Fax sur Internet : Uunet revoit sa copie

Mobilité

Le fournisseur d’accès Uunet n’est pas parvenu à lancer son service mondial de fax en 1998 comme souhaité. Remis en cause par la concurrence, le projet aura au moins un an de retard.

Annoncé en fanfare à l’échelle de la planète en juillet 97, le service Uufax était censé offrir une alternative bon marché aux réseaux de téléphonie vocale traditionnelle pour l’envoi de fax professionnels avec une économie estimée entre 35 et 55%. Aujourd’hui, on est très loin de ce cahier des charges. Le service est toujours en version bêta aux Etats-Unis et son lancement en Europe a été repoussé sine die. Le projet prévoyait pourtant l’installation de serveurs de fax sur près de 100 sites répartis un peu partout dans le monde, ce qui aurait permis aux clients professionnels d’Uunet d’envoyer des fax directement depuis leur réseau IP vers n’importe quelle ligne téléphonique dans le monde. Les messages auraient ainsi pu être reçus sur un fax classique ou un compte de messagerie Internet.

Selon Jean-Louis Seguineau, directeur d’études pour le Meta Group, le fax sur IP décolle lentement parce que les produits proposés n’offrent pas les économies promises. « Installer et assurer la maintenance de passerelles coûte de l’argent. Avec des appels gratuits ou vraiment pas chers cela n’a pas de sens », explique-t-il. D’après un porte-parole anglais d’Uunet, la société a surtout dû faire face à des difficultés techniques. Il explique que certaines fonctions comme le contrôle et le suivi des envois de fax au niveau administrateur « ont rencontré de sérieux problèmes » et Uunet n’a pas réussi à satisfaire les exigences des responsables réseau qui gèrent des installations très hétérogènes.

Seguinau pense aussi que les promoteurs du fax sur IP devront convaincre leurs clients de changer leur manière d’utiliser la télécopie pour que décolle la nouvelle technologie. « Le fax sur IP est plus difficile à utiliser qu’un fax standard qui est un standard répandu et bien maîtrisé. » Il souligne d’ailleurs le fait qu’à la différence d’un fax traditionnel, un fax envoyé sur Internet ne retourne pas immédiatement de confirmation de bonne réception. Il craint que des sociétés comme Uunet n’arrive trop tard sur ce marché car « les services d’envoi de fax sur Internet vont bientôt être concurrencés par des télécopieurs compatibles IP qui seront capables d’envoyer des messages directement sur Internet. » Les premiers modèles doivent arriver dans le courant de l’année.

Autre inconvénient, il n’y a pas encore de standard reconnu pour la télécopie IP. Uunet utilise un procédé de stockage puis de reroutage tandis que certaines sociétés comme l’israélien CMR Communication ont mis au point des solutions temps réel. Seguinau estime que le premier standard pour la mise en place de passerelle avec stockage et reroutage sera disponible dans le courant de l’année tandis qu’il faudra au moins deux ans pour que les industriels s’entendent sur une norme pour le fax IP temps réel.