Haut débit, dégroupage et WiMax : le trio télécoms de l’été 2005

Mobilité

Deuxième partie de la série d’articles sur l’actu high-tech de juillet et d’août. Pour tout savoir sur la téléphonie, la mobilité et les offres d’accès.

Haut débit, dégroupage et WiMax? Ce sont les principales thématiques qui ont alimenté l’actualité du secteur des télécoms. Comme prévu, la fusion entre Cegetel et Neuf Télécom a été entérinée par les autorités de régulation de la concurrence. Le principal clash est survenu dans le secteur de la téléphonie mobile avec la publication d’un article du Canard Enchaîné, révélant que la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) soupçonne les trois principaux opérateurs français d’entente illicite, ce qui fait peser la menace de lourdes sanctions financières. En cette fin de mois d’août, on voit poindre les premières offres d’accès Internet qui marqueront la rentrée 2005.

Le dégroupage en soutien à la croissance du haut débit

A l’occasion d’un pointage estival, l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (Arcep) recense 2,3 millions de lignes dégroupées. Toutefois, il subsiste un déséquilibre flagrant entre lignes en dégroupage partiel et lignes en dégroupage total (voir édition du 22 juillet).

C’est un sujet sensible aux yeux des régulateurs. Au point que les faits et gestes de France Télécom sur le marché du haut débit feront l’objet d’un encadrement règlementaire spécifique pendant un an, a estimé la Commission européenne (voir édition du 27 juillet). Parallèlement, l’ancien opérateur public a proposé sa première offre de gros d’accès large bande au niveau régional, appelé bitstream, en anglais et a réduit les frais liés aux « prestations associées » qui pèsent sur les opérateurs alternatifs (voir édition du 28 juillet).

Si la possibilité de couper le cordon économique avec France Télécom est une réalité en France, les opérateurs alternatifs n’ont pas encore lancé leur offensive en la matière. Il faut dire qu’ouvrir une ligne totalement dégroupée relève encore, dans certains cas, du parcours du combattant (voir édition du 5 août).

Si l’on recense 255 000 lignes totalement libérées de l’emprise de l’opérateur historique en moins d’un an, les opérateurs alternatifs attendent de meilleures conditions économiques pour développer leurs offres. Ils souhaitent ramener à environ 7 euros les 9,50 euros HT par ligne

que leur réclame mensuellement France Télécom. Soutenu par l’UFC-Que choisir, ils ont déposé un recours en référé (voir édition du 9 août). Un recours qui a été finalement rejeté : le Conseil d’Etat estimant que le prix réclamé par France Télécom se situe dans la moyenne européenne, une réduction tarifaire ne se justifie pas (voir édition du 25 août). Seule une décision de l’Arcep, qui doit étudier le dossier à la rentrée, pourrait accélérer le processus du dégroupage total.

Malgré ces soubresauts, T-Online France/Club Internet se montre déterminé à faire ses premiers pas dans le dégroupage total d’ici la fin de l’année (voir édition du 19 août). De son côté, le nouveau pôle Neuf Cegetel, issu de la fusion de Cegetel et de Neuf Télécom (voir édition du 16 août 2005), compte également se démarquer sur le sujet. L’opération de rapprochement des deux opérateurs a été autorisée par les services anticoncurrentiels de l’Etat français. Il reste maintenant à procéder à une restructuration des activités et une unification des offres (voir article du 16 août).

La fibre, une valeur sûre

La fibre optique destinée à propager le très haut débit fait l’objet d’une attention particulière. Un récent rapport du Sénat préconise son usage pour développer les réseaux régionaux (voir édition du 5 juillet). Ainsi, la Corse va adopter la fibre optique pour se doter de son propre réseau à très haut débit, en partenariat avec France Télécom (voir édition du 19 juillet). En Île-de-France, Irisé compte s’appuyer sur son réseau de fibre optique pour investir les sous-répartiteurs (voir édition du 1er juillet). Quant à Completel, l’opérateur télécoms orienté fibre annonce qu’il va élargir son réseau afin de couvrir 80 métropoles. Un effort d’investissement qui va lui permettre de toucher la majeure partie des PME françaises, sa clientèle de prédilection (voir édition du 22 juillet).

