Free offre le téléphone à ses abonnés ADSL dégroupés

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Le fournisseur d’accès Free s’apprête à proposer un service de téléphonie fixe à ses abonnés ADSL « dégroupés ». A partir d’un nouveau numéro de type 0 870, ceux-là pourront téléphoner gratuitement dans toute la France jusqu’à la fin de l’année. Et se faire appeler de toute la France au tarif local.

A partir du 25 août 2003, la Freebox ne servira pas seulement à naviguer en haut débit sur Internet. Le modem fourni aux abonnés Free ADSL issus du réseau dégroupé du fournisseur d’accès permettra aux « freeboxiens » de téléphoner via un poste fixe. Ce service de téléphonie vient s’intégrer gracieusement au forfait ADSL à 30 euros (29,99 exactement) du fournisseur d’accès (FAI). Cela permettra notamment aux Freeboxiens de s’appeler entre eux sans bourse délier. Mieux, les appels en France métropolitaine seront entièrement gratuits jusqu’à la fin de l’année. A partir du 1er janvier 2004, les abonnés Freebox disposeront d’un forfait de 10 heures au-delà duquel les appels seront facturés 0,01 euro la minute (hors numéros spéciaux) à la seconde et sans crédit temps. Free ne se paye pas seulement le luxe d’être moins cher que France Télécom sur les appels locaux et nationaux. La filiale Internet d’Iliad concurrence également l’opérateur historique sur les appels vers les mobiles avec un tarif de 0,19 euro la minute (contre 0,23 en heures pleines et 0,11 en heures creuses chez FT), toujours sans crédit temps. Les tarifs à l’international (0,03 euro la minute vers l’Allemagne, la Grande-Bretagne, les Etats-Unis, l’Italie, le Portugal, Hong Kong et le Japon à ce jour) visent également à rudoyer ceux de l’opérateur national.

Un numéro universel et personnel

Pour bénéficier de ce nouveau service, les freeboxiens devront en faire la demande en ligne en activant leur numéro de téléphone qui sera du type 0 870 XXX XXX. Numéro qu’ils pourront choisir eux-mêmes. Autant dire que les numéros génériques seront pris d’assaut par les premiers arrivés. Ces numéros dits « universels et personnels » suivront leur propriétaire en cas de déménagement quel que soit le lieu de résidence (à condition de rester sur la partie dégroupée du réseau Free laquelle s’étend chaque jour). Les abonnés « non dégroupés » qui, depuis leur inscription, auraient basculé vers le réseau dégroupé de Free devront patienter jusqu’à début 2004 pour échanger leur modem Sagem contre une Freebox. Un délai nécessaire à l’organisation interne du FAI. Petite consolation, ils bénéficieront d’une Freebox deuxième génération, deux fois plus petite que la première notamment. Une fois le service activé et le numéro de téléphone obtenu, il restera aux Freeboxiens à brancher un poste téléphonique sur la prise prévue à cet effet de la Freebox. Que ceux qui espèrent que ce service va leur permettre de s’affranchir de l’emprise France Télécom ne se réjouissent pas pour autant. L’abonnement à l’opérateur reste obligatoire. Car la ligne téléphonique (la paire de cuivre qui part de chez l’abonné jusqu’au central téléphonique également intitulée « dernier kilomètre ») reste la propriété de l’opérateur national qui se contente de la louer aux opérateurs alternatifs et FAI. Un désabonnement entraînerait tout simplement un arrêt des services ADSL et téléphonique de Free. Une situation qui permet à France Télécom de conserver le monopole du marché des résidents sur le dernier kilomètre mais dont il est permis d’espérer un jour la disparition. En attendant, l’offre téléphonique de Free revient à ouvrir une seconde ligne téléphonique pour un coût nul.

Période transitoire d’un an

Outre les détails techniques, c’est également un problème réglementaire qui avait jusqu’alors empêché Free de proposer son service téléphonique. Depuis son lancement, en octobre 2002 (voir édition du 19 septembre 2002), on savait que la Freebox est équipée pour offrir des services téléphoniques et audiovisuels. Free souhaitait en effet offrir un service « équitable » à ses abonnés. Ou plutôt aux abonnés de France Télécom susceptibles d’appeler les Freeboxiens. Pour lancer son service, Free souhaitait bénéficier de l’offre d’interconnexion « indirecte » de France Télécom. Utilisée pour l’acheminement des communications vers les services spéciaux des opérateurs alternatifs, cette offre permet à ces derniers de choisir le tarif que France Télécom applique pour les communications vers leurs propres numéros. De son côté, France Télécom souhaitait appliquer le service d’interconnexion « direct » qui permet à l’opérateur d’apposer ses tarifs en fonctions des charges d’exploitation générées. Face à ce litige, Free avait déposé, le 28 mars 2003, une saisine auprès de l’Autorité de régulation des télécoms (ART) qui a rendu son avis fin juillet 2003. Si celle-ci considère que le mode d’interconnexion « direct » est mieux adapté que l' »indirect » pour l’acheminement des communications des numéros de type 0 870, il ne peut être mis en oeuvre qu’à condition que « les conditions d’une concurrence effective, notamment sur le prix de ces communications, [soient] réunies sur ce marché ». Concurrence qui devra être effective au 1er juillet 2004. D’ici là, l’ART a ouvert une période transitoire pendant laquelle le tarif des communications d’interconnexion « indirecte » correspondra à celui du service « Azur » de France Télécom et dont bénéficie Free actuellement. Un tarif susceptible d’évoluer après le 1er juillet 2004, donc. Mais du côté de Free, on a bon espoir de s’entendre avec France Télécom pour trouver des accords équitables afin de ne pas léser les abonnés par rapport à leurs conditions actuelles.