.

Il a obtenu le gel des avoirs de cette société qui promet de développer « la prochaine crypto-monnaie », sur base Ethereum avec une galaxie de services bancaires… et qui se défend de toute fraude.

Certains scams passent à travers les mailles du filet. On l’aura constaté cette semaine avec Prodeum, qui disait vouloir exploiter une blockchain pour mettre en place un système de traçabilité des denrées alimentaires.

L’objectif de financement était fixé à 5 400 ethers, soit près de 6 millions de dollars au taux de change actuel. Le projet était décrit dans un livre blanc aux allures professionnelles et semblait porté par une équipe expérimentée.

Le site Internet a subitement disparu, ne laissant qu’une page d’accueil avec le mot « pénis ».

Dans l’absolu, l’arnaque a fait pschitt, moins d’une cinquantaine de transactions ayant été enregistrées, pour un montant ne dépassant pas 2 ethers.

L’énigme Bitfinex

L’enjeu est tout autre avec des acteurs comme Bitfinex, scruté par la Commodity Futures Trading Commission.

L’agence fédérale américaine chargée de la régulation des bourses de commerce enquête à la fois sur la plate-forme mondiale d’échange de crypto-monnaies et sur la société Tether, à l’origine d’un altcoin valorisé à plus de 2 milliards de dollars.

Les deux entités sont dirigées par le dénommé Jan Ludovicus van der Velde et comptent, dans leur top management, Phil Potter, dont le nom apparaît dans les Paradise Papers.

Le cas Tether inquiète de par l’absence de preuve de constitution d’un fonds de garantie pour la crypto-monnaie. Tout au plus trouve-t-on trace d’un document du 15 septembre 2017 signé du cabinet comptable Friedman LLP et attestant d’une réserve bancaire d’environ 445 millions de dollars (la valeur globale des tethers en circulation avoisinait alors les 420 millions de dollars).

Des marqueurs de professionnalisation

C’est dans ce contexte qu’on voit émerger des sites Internet évaluant les ICO.

En France, on relèvera l’initiative d’Exaegis. En liens avec le cabinet de conseil Chaineum, l’agence de notation des entreprises du numérique a adapté son processus en examinant les spécificités des blockchains associées aux projets : niveau de désintermédiation, rapidité et sécurité des transactions, stabilité et immutabilité du jeton, etc.

Toujours dans l’Hexagone, la cellule de renseignement Tracfin, rattachée au ministère de l’Économie et des Finances, a émis une alerte. Sans employer le terme « ICO », elle a attiré l’attention sur des opérations de financement frauduleuses portant sur des « blockchains fictives ».

Au niveau européen, le régulateur des marchés financiers a mis l’accent sur les risques technologiques, en l’objet des failles que peuvent présenter les registres sur lesquels s’appuient les ICO.

Photo via Visualhunt

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