Groove 2.0 : le peer-to-peer au service de l’entreprise

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Groove Networks, la société de Ray Ozzie, le créateur de Lotus Notes, vient de sortir une version 2 de son outil de travail collaboratif Groove. Très orientée entreprise, la nouvelle version permet de gérer les montées en charge sur le réseau, de s’interfacer avec des systèmes existants comme des applications CRM…

Après avoir lancé en octobre 2000 (voir édition du 27 octobre 2000) son logiciel de collaboration peer-to-peer, le créateur de Lotus Notes, Ray Ozzie, lance la version 2.0 de Groove. Si la version 2 conserve, bien entendu, le principe du produit – c’est-à-dire l’échange de données poste à poste – elle intègre désormais des capacités d’administration renforcées sur l’un des postes atténuant de fait le principe du peer-to-peer. Car ce poste devient en quelque sorte serveur…

Dans la dernière version, 1.3, (voir édition du 31 octobre 2001), le logiciel Groove devenait compatible avec Windows XP afin de permettre aux personnes de travailler ensemble sur des documents communs. Cette édition 2 resserre les liens avec Microsoft, puisque le logiciel peut s’interfacer avec la suite bureautique Office de l’éditeur. Groove permet désormais un partage de documents Word, Excel et Notepad. La prise de participation à hauteur de 20 % dans le capital de Groove pour un montant de 51 millions de dollars n’est sans doute pas étranger au rapprochement entre Groove et les solutions Microsoft (voir édition du 11 octobre 2001). Une prochaine version devrait permettre une connexion entre Groove et Lotus Notes. Cette deuxième mouture renforce l’intégration du logiciel dans l’entreprise. Il était déjà possible auparavant de l’intégrer par exemple avec le logiciel Windows Messenger, Groove Networks cette fois va plus loin. Il s’agit désormais d’intégrer la solution avec les systèmes d’informations de l’entreprise. Groove 2.0 peut s’interfacer avec des progiciels lourds de type ERP ou CRM.

Une meilleure répartition des charges

Par ailleurs, cette nouvelle version améliore les fonctionnalités de mise à jour en ne prenant en compte que les parties du document modifiées et non la totalité, ce qui à pour objectif de limiter les montées en charge inutiles. Cette fonction « Binary difference » pourrait ainsi apporter une réponse aux problèmes d’occupation de bande passante liés au modèle P2P. D’autant que le module est lié avec un autre, chargé celui-ci de répartir les montées en charge.

Deux versions sont proposées. La version standard est commercialisée à 49 dollars par utilisateur, soit le même prix que la version 1.3. La version professionnelle est au prix de 99 dollars par utilisateur. A cela s’ajoute le prix du serveur Groove, lequel permet d’héberger les applications collaboratives, qui est de 19 995 dollars.

Echange en toute sécurité

Groove poursuit donc son pari de réussir à faire communiquer les gens entre eux à l’intérieur d’une même entreprise ou avec une entreprise externe. Jusqu’ici, les systèmes d’information transactionnels pouvaient communiquer entre eux grâce à l’EDI. Le Web permettait quant à lui un accès à distance, mais rien ne semblait être fait pour le travail collaboratif hormis le téléphone, l’e-mail, le fax ou la vidéoconférence. Le modèle P2P semble apporter un outil adapté, car en plus, il permet de réduire les coûts de connexion d’une entreprise avec ses clients ou fournisseurs. D’ailleurs, les sociétés ne s’y sont pas trompées. Outre Microsoft, on retrouve par exemple dans le capital de Groove, Intel. Et depuis près d’un an, Groove multiplie les annonces. Groove a ainsi été choisie pour équiper d’outils collaboratifs des agences gouvernementales américaines dans le domaine de la défense et du renseignement. Un contrat qui a une grande portée symbolique puisqu’il permet de montrer le haut niveau de sécurité des outils collaboratifs. Ceux-là mêmes que certains estimaient insuffisamment sécurisés (voir édition du 8 février 2001). Groove Networks utilise ainsi pour le chiffrement de ces données une clé de 192 bits. Par ailleurs, Groove Networks a annoncé avoir vendu notamment 10 000 licences à Dell ou encore 10 000 autres à la société pharmaceutique GlaxoSmithKline.

Le modèle « napstérien » semble avoir réellement pris ses marques dans l’entreprise, où il devrait devenir à terme, une solution courante. Le domaine du grand public n’est pas abandonné. Mais la version 2 de Groove montre effectivement que Ray Ozzie a choisi l’entreprise comme coeur de cible.