Fujitsu – Toshiba : destins croisés dans le monde du PC ?

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Le principal dirigeant de Toshiba a fait allusion à un possible rapprochement avec Fujitsu sur le marché du PC. Dans quel contexte s’inscrivent ces déclarations ?

Verra-t-on bientôt fleurir, sur le marché du PC, une triple alliance à 100 % japonaise ?

Les discussions pressenties depuis quelques semaines entre Fujitsu et Toshiba sur la création d’une coentreprise qui associerait également Vaio (marque sortie du giron de Sony en 2014) seraient toujours d’actualité, à en croire la presse sur place.

Masashi Muromashi lui-même n’exclut pas l’éventualité d’un rapprochement. Dans un entretien au Sankei Shimbun, le CEO de Toshiba précise que sa société n’aurait pas vocation à prendre une part majoritaire au capital du nouvel ensemble (Reuters évoquait, début décembre, une répartition à parts égales, c’est-à-dire en tiers).

En cas de fusion, les activités pourraient démarrer le 1er avril 2016, coïncidant avec le début de la nouvelle année comptable de Toshiba. Au regard des parties prenantes, l’entreprise affiche un potentiel de chiffre d’affaires avoisinant les 10 milliards d’euros, pour une part de marché de 6 % dans le monde – contre près de 20 % à Lenovo et à HP, selon le dernier pointage de Gartner.

Rien n’est encore gravé dans le marbre, notamment chez Fujitsu, qui en reste pour l’heure officiellement à la décision prise le 24 décembre à l’issue d’une réunion du conseil d’administration. En l’occurrence, créer deux filiales : « Fujitsu Client Computing Limited » pour le PC ; « Fujitsu Connected Technologies Limited » pour les téléphones mobiles.

Aux termes spécifiés, l’activité des deux entités – que le groupe doit détenir à 100 % – débuterait le 1er février 2016, avec un pôle R&D en commun et un chiffre d’affaires global d’environ 460 milliards de yens (3,5 milliards d’euros).

Toshi-bat de l’aile

La situation est différente chez Toshiba. Le groupe est en pleine restructuration après l’éclatement d’un scandale financier : la comptabilité a été trafiquée, a minima entre 2008 et 2014, pour masquer les pertes de certaines filiales. Les résultats nets des exercices concernés ont été surévalués d’au moins 155 millions de yens, soit environ 1,1 milliard d’euros au cours actuel.

Nommé P-DG au mois de juillet, Masashi Muromachi a la lourde tâche de chapeauter la réorganisation du conglomérat.

Le point a été fait dans un communiqué du 21 décembre 2015 (document PDF, 5 pages) : outre des cessions d’actifs pour assainir les comptes, il faut s’attendre à la suppression de 10 600 postes, dont 6 800 pour la division « Lifestyle Products and Services », qui regroupe le PC, les téléviseurs et l’électroménager – et qui affiche une perte de 110 milliards de yens (830 millions d’euros) sur son dernier exercice fiscal.

Dans ce même communiqué, il n’est pas question d’abandonner le marché du PC, mais de se concentrer sur le BtoB en rapprochant l’entité « Personal & Client Solutions Company » de la filiale Toshiba Information Equipments… tout en conservant une activité BtoC au Japon et aux États-Unis.

Pour les téléviseurs, Toshiba envisager d’adopter, dans toute l’Asie sauf au Japon, le modèle de concession de marque déjà exploité en Europe et en Amérique du Nord. Pour l’électroménager, un rapprochement avec Sharp serait à l’étude.

Associé à des prêts supplémentaires en cours de négociation (à hauteur de 300 milliards de yens, soit 2,3 milliards d’euros, selon le journal Nikkei), l’argent frais dégagé par cette restructuration permettra d’investir dans deux segments forts : l’énergie et les semi-conducteurs, face à la concurrence féroce de Samsung Electronics.

On notera que Toshiba a déjà vendu ses participations dans l’équipementier médical Topcorn et dans le fabricant finlandais de systèmes de transport guidés Kone. plus récemment, sa division de capteurs photo (CMOS) a été cédée à Sony, qui aurait mis sur la table l’équivalent de 150 millions d’euros.

Crédit photo : stockfotoart – Shutterstock.com

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