Hadopi et sécurité informatique ne font pas forcément bon ménage

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Table ronde Epitech : Witbe (qualité des services Internet), l’April (logiciels libres) et Spotify (musique en streaming) ont partagé leurs points de vue sur l’Hadopi. Règlementation ou censure ?

Autre point de désaccord avec le gouvernement à propos de l’Hadopi : « lorsque la loi va imposer un logiciel de sécurisation qui est en fait un mouchard, le libre sera exclu du cercle de l’innovation. »

Un virage effectivement dangereux, considère Jean-Michel Planche, P-DG de Witbe (éditeur de solutions logicielles de mesure et d’analyse de la qualité de service délivrée par les systèmes d’informations).

« Nous n’avons pas en France les moyens de sécuriser la connexion Internet car nous n’avons pas la liberté de choisir les logiciels. Gare à la dérive. Nous sommes en train de fabriquer un monstre avec lequel je pourrais être accusé à tort », déclare ce pionnier des télécoms et des réseaux IP en France (co-fondateur de l’opérateur Oléane dans les années 90 revendu à France Telecom).

Alors, comment inverser la vapeur ? « Il faut laisser le choix au citoyen la liberté de choisir son degré de contrôle chez soi », suggère Jean-Michel Planche.

Il a déjà un concept en tête. « Pourquoi ne pas installer un routeur ou d’un compteur Hadopi à domicile avec du logiciel libre dans le boîtier qui me permettra de fixer les contenus ou les applications ce que je veux filtrer ou non. »

Couper l’Internet dans les entreprises : grave et compliqué

De son côté, Annina Svensson, responsable France de Spotify (un service légal de streaming et de téléchargement de musique numérique, venu de la Suède, rôdant entre le gratuit et le payant et qui a plutôt la cote auprès des étudiants de l’Epitech), cherche un « côté positif » dans l’Hadopi.

« Arrêtons de parler de répression (…) On n’entend pas les gens qui veulent une répartition plus juste des droits », déclare-t-elle. « Personne dans l’assistance n’a envie de télécharger parce que c’est illégal. »

Spotify serait plutôt concerné par le volet du développement de l’offre légale des contenus numériques au centre du rapport Zelnik.

En l’état actuel, Annina Svensson indique qu’elle ignore si Spotify pourra intégrer la liste des distributeurs de musique numérique acceptée avec la future « Carte musique numérique » pour les jeunes qui est attendue d’ici l’été prochain.

On parle beaucoup de la suspension de l’accès Internet visant les particuliers au nom de la loi Hadopi. Mais quid des personnes morales (comme les entreprises ou les écoles) ?, s’interroge Jean-Michel Planche. « Ce sera quelque chose d’assez différent. Plus grave pour la continuité de l’activité et certainement compliqué à appliquer. »

Le cas de Witbe est spécifique car une coupure de l’accès Internet pour cette société n’aurait guère d’effet. En raison de ses activités de tests de mesure et d’analyses de qualité des services sur réseaux IP, Witbe dispose d’accès Internet en provenance de plusieurs FAI…

(lire la suite page 3)

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