GPS : Qui veut la peau de TomTom ?

Mobilité

L’étude d’une mystérieuse fondation hollandaise descend en flammes les produits leaders sur le marché européen des navigateurs GPS.

Une vraie énigme ! Qui se cache derrière la fondation hollandaise qui a récemment publié un communiqué de presse, en 21 langues, annonçant que « les systèmes de navigation [par GPS] constituent un danger pour la sécurité routière ». En à peine deux jours, l’information a été relayée par plus de
1500 sites Web d’information technique à travers le monde.

Un coup dur pour TomTom, leader sur le marché des terminaux GPS en Europe, dont tous les appareils sont présentés, à l’issue de tests apparemment sérieux, comme pouvant provoquer des « kid-killings » (assassinats d’enfants). Et une aubaine pour Nav4all, un mystérieux site Internet qui propose un logiciel capable de transformer gratuitement n’importe quel téléphone mobile (muni d’une puce GPS ou couplé à un capteur GPS Bluetooth) en navigateur GPS : selon l’étrange fondation batave, le programme Nav4all est en effet le seul à répondre à ses critères de sélection.

Dans son rapport complet, disponible sur Internet, la « Stichting Onderzoek Navigatiesystemen » (Fondation de recherche sur les systèmes de navigation – dont personne n’avait jamais jusque-là entendu parler) a pris en compte deux principaux critères : l’ergonomie des navigateurs GPS (la façon dont ils informent les conducteurs de la route à suivre) et, surtout, leurs capacités à éviter les zones résidentielles.

« Nous avons créé cette fondation il y a deux mois, après avoir vu une émission de télévision sur le service public hollandais, intitulée ‘Le juge sur roues’ et diffusée au printemps dernier, explique G.J.M. Dijkstra, qui se présente comme le secrétaire général de cet organisme, joint par téléphone. Au cours de ce reportage, une famille se plaignait de voir son quartier résidentiel envahi par des camions : les navigateurs GPS des chauffeurs leur conseillaient de prendre un raccourci à travers cette zone d’habitation. »

Notons que la fondation ne possède pas de bureau, mais une simple adresse postale et un service d’accueil téléphonique, fournis, semble-t-il, par la Chambre de commerce de La Haye.

Un critère original pour tester les GPS

D’où l’idée de tester – c’est en tout cas la version rapportée par G.J.M. Dijkstra – tous les GPS selon un nouveau critère : leur habilité à élaborer des itinéraires qui évitent les zones résidentielles et qui prennent surtout en compte les autoroutes, les voies rapides et les routes de contournement (périphériques… ).

Une première question vient tout de suite à l’esprit : cet argument tient-il la… route ? Après tout, cela pourrait être une intention plus que louable. Mieux vaudrait effectivement éviter de faire passer voitures et semi-remorques par des quartiers où de nombreux piétons circulent et où des enfants sont susceptibles de jouer dans la rue.

Interrogée par e-mail, la Sécurité routière française répond que « l’administration n’exerce pas de contrôle sur les informations délivrées par les éditeurs de GPS ». Autrement dit, les éditeurs de GPS sont libres de faire passer les véhicules par où ils veulent.

(suite de l’enquête page suivante)