Focus blockchain : comment la France s’imprègne du « registre décentralisé »

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La blockchain monte en puissance en France. Le « registre décentralisé » fait tourner la tête de la planète FinTech et au-delà.

Blockchain. Entre expériences immersives, initiatives corporate et perspectives de marché.

C’est une tendance incontournable dans le secteur IT en ce début 2016. Déjà esquissée en fin d’année dernière, elle devient vraiment perceptible en France.

« Un sujet crucial » retenu comme « méga-trend » par le World Economic Forum, qui organise chaque année le Forum Davos en Suisse (20-23 janvier prochain).

Déjà à la précédente édition du rendez-vous des grands de ce monde, la monnaie virtuelle bitcoin et le « registre décentralisé » blockchain étaient perçus comme des outils qui allaient « probablement révolutionner la monnaie ».

Le bitcoin pourrait se contenter de cette objectif mais on attribue à la blockchain des ambitions plus gargantuesques : au-delà d’une innovation de rupture censée secouer le monde de la finance, c’est l’ensemble des systèmes d’intermédiation et de transactions qui seraient potentiellement affectés.

Il suffit de lire la prose de l’association Blockchain France : « C’est en réalité une multitude de domaines qui peuvent être impactés et qui parlent à chacun d’entre nous : les données médicales, les élections et référendums en ligne, les brevets industriels, les titres fonciers, les objets connectés… », expliquent les animateurs dans une contribution d’octobre 2015 à lire absolument pour se mettre dans le bain (via Medium).

L’appel final est stimulant : « La France a raté le virage de la révolution Internet, secteur aujourd’hui dominé par les Etats-Unis. Ne ratons pas celui de la révolution blockchain. »

Hier soir (jeudi 14 janvier), l’association Blockchain France a monté dans une salle comble un évènement spécial blockchain dans les locaux parisiens de ESCP Europe « sous le haut patronage du Ministère de l’Economie, de l’Industrie et du Numérique ».

ITespresso.fr n’a pu couvrir l’évènement et, honnêtement, on le regrette car c’était vraiment « The place to be » hier soir.
Alors on se contente de suivre le fil Twitter lié à l’évènement pour avoir un aperçu des interventions successives.

Gilles Babinet, Net-entrepreneur et European Digital Champion qui représente la France auprès de la Commission européenne, a introduit la soirée thématique.

Les débats ont tourné sur des sujets comme : « Vers la fin des banques ? La blockchain pour ubériser la finance » (avec la participation de Philippe Herlin, spécialiste des monnaies virtuelles, économiste et auteur de « La fin des banques? » ou David François, CTO de Paymium) ou « Créer de la valeur avec la blockchain : quels business models ? » (avec Nicolas Loubet, co-fondateur de Cellabz qui développe le concept de smart contracts) et une vision sous l’angle « Décentralisation et coopération : un nouveau paradigme de société » (avec François Dorléans, co-fondateur et COO de Stratumn).

 

Le potentiel de la blockchain : vers l’infini et au-delà

Comment définir la blockchain ?

L’association organisatrice fournit des pistes : « Cette technologie révolutionnaire de stockage numérique et de transmission d’informations s’appuie sur un réseau décentralisé pour s’assurer de la fiabilité de ses transactions. Créatrice de confiance, la blockchain promet une désintermédiation de tous les secteurs, annonçant ainsi la deuxième génération de plateformes d’économie collaborative. »

Signes particuliers de ce livre de compte (registre) contenant la liste de tous les échanges effectués entre les utilisateurs de cette blockchain depuis sa création :
– il est décentralisé (c’est-à-dire stocké sur les serveurs de ses utilisateurs);
–  il fonctionne sans intermédiaire (éliminant donc les frais d’infrastructure) et susceptible de fournir « un historique infalsifiable des échanges ».
– « Impossible de hacker ou manipuler ce registre grâce à un processus transparent », assurent ces promoteurs.

Tout est à explorer ou à redéfinir sous l’angle blockchain : usages multi-sectoriels (à commencer par la banque et la finance), nouveaux business models voire « enjeu citoyen, démocratique et de souveraineté ».

Bigre.

France : même la CDC se met à la blockchain

En France, le sujet de la blockchain monte en puissance dans les start-up positionnées dans le segment FinTech. Mais il commence aussi à titiller les groupes comme le prouve l’investissement d’Orange de plusieurs millions d’euros dans la jeune pousse Chain.

Vous voulez un signe encore plus fort de la mobilisation en France ? En fin d’année dernière, la Caisse des dépôts, une institution publique que l’on surnomme « la vieille dame » en raison de son historique, a annoncé la création d’un laboratoire d’innovation spécial blockchain avec 11 partenaires.

Ces derniers sont issus de la banque et de l’assurance (AXA, CNP Assurances, BNP Paribas, BPCE, Crédit Agricole…) mais on trouve aussi des acteurs spécialisés (Blockchain Solutions, Cellabz et Paymium), un pôle de compétitivité (Finance Innovation), un réseau de dirigeants de PME/ETI (CroissancePlus) et le CNAM.

Tout semble s’accélérer pour monter une véritable filière française…Un hackathon spécial blockchain est d’ores et déjà programmé à Paris pour mars 2016 en collaboration avec la start-up Chaineum (nous avons interviewé son fondateur Sébastien Jehan en novembre dernier).

Effervescence anglo-saxonne

Nous ne sommes pas seuls à croire au potentiel de la blockchain dans le monde.

Aux Etats-Unis, la firme innovante R3 CEV a monté une alliance avec une vingtaine d’acteurs de la banque (Bank of Australia, Barclays, BBVA, Credit Suisse, Goldman Sachs, JP Morgan, RBS, State Street, UBS et la Société Générale, seul acteur français repéré) pour tenter de définir des standards d’implémentation de la blockchain.

De son côté, la Fondation Linux explorer les contours de la blockchain en association avec des acteurs IT (IBM, Intel, Cisco…) et financiers (Wells Fargo, Deutsche Börse…)

Tandis qu’en plein cœur de la City de Londres, autre centre névralgique de la FinTech en Europe, des développeurs ont potassé pendant une semaine en novembre sur le thème de l’Ethereum, présenté comme « la blockchain qui s’attaque au  monde de l’entreprise ».

Dans son édition datée du 14 janvier 2016, le journal Les Echos a fourni un focus dense sur cet écosystème émergent de l’orbite Ethereum et de sa Fondation dédiée.

Basée en Suisse et présidée par Vitalik Buterin, l’organisation a levé 9 millions de dollars.

« Bitcoin et Ethereum sont presque prêtes, mais je pense que cela prendra cinq ans avant que cette technologie soit vraiment au point pour gérer des milliards d’utilisateurs », estime Vitalik Buterin.

Repéré par FinYear, Decentral Canada propose une infographie « Guide pour les débutants Ethereum » (en anglais).

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(Crédit photo illustration : Association Blockchain France via Twitter)

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