FnacMusic entre enfin dans la compétition

Mobilité

Le nouveau service de vente de musique en ligne de la Fnac se démarque de ses concurrents par une meilleure qualité d’encodage. L’enseigne du groupe PPR appelle à l’ouverture des droits numériques pour accompagner l’éclosion du marché.

L’une des plates-formes de vente de musique en ligne les plus attendues de la rentrée ouvrira ses portes le samedi 18 septembre 2004. Avec près de trois mois de retard sur la date initialement annoncée, FnacMusic.com mettra 300 000 titres musicaux à disposition des internautes dans un premier temps. Le catalogue en ligne devrait doubler en volume avant la fin de l’année et, à terme, proposer plus d’un million de titres.

Les morceaux seront commercialisés 0,99 euro l’unité et 9,99 euros l’album. Des pack prépayés, de 10, 20 et 30 titres, proposeront des tarifs dégressifs. Soit un titre gratuit pour le pack de 20 chansons et 3 pour le pack de 30 (ou 0,90 euro le titre). Si les packs permettent de réaliser de menues économies, ils poussent à la consommation puisqu’ils devront être consommés dans les 6 mois suivant leur commande. Des cartes prépayées feront prochainement leur apparition dans les magasins Fnac. Elles sont destinées aux internautes qui ne souhaitent pas régler leur commande par carte bancaire. Par ailleurs, 7 gravures sur CD audio et 5 transferts vers les baladeurs seront autorisés.

Globalement, l’offre de la Fnac (qui a fait le choix d’un site en ligne et non d’un module à installer comme l’iTunes Music Store par exemple) ne se distingue pas particulièrement des offres concurrentes en France. Certes, FnacMusic affiche une unité tarifaire que ne propose pas toujours la concurrence. Mais les tarifs, les droits d’utilisation et les fonctions proposées (recherche par genre ou multicritère, extraits de 30 secondes, création de listes thématiques, gestion du compte client…) restent relativement similaires à celles de VirginMega, e-Compil ou les plates-formes alimentées par OD2 (Tiscali Music, MSN Music…).

Pour atteindre son objectif de « devenir le premier site de téléchargement en France », selon Christophe Cuvilier, le directeur général, la Fnac joue la carte de la cohésion avec les magasins physiques. Le site s’est d’ailleurs construit avec la participation des 900 disquaires de la société. Et une centaine d’entre eux continueront de l’alimenter quotidiennement de leurs connaissances, coups de coeur et autres découvertes. D’ailleurs, une entrée vers le téléchargement en ligne sera proposée à partir du site Fnac.com.

Pour se mettre en avant, FnacMusic compte également sur la mise en ligne d’avant-premières, de titres qui ne sont plus distribués physiquement ainsi que sur les inédits. Vincent Delerme inaugure le principe (et le site) en offrant 7 titres inédits aux cyber-clients.

Fichiers encodés à 192 Kbit/s

L’exigence de qualité affichée par la Fnac passe aussi par le choix du format et son taux de compression. Si le WMA de Microsoft a été sélectionné pour des raisons de plus large compatibilité (les utilisateurs de Macintosh sont donc exclus de l’offre) et de solution de gestion des droits numériques, le taux d’encodage s’élève à 192 Kbit/s alors que la concurrence se limite à 128 Kbit/s. Certes, les fichiers s’en trouvent alourdis de 30 % mais, selon Christophe Cuvillier, « c’est le meilleur compromis en termes de qualité, surtout pour ceux qui gravent leurs téléchargements ».

Au cours de la conférence de presse Jeudi matin, le manager a insisté sur l’importance de l’interopérabilité. Autrement dit, la possibilité de pouvoir écouter les titres achetés en ligne sur n’importe quel appareil de lecture musicale. Le dirigeant fait notamment référence, sans les citer, aux baladeurs d’Apple et de Sony qui, outre le MP3, ne lisent que leurs formats propriétaires à savoir respectivement l’AAC et l’Attrac.

Fort d’un discours de défense des consommateurs, FnacMusic n’hésite pas à dévoiler une astuce que tout internaute mélomane averti connaît depuis longtemps. A savoir graver un CD des titres achetés pour les ré-encoder en MP3 avant de les transférer sur un baladeur numérique MP3 mais qui ne lit pas le WMA. C’est principalement l’iPod qui est visé. Un discours qui, une fois la directive européenne EUCD sur les droits numériques transposée en loi française (prévue pour le second semestre 2004), pourrait être jugé illégal. L’EUCD prévoit en effet de pénaliser les communications sur les moyens de contourner les protections informatiques.

Trop de protections pénalisent les ventes

Le discours au ton libertaire vise également les grandes maisons de disque, à qui les responsables de FnacMusic reprochent d’aller à l’encontre du bon sens commercial en imposant au distributeur le plus fort le niveau de protection. « Si elles ont raison légalement de protéger les oeuvres des artistes, elles ont tort commercialement car la protection maximale interdit l’interopérabilité des fichiers, ce qui se révèle un handicap pour la vente », prévient le directeur général qui insiste cependant sur le principe de rémunération des artistes. « Le piratage ne vient pas des titres achetés en ligne mais bien des CD physiques », estime Christophe Cuvillier.

En 2003, seulement 3 % des foyers français disposaient d’un baladeur numérique (contre 42 % qui possède un ordinateur) mais l’enjeu devient important. Les ventes de lecteurs numériques devraient se multiplier par 3 en 2004. La Fnac estampillera d’ailleurs d’un logo « compatible FnacMusic » les baladeurs vendus en magasin.

Du coup, les dirigeants du groupe poursuivent leurs négociations avec les maisons de disque pour qu’elles acceptent d’ouvrir les droits d’utilisation de leurs catalogues. Une des conditions indispensables, selon la Fnac, pour développer le marché de la musique en ligne. Selon diverses études, celui-ci devrait représenter 8 à 10 % du marché global de la musique à l’horizon 2009.