France Télécom lance aussi son pack ADSL

Mobilité

Dans quelques jours, France Télécom va lancer à son tour son pack ADSL « tout compris ». Il contiendra un modem ADSL installable par l’utilisateur, avec filtre intégré, et un abonnement Netissimo. L’acheteur devra donc toujours s’abonner auprès d’un fournisseur d’accès haut débit. L’occasion de faire le point sur les récentes annonces tournant autour de l’ADSL avec Yves Cascalès, directeur de France Télécom DSL, un peu énervé des effets d’annonce de certains concurrents, mais rassurant concernant les problèmes techniques d’installation.

VNUnet.fr :

Depuis début octobre, date de lancement de Mangoosta, France Télécom n’est plus seul sur le marché de l’ADSL. Cela change-t-il quelque chose à votre stratégie ?

Yves Cascalès :

En réalité, la concurrence existe depuis le 3 novembre 1999, date du lancement officiel de l’offre Netissimo de France Télécom. S’il fallait effectivement obligatoirement ouvrir sa ligne ADSL auprès de FT, l’abonné avait le choix de son fournisseur d’accès. L’offre s’est étoffée petit à petit mais ils sont aujourd’hui une vingtaine sur tout le territoire français. En fait, l’ouverture à la concurrence s’opère en trois phases. La première est celle que je viens de vous décrire. La deuxième consiste à vendre au prix de gros de grandes quantités de temps d’accès à notre réseau ADSL à un opérateur de télécommunications ou à un fournisseur d’accès. C’est ce qui se passe en ce moment avec Mangoosta, qui est le plus avancé aujourd’hui. La troisième, c’est bien sûr le fameux dégroupage dont on parle tant. A partir du 1er janvier prochain, n’importe quel opérateur pourra nous louer la paire de cuivre qui arrive directement chez l’abonné pour lui proposer un service concurrent au nôtre (l’opérateur vient d’ailleurs de publier ses tarifs de dégroupage).VNUnet.fr :

Cela implique-t-il que vous ouvriez vos centraux téléphoniques à vos concurrents ? N’est-il pas difficile d’accueillir en son sein la concurrence ?

Yves Cascalès :

Si ! Il faudra établir des règles très précises que nous nous efforcerons de respecter. Nous sommes en ce moment même en train de négocier avec tous les opérateurs. Je ne peux pas vous en dévoiler les détails, mais les questions portent sur la sécurisation des accès à nos centraux et la conformité des matériels qu’ils voudront installer en parallèle des nôtres.VNUnet.fr :

Le nombre d’abonnés ADSL aujourd’hui est à peine supérieur à 50 000. Pourquoi si peu ?

Yves Cascalès :

Nous n’avons jamais annoncé que nous ferions mieux. Au contraire, nous allons même dépasser nos objectifs ! D’ici fin 2000, nous devrions compter près de 65 000 abonnés, alors que nous n’en attendions que 55 000. Côté couverture géographique, nous aurons couvert environ un tiers du territoire français et à peu près 300 villes. Fin 2001, nous passerons à deux tiers du territoire et nous aurons aussi doublé le nombre de villes. Ce qui fait qu’en deux ans, nous aurons tenu le pari de tirer le maximum de ce que la technologie ADSL permet. Car il ne faut pas oublier que les « plaques » ADSL ne peuvent desservir le service haut débit au delà d’un rayon de 5 kilomètres. Nous parviendrons peut-être à 70 % du territoire, mais pas plus.VNUnet.fr :

Ce qui signifie donc que les zones rurales, une fois de plus, seront défavorisées par rapport aux centres urbains…

Yves Cascalès :

C’est exact. Même s’il existe d’autres types de connexion haut débit. Le câble, par exemple, mais qui finalement est encore moins distribué que l’ADSL. Il y a aussi le satellite. Lui couvre la totalité du territoire mais restera une solution professionnelle du fait de son prix. Il y aura aussi la BLR [boucle locale radio, Ndlr]. Mais elle pose les mêmes problèmes économiques que le câble ou la téléphonie mobile par exemple. Pour la rentabiliser, les opérateurs équiperont d’abord les zones à forte concentration de population… Pour aller un peu plus vite dans les zones non couvertes, il ne reste plus alors que le Numéris. Mais cette solution demeurera chère du fait de sa nature commutée. Les forfaits illimités tout compris sont aussi inenvisageables pour Numéris qu’ils le sont pour les connexions par modem. Voyez les difficultés des FAI qui s’y sont frottés…VNUnet.fr :

D’ici quelques jours, vous allez lancer un pack ADSL « tout compris », quelques jours après Club Internet. Pourquoi ne pas l’avoir fait plus tôt ?

Yves Cascalès :

Permettez-moi de remettre les pendules à l’heure. Notre concurrent annonce partout avoir inventé le haut débit mais il ne fait que profiter d’un appel que nous, France Télécom, avons fait auprès des constructeurs de modems pour obtenir des modems plus faciles à installer. Ils sont aujourd’hui deux à avoir répondu, Alcatel et ECI. Dans un premier temps, nous utiliserons celui d’Alcatel, le Manta, dans un pack que nous lancerons dans la région parisienne. Celui d’ECI est en cours de validation. Tous deux sont des modèles USB. Autre différence importante. La disponibilité des packs Club Internet est aujourd’hui incertaine alors que nous lancerons les nôtres dans quelques jours à peine. Il s’agira au début de packs Netissimo, c’est-à-dire que l’acheteur pourra s’abonner au fournisseur d’accès haut débit de son choix. Plus tard, rien n’interdira à notre FAI « maison », Wanadoo, de proposer des packs complets.VNUnet.fr : Concrètement, ces modems installables impliquent que l’utilisateur pose lui-même le filtre séparateur indispensable au bon fonctionnement de la connexion. On parle de problèmes techniques si on installe plus de trois filtres chez soi. Qu’en est-il ?

Yves Cascalès :

Disons déjà que la pose du filtre est simplissime. De la forme d’une prise « gigogne » traditionnelle, il suffit d’en installer un sur chaque prise téléphonique dont on dispose. Nous conseillons effectivement de ne pas dépasser trois filtres, qui seront d’ailleurs fournis dans nos packs. Durant tous nos tests, nous n’avons rencontré aucun problème, même avec un nombre de filtre plus élevé.