France Télécom trébuche sur l’UMTS

Mobilité

L’UMTS semble bien être la cause des malheurs de France Télécom, de Mobilcom et des autres opérateurs en général. Alourdi par une dette de 70 milliards d’euros, France Télécom a décidé d’abandonner la partie en Allemagne. L’opérateur français renonce dès lors au marché allemand de la téléphonie mobile de troisième génération. Mobilcom, de son côté, s’effondre en laissant une nouvelle licence UMTS sans acquéreur.

Avec une perte de 12,2 milliards d’euros au premier semestre et une dette totale de 69,7 milliards, il devenait difficile pour France Télécom de soutenir son partenaire allemand Mobilcom, dont il détenait 28,5 % du capital. L’opérateur français vient ainsi d’annoncer qu’il cessait son aventure allemande, alors même que MobilCom se trouve également en mauvaise posture, accusant une dette de 6,7 milliards d’euros. C’en est donc terminé pour cette petite société créée il y a douze ans par Gerhard Schmid et sa femme. Positionné dès le départ comme opérateur de services, Mobilcom a réussi, alors qu’il ne possède pas de réseau GSM propre, à compter 6 millions d’abonnés GSM et à se hisser à la quatrième place du marché allemand.

Pourtant malgré cette performance, la mariée ne semblait pas assez belle pour l’opérateur français qui lui préférait Deutsche Telekom. Le projet d’alliance avec ce dernier tourna court et le français – qui envisagea un moment de racheter E-Plus avant de se faire doubler par KPN – se rabattit alors vers Mobilcom. L’alliance avec Mobilcom ne semblait pas, dès le départ, la meilleure solution pour France Télécom. Mais l’UMTS exerçait une telle pression sur les opérateurs à cette époque qu’il devenait impensable pour l’opérateur historique français de rater le train de la téléphonie mobile de troisième génération sur un des plus grands marchés européens. Ainsi, les deux opérateurs payaient au prix fort leur licence UMTS : 8,4 milliards d’euros contre 619 millions d’euros et un pourcentage de 1 % sur le chiffre d’affaires en France. De l’aveu même de Michel Bon, qui vient d’annoncer son départ du groupe, « l’UMTS était la terre promise du mobile et le marché allemand le plus attrayant d’Europe ».

Mais voilà, depuis mars 2000, la Bourse s’est effondrée et les marchés sont devenus plus prudents et les sommes folles dépensées pour l’UMTS sont devenues tout d’un coup de véritables boulets. Et les opérateurs paient aujourd’hui leurs audaces d’hier. Aujourd’hui, c’est l’heure des grands bonds en arrière pour plus d’un opérateur. « L’évolution du marché allemand caractérisé par un nombre excessif de détenteurs de licence d’opérateur UMTS, l’absence de flexibilité des autorités de régulation allemandes en matière d’adaptation nécessaire de l’environnement réglementaire (…) combinées à la situation préoccupante de MobilCom (?), ont conduit France Télécom à ne pas rechercher la prise de contrôle de MobilCom et à ne plus répondre à ses demandes de concours financiers », peut-on lire sur le communiqué de FT.

Les mauvaises nouvelles s’enchaînent pour les opérateurs

A travers l’échec de France Télécom et le très certain dépôt de bilan de Mobilcom, c’est de nouveau l’UMTS qui est mis en cause. Et France Télécom n’est pas le seul à faire marche arrière sur ce dossier. Quam, le consortium unissant Telefonica et Sonera, a annoncé qu’il se retirait lui aussi de la course. Telefonica a par ailleurs gelé ses investissements UMTS hors d’Espagne. Le groupe néerlandais KPN a de son côté précisé que si E-Plus, sa filiale allemande de téléphonie mobile, comptait toujours lancer un service UMTS sur le marché allemand en 2003, l’ampleur de ce projet serait réduite. Telecom Italia a lui jugé préférable de se retirer du marché français en vendant 9 Telecom cet été. Deutsche Telekom annonçait en mai dernier la suppression de 22 000 emplois. Et la liste des mauvaises surprises n’a pas fini de s’allonger.