Free précise son offre sur le dégroupage total

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Les opérateurs et fournisseurs d’accès fignolent leurs offres pour couper le dernier lien entre l’abonné et France Télécom. Après Neuf Télécom, Free et Tiscali prennent ainsi le train du dégroupage total.

La vague du dégroupage total est bel et bien lancée. Inaugurée par Neuf Télécom en début de semaine (voir édition du 3 mai 2004), la stratégie qui consiste à proposer à l’abonné de couper définitivement le cordon avec France Télécom poursuit son chemin chez les concurrents. Iliad, la maison mère de Free, a ainsi discrètement annoncé son entrée prochaine sur le dégroupage total pour ses abonnés dégroupés. « Il nous reste à régler quelques modalités opérationnelles et techniques avec l’Autorité de régulation des télécoms et France Télécom », nous confie Michaël Boukobza, directeur général adjoint, « nous pensons être prêts pour le mois de juin ». Le service est d’ailleurs entré en phase de test auprès de plusieurs milliers d’abonnés.

Coupures de ligne en perspective

Seuls les abonnés dégroupés et bénéficiant d’une Freebox (le modem-décodeur de l’opérateur) pourront souscrire à l’offre de Free. Il suffira de renvoyer un formulaire disponible en ligne pour en faire la demande. A charge pour Free d’obtenir le dégroupage de la ligne auprès de l’opérateur historique. « Le délai légal d’obtention de la ligne est de sept jours », rappelle Michaël Boukobza, « mais concrètement, on ne sait pas encore. » Des risques de coupure de ligne – de quelques heures, officiellement – sont également à craindre. Il est cependant possible que ces interruptions s’étendent à un ou deux jours en cas de problèmes. « Mais la coupure se fera uniquement sur les basses fréquences », rassure Michaël Boukobza, « l’ADSL et le téléphone Freebox continueront de fonctionner. » Comme Neuf Télécom, Free offrira la portabilité du numéro de téléphone « France Télécom » dès la mise en service du dégroupage total.

En revanche, selon le responsable de Free, la création directe d’une ligne dégroupée (pour les clients qui avaient déjà résilié leur abonnement à France Télécom) ne sera pas possible dans un premier temps. Il leur faudra souscrire un abonnement auprès de l’opérateur historique… pour le résilier par la suite ! Un paradoxe qui devrait trouver une solution dans le temps. Mais la procédure de dégroupage passera inévitablement par l’intervention des équipes techniques de France Télécom. Lequel, face à l’arrivée de ces nouveaux concurrents très agressifs, pourrait traîner des pieds pour libérer définitivement ses clients. Sans compter les problèmes éventuels de services après-vente. France Télécom conservera, pour un certain temps encore, la gestion technique de la ligne téléphonique entre le domicile de l’abonné et le répartiteur, même si cela sera entièrement transparent pour l’abonné qui ne s’adressera qu’à un interlocuteur unique.

Une stratégie à risque

A terme, l’offre de Free fournira l’accès Internet, la téléphonie (avec deux numéros de téléphone) et l’accès à une centaine de chaînes de télévision, le tout pour moins de 30 euros par mois. Iliad a en effet décidé de prendre à sa charge le coût de location de la ligne téléphonique, qui s’élève à environ 13 euros HT. Un montant qui réduit d’autant la marge de l’opérateur. « Nous nous rattraperons sur les communications téléphoniques vers l’international et les mobiles », explique Michael Boukobza. Une stratégie risquée, donc. Mais le risque semble payer, chez Free. Au 31 mars 2004, le FAI comptait 635 000 abonnés (dégroupés et non dégroupés confondus), soit 150 000 nouveaux clients gagnés sur les trois premiers mois de l’année. Iliad estime que l’objectif du million d’abonnés, dont 60 % en dégroupé, sera atteint avant la fin juin 2005.

On assiste donc à une véritable révolution dans le secteur des télécommunications, qui semble basculer vers le tout-IP (le protocole Internet). En réintégrant Wanadoo au sein de la maison mère et en préparant une offre de téléphonie sur IP, même France Télécom se sent obligé de prendre ce virage. Tiscali vient d’ailleurs à son tour d’annoncer son intention d’aborder le marché du dégroupage total « dès le début du second semestre 2004 », précise le communiqué. L’offre s’adressera au grand public comme aux entreprises mais l’opérateur n’a pas souhaité en préciser le contenu. Face à ces mouvements, on se demande comment les fournisseurs d’accès qui, comme AOL ou Club-Internet, ne possèdent ni leur propre réseau, ni une offre de téléphonie, vont se positionner dans cet univers hautement concurrentiel.