Google voit la start-up Otto comme un écran de fumée pour Uber

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Google estime que son ancien employé Anthony Levandowski n’a créé la start-up Otto (camions autonomes) que pour dissimuler ses relations avec Uber, pour qui il travaille aujourd’hui.

Et si Otto n’avait été qu’un écran de fumée ? C’est ce que Google suggère à la justice américaine.

La firme de Mountain View estime que son ancien employé Anthony Levandowski n’a créé cette société que pour dissimuler les intelligences qu’il entretenait avec Uber.

Petite remise en contexte : par l’intermédiaire de sa branche Waymo, qui développe des technologies de conduite autonome, Alphabet (maison mère de Google) a porté plainte, en février dernier, contre le tandem Uber-Otto, pour vol de secrets industriels portant notamment sur la télédétection par laser (lidar).

Une audience avait lieu ce mercredi 3 mai devant le tribunal californien qui s’est saisi du dossier.

À cette occasion, Google a soutenu que le passage d’Otto dans le giron d’Uber était prévu bien avant son officialisation à l’été 2016 – on estime que la société de Travis Kalanick a mis près de 700 millions de dollars sur la table pour absorber la start-up, spécialisée dans les camions autonomes.

Une chronologie troublante

Anthony Levandowski fut salarié chez Google pendant près de 10 ans. Il y chapeauta entre autres le projet Self-Driving Car (devenu Waymo sous la configuration Alphabet)… jusqu’à mettre brusquement les voiles le 27 janvier 2016. Quelques jours auparavant, il avait déposé les statuts d’Otto, basé dans l’État du Delaware.

Waymo veut pour preuve de la combine qu’il dénonce l’attribution à l’intéressé de plus de 5,3 millions d’actions Uber… avec une période d’acquisition des droits démarrant au 28 janvier 2016.

Uber déclare pour sa part que l’attribution n’a été réalisée que le jour du passage d’Otto dans son giron. Et d’ajouter qu’il est, dans le cadre de ces opérations, « fréquent » de remonter jusqu’à la création de l’entreprise acquise pour fixer le début de la période de référence.

Du côté de Waymo, on est remonté encore un peu plus loin avec un e-mail de Brian McClendon, ancien responsable de Google Maps qui avait rejoint Uber en juin 2015 pour travailler sur la partie cartographie (et qui a quitté le navire le mois dernier).

L’e-mail en question fait état d’une réunion sur la thématique lidar organisée le 13 janvier 2016 avec un certain « Anthony », qu’on peut supposer être Levandowski.

Perplexité

D’autres courriels font référence à des discussions portant sur l’éventuelle création d’une société baptisée NewCo. Cette dénomination figurait déjà dans des notes d’octobre 2015 signées d’un expert de l’université Carnegie Mellon qu’Uber allait par la suite débaucher.

Comme le souligne TechCrunch, le juge est resté sceptique face à ces arguments, soulignant que Waymo avait choisi de poursuivre Uber plutôt qu’Anthony Levandowski*, alors même que la société pourrait très bien ne pas avoir été au courant des agissements de l’ingénieur.

Uber maintient effectivement ne jamais avoir eu accès aux documents que Levandowski est accusé d’avoir volé à Google : près de 9,7 Go de fichiers incluant des designs de cartes de circuits imprimés pour capteurs.

Waymo se dit en mesure d’apporter des preuves décisives… à condition qu’Uber produise davantage de documents sans chercher à « gagner du temps ». La procédure est complexifiée par le fait que la défense s’effectue en commun avec Otto.

* Précisons qu’Anthony Levandowski s’est réfugié, sur recommandation d’un avocat criminaliste sollicité pour l’occasion, derrière l’un des droits que garantit le 5e amendement de la Constitution des États-Unis : la possibilité pour une personne, de ne pas témoigner contre elle-même.

Crédit photo : Uber

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