France Télécom met l’image au coeur de sa stratégie

Mobilité

France Télécom s’apprête à commercialiser une gamme de services centrés sur l’image. Ou comment tenter d’enrichir les services pour pallier la baisse du chiffre d’affaire de la ligne fixe.

« De plus en plus, le métier d’opérateur consistera à véhiculer des images de point à point. » Thierry Breton en est convaincu, l’image est désormais au coeur du quotidien des usagers. Programmes télévisés, clips, bandes-annonces, visioconférences, photos numériques… autant d’images, fixes ou animées, générées par 3 millions de webcams et 3,6 millions d’appareils photo numériques en France, et qui ne demandent qu’à transiter sur les réseaux des opérateurs de télécommunication, selon le PDG de France Télécom, de manière entièrement transparente pour le client. Celui-ci voudra pouvoir les consulter sur son ordinateur, son téléphone mobile ou son PDA comme sur la télévision du salon. Après avoir considéré l’usager comme le dernier maillon d’une chaîne de réseaux fragmentés (téléphonie fixe, mobile, Internet…), France Télécom veut aujourd’hui le placer au centre des services de communication. Dans ce cadre, l’opérateur annonce une flopée de services soutenus par les différentes technologies aujourd’hui matures que sont l’ADSL, le Wi-Fi, le GPRS, voire l’UMTS d’ici quelques mois (son lancement commercial est prévu fin 2004 dans dix villes françaises).

Sources d’information, loisirs, échanges de données ou communications en images, France Télécom décline toute une gamme de services à destination du grand public essentiellement, mais aussi des entreprises. A commencer par le plus attendu : la télévision sur ADSL. Intitulé MaLigne TV, ce service permettra de délivrer sur une simple ligne téléphonique éligible au haut débit un bouquet de chaînes télévisées (80 environ) en plus du téléphone et de l’accès Internet. En partenariat avec TPS pour les contenus, l’opérateur lancera TPSL à la fin de l’année 2003 sur Lyon et au printemps 2004 sur Paris (voir édition du 5 septembre 2003). Les annonces prochaines d’offres concurrentes – notamment celle de Free qui devrait préciser bientôt sa stratégie (voir édition du 22 octobre 2003) mais aussi celle de LDCom (voir édition du 30 septembre 2003) – dénotent le potentiel technique et commercial de la télévision sur ADSL.

La visioconférence sur la télé

La viosioconférence est également l’un des grand axes de service que France Télécom entend développer. S’appuyant sur le téléviseur, présent dans quasiment tous les foyers français, l’offre MaLigne Visio permettra, à partir du deuxième trimestre 2004, de converser en image avec son correspondant et d’échanger divers documents (photos, vidéos, etc.), d’accéder à un service de messagerie et, à terme, d’envoyer et recevoir des MMS. En plus du téléviseur, ce service nécessitera une ligne ADSL, un modem et un terminal dédié (équipé de la caméra et du micro). MaLigne Visio sera interopérable avec Wanadoo Visio (la visioconférence sur Internet programmée pour fin 2003) et Orange Visio (la visioconférence sur téléphone mobile via l’UMTS en 2004).

Soulignons encore « Streaming Vidéo Orange World », qui permettra (fin 2003) de consulter à la demande des contenus vidéos à partir d’un PDA GPRS, et « Développement Photo MaLigne » qui automatisera l’envoi de photos numériques sur une ligne bas débit vers un service de développement simplement à partir d’un boîtier directement relié à la prise téléphonique et doté d’un lecteur de cartes mémoires Flash. Des services qui compléteront ceux existants comme les MMS Orange (2 millions depuis le début de l’année), l’Album photo de Wanadoo (45 000 inscrits) ou le Pack eXtense Playstation (voir télégramme du 2 octobre 2003).

De nouvelles sources de revenus

En soi, France Télécom n’invente rien. L’opérateur n’a fait qu’analyser les besoins des utilisateurs en regard des capacités technologiques actuelles pour définir ses offres. Internet a déjà mis en valeur des services comme la visioconférence, la messagerie, l’échange de documents, le téléchargement de contenus vidéo, etc., qui n’ont plus de secret pour les internautes aguerris. Le pari étant de simplifier l’usage de ces différents services au quotidien afin de les rendre accessibles à tout un chacun. S’il est encore trop tôt pour parler des tarifs, Thierry Breton a assuré qu’ils seront adaptés au porte-monnaie du grand public. A n’en pas douter, ces services risquent cependant de gonfler le budget communications des foyers. Ils sont d’ailleurs, pour France Télécom, l’occasion de donner un second souffle à la ligne téléphonique fixe, sérieusement concurrencée par les téléphones mobiles.