La France confrontée à trois fractures numériques

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Une étude réalisée par le Centre d’Analyse Stratégique (CAS) nous apporte un éclairage nouveau sur la fracture numérique en France. Le rapport comptabilise trois fossés : un fossé social, culturel et générationnel qu’il faut combler.

L’accès à Internet est une condition sine qua non pour être intégré pleinement dans la société actuelle qu’on peut qualifier de société numérique. Les Français qui ne sont pas équipés d’ordinateurs et qui n’ont pas accès au Web se retrouvent de facto pénalisés.

Le rapport du Centre d’Analyse Stratégiques (CAS), remis à la demande du Parlement, fait un état des lieux sur le fossé numérique qui s’est installé France. Il s’agit également de préconiser des solutions afin de réduire cette fracture.

C’est à l’initiative de l’article 25 de la loi 2009-1572 du 17 décembre 2009 que ce document a été publié. Il s’agit de faire un diagnostic afin de mieux combler ce fossé numérique.

La loi de modernisation de l’économie et celle sur la fracture numérique ont déjà abouti à un déploiement du haut débit en France. Il s’agit d’une condition nécessaire mais non suffisante.

Il existe en fait trois fossés numériques, détaillés dans ce dossier. La fracture sociale est évidemment en tête de pont. Et le cercle est vicieux puisque la cohésion sociale passe par une utilisation des outils numériques. Cela nécessite une réduction du coût d’accès à Internet.

Ainsi dans des pays comme le Canada, l’abonnement mensuel à l’ADSL le plus bas constaté est à 9,68€. Et plus près de chez nous, au Danemark, il est à 13,31€. C’est donc vers un tarif social de l’accès à Internet qu’il faudrait se diriger. La mise à disposition d’ordinateurs est également nécessaire. Cela peut passer par le recyclage d’anciens PC comme cela a été fait au Canada par des associations à but non lucratif.

Mais si la fracture sociale se traduit par une fracture numérique, les seniors sont également à l’écart de la société numérique. Ils représentent 21% de la population et 16,9% des plus de 75 ans ont un ordinateur personnel et 15% seulement Internet (moins d’1 senior sur 6). A titre de comparaison, en Finlande 68% des plus de 65 ans se connectent à Internet contre 18% en France.

C’est d’autant plus regrettable qu’Internet leur permettrait de rester en contact avec d’autres personnes alors que les personnes âgées sont isolées dans notre société. Selon le rapport, il convient d’adapter l’outil, de former et d’apporter des solutions (dans les maisons de retraite par exemple).

Néanmoins, c’est au sein de la population jeune que le fossé isole encore plus ceux qui n’ont pas accès au numérique. Et il est très difficile de le combler dans cette tranche d’âge (15-24 ans) car, en filigrane, c’est l’échec scolaire, l’apprentissage de la lecture et les inégalités scolaires qui se profilent. Il convient donc de résoudre ces différents problèmes et d’aider les familles les plus défavorisées.

Le rapport fourmille d’exemples et d’idées mises en œuvre dans d’autres pays. Reste que le chantier est vaste car c’est une équation à trois variables qu’il convient de résoudre. L’évolution de l’Internet et des technologies de l’information ayant une croissance exponentielle, si rien n’est fait, ces inégalités quant à l’accès au Web iront grandissantes et il deviendra de plus en plus difficile de résoudre cette équation.

On notera également que ce rapport a l’intelligence de se pencher sur le cas de la génération Internet, les « natifs de l’Internet ». Car si celle-ci a toujours connu internet et qu’elle vit en harmonie avec, l’enseignement se doit également d’évoluer avec. Faute de quoi, c’est un fossé entre les élèves et l’enseignement qui risque subrepticement de se creuser.

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