Vers un remodelage des parts de marché haut débit

Lundi, l’Arcep a fait le point sur le marché du haut débit en France, qui compte désormais presque huit millions de comptes d’accès à l’Internet rapide, qui comprend l’ADSL et les technologies alternatives (voir édition du jour).

France Télécom, qui recense 627 000 détenteurs de Livebox à la fin du deuxième trimestre 2005 (voir édition du 28 juillet), a annoncé un partenariat avec Microsoft pour développer des produits et services télécoms convergents (voir édition du 6 juillet). Du côté de son principal rival, Free propose à ses clients d’upgrader leur débit en voie montante (voir édition du 20 juillet). Avec ses 1,3 million d’abonnés haut débit (voir édition du 2 août 2005), Free demeure le premier opérateur alternatif du marché sur l’ADSL. Mais Neuf Cegetel pourrait vite lui ravir sa place de second. Derrière, tous les challengers s’agitent pour grignoter des parts de marché : AOL, Club-Internet, Tiscali/Telecom Italia et Télé2.

Offres d’accès : hotline gratuite chez Club-Internet et Wanadoo, « Satisfait ou remboursé » chez AOL

Du côté des offres d’accès de rentrée, il est difficile de trouver des nouvelles formules réellement fracassantes. La bataille porte essentiellement sur les offres multiservices haut débit comme le triple play (accès Internet haut débit voire à très haut débit, la téléphonie et la télévision) que proposent les principaux opérateurs.

En attendant, à moins de 15 euros l’accès Internet en ADSL ou ADSL 2+ pour les offres les plus économiques, il est difficile de faire baisser encore le niveau des prix actuellement pratiqués. Wanadoo a donné le signal pour la relance des offensives commerciales dès la mi-août. Le service d’accès de France Télécom est encore en mesure de jouer sur ses tarifs pour mettre en valeur ses offres de rentrée (voir édition du 19 août). Mais ses tarifs restent parmi les plus élevés du marché.

Les économies sont à chercher du côté des promotions. Et à ce petit jeu, Télé2 est roi. L’opérateur télécoms venu de Suède propose l’accès haut débit (ADSL et ADSL 2+) pour 7,50 euros par mois sur les trois premiers mois d’abonnement (voir édition du 23 août). A 9,90 euros par mois, le forfait ADSL/ADSL 2+ associée à la téléphonie illimitée, la promotion de Club Internet est moins généreuse. Mais le FAI propose 30 minutes de hotline gratuite (voir édition du 18 août 2005). Wanadoo s’autorise à pousser le concept jusqu’à 60 minutes gratuites.

Plus osé, AOL France applique le principe du « satisfait ou remboursé » pour la rentrée (voir édition du 24 août 2005). Une semaine auparavant, le FAI comblait son retard en dévoilant  enfin  son offre d’accès en ADSL 2+ (voir édition du 17 août ). Une véritable offensive et une prise de risque de la part de la branche française de la division d’accès de Time Warner qui, à l’échelle mondiale, doit affronter une véritable hémorragie d’abonnés (voir édition du 4 août).

En attendant le lancement d’une offre unique (attendue pour l’automne), Neuf Télécom poursuivra l’enrichissement de ses services avec le lancement d’un player multimédia qui, comme le Freeplayer (voir édition du 22 juin), permettra aux abonnés de l’offre télévisée de diffuser sur le téléviseur du salon les contenus numériques stockés sur le disque dur de l’ordinateur (voir édition du 3 août). Mais la véritable innovation en matière de services viendra de l’arrivée de la vidéo à la demande. Un débarquement qui se fait attendre pour des questions de priorité d’exploitation des longs métrages et impatiente les FAI, lesquels réclament un accord « urgent » (voir édition du 2 août).

