Haut-Débit : démarrage difficile pour le WiMax dans l’Aveyron

Mobilité

Altitude Infrastructure, filiale d’Altitude Telecom, a été assignée par le conseil général de l’Aveyron, pour non-respect de ses engagements.

Après des déboires dans le Jura où Altitude Infrastructure est associée à Eiffage pour construire et gérer un réseau de télécommunications d’initiative publique, c’est cette fois dans l’Aveyron que l’opérateur se retrouve en difficulté.

Votée en janvier 2007, la délégation de service public, initiée par le conseil général de l’Aveyron et attribuée à Altitude Infrastructure, a pris quelques mois de retard. A l’origine, le contrat portait sur la construction d’un réseau haut débit basé sur la technologie WiMax comprenant la mise en place de 93 stations de bases permettant de couvrir les zones non-éligibles à l’ADSL.

Le contrat prévoyait que le réseau soit livré à partir du 1er février 2008.“En août 2008, le réseau, composé principalement de technologie WiMax, n’était toujours pas prêt”, déclare Jean-Louis Grimal, président de la commission des techniques de communication et d’information du conseil général. Interrogé par Vnunet.fr, celui-ci précise que “lors du comité de suivi du projet en septembre 2008, nous avons noté un retard sur le planning initial, et un mois plus tard lors d’un nouveau comité, rien n’avait avancé.”

C’est ce qui a poussé la collectivité à mettre en demeure Net Aveyron [filiale d’Altitude Infrastructure qui construit et gère le réseau Aveyronnais, ndlr] pour lui demander d’achever sans délai la construction du réseau puis de fournir différents documents concernant l’avancée des négociations avec les opérateurs.

N’obtenant pas les documents sous huit jours, le conseil général de l’Aveyron décide alors, le 12 novembre dernier, d’assigner le délégataire en référé au tribunal administratif. Motifs invoqués : non-respect du contrat et non-présentation des documents pour permettre d’assurer le suivi du projet.

Altitude Infrastructure avait prévenu du retard

Dans un communiqué diffusé en mai 2008, Altitude Infrastructure tentait de désamorcer un premier mécontentement suite au retard pris dans la mise en œuvre du projet.

“Le contrat stipule que le réseau devait être livré à partir du 1er février 2008. La commercialisation a bien débuté comme convenu à cette date, mais partiellement, pour les raisons suivantes (…) blocages de riverains, ne souhaitant pas accueillir de stations de bases sur leur commune, approvisionnement de services émanant de société tiers décalé dans le temps” , indiquait le communiqué.

Il était précisé que “ces faits ne constituent pas des retards mais des aléas prévus par le contrat” et que “dans ce contexte, un nouveau planning a été communiqué au Conseil général afin de livrer, dans les meilleurs délais, le réseau aveyronnais. Il sera tenu, sous réserve que de nouveaux blocages n’empêchent pas la finalisation de la construction du réseau.”

Contacté par Vnunet.fr, Altitude Infrastructure assure par la voix de son directeur général Fabrice Ballart avoir « tout mis en oeuvre pour remplir nos obligations contractuelles en Aveyron comme ailleurs. Pour être transparent, le bilan global est bon mais nous reconnaissons qu’il reste encore des sites à installés. »

Wizéo ne viendra pas en Aveyron

Ce n’est pas un secret, outre la capillarité, le succès d’un réseau d’initiative publique réside dans les tarifs de gros pratiqués par le délégataire permettant, s’ils sont attractifs, d’attirer des opérateurs de toute taille.

Si deux opérateurs spécialisés dans la fourniture d’accès en zone blanche, Luxinet et Numéo, ont déjà fait part de leur volonté de proposer leurs services sur le réseau WiMax aveyronnais, selon nos informations, leur concurrent Wizéo ne souhaiterait plus travailler avec NetAveyron pour des raisons techniques et juridiques.Joint par Vnunet.fr, l’opérateur n’a pas retourné nos demandes de précisions sur le sujet. De son côté, Fabrice Ballart tient à souligner qu’il « est dans notre intérêt de remplir nos réseaux en favorisant l’arrivée de la concurrence car c’est ce que les donneurs d’ordres nous demandent. » Après la guerre des tranchées entre France Telecom et ses concurrents pour la mise à disposition de ses fourreaux, voici désormais la guerre des ondes…

Réseaux d’initiative publique : un premier bilan encourageant selon l’Avicca
A la suite d’un rapport publié par l’Arcep portant sur l’intervention des collectivités dans le secteur des communications électroniques, l’association des villes et collectivités pour les communications électroniques et l’audiovisuel (Avicca) a dressé un bilan « encourageant » des réseaux ouverts d’initiative publique (ROIP). Le communiqué de l’association indique que « les collectivités qui ont agi peuvent légitimement être fières de leur engagement dans ce secteur, parfois controversé » et note que « ce premier bilan devrait encourager de nouvelles collectivités à rejoindre le mouvement pour ne pas se laisser distancier, et celles qui ont déjà agi à poursuivre la densification de leurs réseaux pour le très haut débit. »