Hollywood fait fermer un site Internet par erreur

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Fermé par erreur par la MPAA, le site InternetMovies.com attaque en justice la puissante association de défense des intérêts hollywoodiens. A l’origine de cette gaffe : Ranger, une application chargée de surveiller les échanges de fichiers vidéo sur le réseau mondial. Aussi puissant soit-il, Ranger n’est visiblement pas sans faille.

Depuis le 25 avril 2002, la MPAA, la puissante association de défense de l’industrie hollywoodienne, est poursuivie en justice par Michael Rossi. Celui-ci n’est pas le patron d’un grand studio en désaccord avec la politique de l’association mais le gérant de la société InternetMovies.com, un site qui offre un système de téléchargement payant et légal de films, ainsi que des liens vers les bandes-annonces des longs métrages du moment. La MPAA poursuivie par un petit entrepreneur ? Habituellement, c’est l’inverse. Le fait est donc assez rare pour mériter d’être souligné.

Installé à Hawaii et, à ce titre, citoyen américain, Michael Rossi poursuit la MPAA pour délit d’interférence dans des relations contractuelles et économiques, calomnie et diffamation, notamment. Michael Rossi en veut à la MPAA d’avoir fait fermer son site en avril 2001. Cela de manière tout à fait abusive via l’hébergeur du site et sans passer par une décision de justice. La MPAA avait estimé qu’InternetMovies.com offrait illégalement des films protégés en téléchargement. Comment la MPAA a-t-elle pu confondre un service tout à fait légal avec un site pirate ? A cause de Ranger.

La faute à Ranger

Développé par Ranger Online, Ranger est un outil de recherche automatique. Il répertorie les pages – pages web comme chat rooms, forums de discussion, sites de peer-to-peer, etc. – correspondant aux critères de recherche indiqués. Bref, il s’agit d’un sniffer, un agent de surveillance permanent dont l’action se fait généralement à l’insu des surveillés. Dans le cas de la MPAA, Ranger cherche sur Internet les pages qui évoquent les titres d’une centaine de films, généralement les plus récents, ceux dont le manque à gagner pour cause de piratage serait le plus grand pour l’industrie du cinéma en comparaison avec ceux qui ont déjà connu une carrière commerciale. La liste est donc régulièrement remise à jour. Apparemment, lorsqu’il trouve un site correspondant aux critères de recherche, Ranger évalue lui-même si le film trouvé est exploité de manière légale ou non. On ignore la technologie employée pour cela mais il y a de grandes chances qu’il vérifie les droits d’exploitation normalement inclus dans le fichier vidéo.

La MPAA justifie l’usage de Ranger, depuis deux ans maintenant, comme la dernière arme contre le piratage. L’association évalue ainsi à plus de 400 000 le nombre de films échangés chaque jour par Internet. Mais apparemment, le logiciel n’est pas sans faille. Ce qui l’a amené à « accuser » un site à l’activité légale comme InternetMovies.com. Le plus étonnant est qu’aucun membre de la MPAA n’ait pris le soin de vérifier les « résultats » de Ranger. Mais à raison de 54 000 lettres d’avertissement envoyées en 2001 (près de 100 000 prévues pour 2002), la MPAA semble se reposer sur l’automatisation des outils informatiques au risque de « bavures » plutôt que de prendre le temps de bien faire son travail.

Un remake de David contre Goliath

Michael Rossi poursuit donc la MPAA plus par principe que pour une éventuelle compensation financière. Il reproche notamment à l’association de ne même pas avoir pris la peine de s’excuser de son erreur. « En poursuivant la MPAA », peut-on lire sur le site victime, « Michael Rossi veut montrer qu’un modeste entrepreneur peut s’opposer à Hollywood et ses méthodes déloyales. » Aussi intéressant soit-il, ce remake de David contre Goliath risque cependant de tourner court pour David.