Le WiMax débarque en France, le WiFi s’étend en Europe

Les technologies d’accès à l’Internet haut débit sans fil poursuivent leur développement sur le continent européen. En France, c’est principalement le WiMax qui s’est retrouvé sous les feux des projecteurs. L’Arcep a expliqué dans les grandes lignes la procédure d’attribution des licences en France (voir édition du 8 juillet) puis a dévoilé les modalités précises pour la présentation des candidatures des opérateurs (voir édition du 8 août). Les postulants ont jusqu’au 14 octobre 2005 pour se manifester auprès de l’Arcep. Parallèlement, les expérimentations WiMax se poursuivent, comme en Alsace par exemple (voir édition du 25 juillet).

Le développement des technologies sans fil est également une préoccupation de la Commission européenne. Elle a donné son feu vert pour élargir le spectre des fréquences utilisables pour faciliter le déploiement des réseaux locaux sans fil (voir édition du 15 juillet).

Autre sujet qui titille Bruxelles : le roaming. Viviane Reding, commissaire chargée de la Société de l’Information et des Médias, part en guerre contre les tarifs jugés excessifs des opérateurs lorsqu’un client décide d’utiliser son mobile à l’étranger (voir édition du 11 juillet).

Les opérateurs mobiles accusés d’entente illicite

Les révélations du Canard Enchaîné ont fait sortir le monde de la téléphonie mobile de la torpeur du mois d’août. Dans son édition datée du 24 août, l’hebdomadaire satirique indique qu’Orange, SFR et Bouygues Télécom risquent des amendes de plusieurs millions d’euros pour « entente illicite » selon un rapport de la DGCCRF rédigé à l’intention du Conseil de la concurrence (voir édition du 24 août). Des éléments à charge que les opérateurs mobiles ont vivement contestés.

Outre la régulation des marchés du haut débit, le secteur des services mobiles est également scruté. Mais les récents bouleversements technologiques comme la 3G ou le développement des MVNO contraignent les pouvoirs publics à se montrer prudents sur l’analyse. Faute de recul, la Commission européenne a demandé à l’Arcep de repousser son analyse sur le marché français de 12 à 18 mois en attendant d’avoir plus de visibilité (voir édition du 4 juillet).

Du côté des consommateurs, le parlement français a adopté lors de l’examen d’un texte dédié aux PME un volet qui oblige les opérateurs mobiles à assurer la portabilité des numéros (technique permettant à un consommateur de conserver son numéro de téléphone en changeant d’opérateur) en dix jours maximum (voir édition du 8 juillet).

Sur le volet des opérations stratégiques signalées dans le secteur, la plus grande initiative revient à France Télécom qui a acquis Amena, l’opérateur mobile numéro trois en Espagne (voir édition du 27 juillet).

Difficile de trouver des grandes nouveautés sur le front des services mobiles. On peut toutefois signaler le remarquable effort de SFR qui a considérablement renforcé son offre de musique sur mobile (voir édition du 26 juillet). Autre filon exploité : la télévision sur mobile. Un rapport d’expert vient d’être remis à ce sujet au Gouvernement (voir édition du 29 août).

Voix sur IP : Skype loin des turpitudes

Les grands noms du Net poursuivent leurs incursions dans le monde des télécoms à travers le segment prometteur de la voix sur IP. Si Yahoo s’est enfin décidé à intégrer la voix sur IP dans son nouveau Messenger (voir édition du 10 août), Google a fini par se lancer sur le marché de la messagerie instantanée (voir édition du 24 août) et vise une place sur le marché de la voix sur IP.

De son côté, Skype en pleine forme, propose de fêter son deuxième anniversaire en invitant les développeurs à intégrer le service de téléphonie sur Internet dans leurs produits Web (voir édition du 25 août). Quant au lancement du service de vidéoconférence, il se fait attendre (voir édition du 1er août). Un peu de patience…

A lire également sur Vnunet.fr :

Volet 1 de la série : L’été 2005 des groupes Internet (article en date du 29 août 2005)