Free lance un ultimatum à France Télécom

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Faute d’un accord sur l’élargissement des capacités d’échanges de flux entre France Télécom et l’opérateur alternatif Free, les accès aux sites et services de Free sont inaccessibles pour les abonnés à Wanadoo et Oleane notamment. Face au mutisme de l’opérateur historique, Free a en effet coupé les accès à son réseau en provenance de France Télécom. Des milliers d’internautes n’ont plus accès à une partie non négligeable de l’Internet français.

Depuis la nuit du 20 au 21 janvier 2003, les internautes abonnés à Wanadoo, Oleane et France Télécom en général n’ont plus accès aux serveurs de Free, pages perso et comptes e-mail compris. Si la cause est technique, son origine est bien la conséquence d’une décision humaine.

Selon les informations que nous avons tirées de différents forums et témoignages (la direction de Free est restée injoignable et France Télécom n’a pas encore pris le temps de nous répondre), l’origine du problème remonterait à un désaccord entre Free et l’opérateur historique sur les échanges de flux de données (le peering). Principe de base de l’Internet, le peering est un accord passé entre deux opérateurs afin d’autoriser les échanges de trafics sur leurs réseaux respectifs. C’est donc le peering qui permet aux internautes de consulter des sites qui ne sont pas forcément hébergés sur les réseaux de leur opérateur ou fournisseur d’accès.

Dans le conflit qui oppose France Télécom et Free, le lien qui assure le peering serait arrivé à saturation. Or, selon le site Peering, « l’opérateur historique ne souhaite pas étendre son peering ». Le site vient d’ailleurs de lancer une pétition en ligne pour faire pression sur France Télécom et demander d’élargir la bande passante du point d’échange à 2,5 Go/s.

Free coupe les liens

En réaction au mutisme apparent de la maison mère de Wanadoo, Free a décidé de couper les liens sans autre forme de procès, si l’on en croit le message de Rani Assaf, apparemment technicien chez Free, posté sur le forum proxad.free.adsl (consultable via la passerelle de NetAstuces.org). « Pour info, à partir de cette nuit, je vais probablement couper à 100 % tout trafic en provenance du réseau de France Telecom vers le nôtre. Si FT ne veut pas upgrader la capacité du peering, c’est probablement qu’ils estiment que leurs abonnés n’ont aucun intérêt à avoir accès à notre réseau », lit-on sur le message posté lundi 20 janvier 2002 peu avant minuit.

Difficile de savoir qui a tort ou raison dans cette histoire. D’autant que les accords de peering sont généralement opaques. Pourquoi France Télécom refuserait-il d’élargir les capacités du peering ? L’élargissement automatique de liens de peering fait-il partie des accords passés entre les deux protagonistes ? France Télécom cherche-t-il à mettre des bâtons dans les roues à un concurrent agressif, notamment sur l’ADSL ? Autant de questions auxquelles nous n’avons pu obtenir de réponses des directions des sociétés en conflit, faute d’avoir pu les joindre. Mais le résultat est bel est bien là : une partie de l’Internet français reste inaccessible à des milliers d’abonnés. Une situation pour le moins déplorable qui, espérons-le, ne devrait pas durer.