Franck Simon (France IX): « Le débit dans notre coeur réseau a été multiplié par dix en neuf mois »

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Interview du directeur général du principal point d’échange Internet à Paris et en France (135 membres). Il veut faire de France IX l’un des principaux carrefours de transit (GIX) en Europe.

ITespresso.fr : Tenez-vous un rôle vraiment neutre dans les accords de peering privé (que des opérateurs et des fournisseurs de contenus peuvent signer de manière bilatérale) ?
Franck Simon : Complètement. C’est un juste équilibre à trouver entre l’open peering et peering privé. Il n’y a pas de contradiction. Les gros acteurs ont tout intérêt à se connecter sur le point d’échange. Pour un opérateur, que se passe-t-il si un peering spécifique [une plate-forme vidéo comme YouTube par exemple, ndlr] génère 90% de la consommation de son raccordement sur le point d’échange ?  Option 1 : l’opérateur augmente la capacité sur le point d’échange pour absorber ce trafic fortement asymétrique. Option 2 : l’opérateur place ce peering en mode privé avec un AS spécifique. Il le retire de l’interface mutualisé pour le placer sur une interface dédiée.

ITespresso.fr : Pourquoi s’implanter en région avec un point d’échange à Marseille ?
Franck Simon : Il ne faut pas considérer Marseille comme un simple point d’échange régional. Ce noeud d’interconnexion prend une dimension stratégique au niveau international. Tous les câbles sous-marins majeurs se terminent à  Marseille. De nouveaux câbles en provenance d’Afrique du Nord, de l’Asie ou de l’Inde vont passer par là. Ce sont des acteurs qui n’étaient pas joignables en France jusqu’ici. Ils passaient en général par des « chemins naturels » comme Londres, Francfort ou Amsterdam…Mais, via Marseille, les chemins de transit seront plus courts. La combinaison de Paris et de Marseille donne une alternative au point d’échange de Londres. Pour renforcer notre présence en région, France IX a aussi récemment mis en place une passerelle avec LyonIX. L’initiative locale de GIX à Lyon marche bien toute seule. Et on a décidé de monter un partenariat avec eux. Nous ne sommes pas là pour entrer en conflit mais pour faire quelque chose d’intelligent. De la même manière, nous avons conclu un accord avec les membres de SFINX de Paris [un GIX créé en 1995 par le GIP Renater, ndlr]. En revanche, pour le cas du PaNAP [Paris NAP, point d’échange Internet créé par Club Internet puis repris par Bouygues Telecom en juin 2008, ndlr], nous avons décidé de l’absorber. Bouygues Telecom a proposé cette solution pour moderniser l’infrastructure réseau globale au lieu de se contenter d’une simple interconnexion. A l’origine, PaNAP était le plus gros point d’échange dans la région parisienne. Maintenant, c’est France IX qui a complètement revu la topologie.

ITespresso.fr : Comment comptez-vous faire de France IX l’un des plus gros points d’échange en Europe ?
Franck Simon : Amsterdam a longtemps été le plus gros point d’échange Internet au monde. Puis venaient Francfort et Londres. Le classement actuel, c’est plutôt par ordre d’importance Francfort-Amsterdam-Londres. Comment comptons-nous entrer dans la cour des grands en Europe  ? Nous devions d’abord achever le travail de restructuration – consolidation de la place de peering à Paris. Désormais, nous commençons à atteindre une masse critique. Nous avons réussi à faire revenir des acteurs qui avaient déserté la capitale en termes d’infrastructures ou qui ne faisaient que du peering privé. C’était le cas de Google et de Microsoft.

(Lire la suite de l’interview page 3)

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