Hotmail utilise encore du logiciel libre

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En migrant les serveurs de son service Hotmail, à l’origine sous FreeBSD, vers Windows 2000, Microsoft devait rompre, à l’automne dernier, tout lien avec l’univers du logiciel libre. Mais un développeur a récemment démontré le contraire. Microsoft continue d’exploiter des technologies Open source. Une attitude contradictoire avec la récente campagne anti-Linux de l’éditeur de Redmond.

Steve Ballmer, Bill Gates et Craig Mundie, les numéros 1, « 1 bis » et 3 de Microsoft, ont beau clamer leur opposition virulente au modèle du logiciel libre, notamment en l’estimant économiquement « malsain » (voir édition du 14 mai 2001), ils n’en continuent pas moins de profiter des qualités de certaines solutions issues de l’Open source. A commencer par les serveurs qui hébergent Hotmail. En 1997, lorsque Microsoft rachète Hotmail, les serveurs tournent sous Apache sur FreeBSD, une plate-forme libre d’Unix. L’été dernier, promis-juré, Hotmail serait transféré sur un serveur IIS sous Windows 2000, au plus tard à l’automne 2000, comme l’annonçait Shereen Meharg, directeur du marketing et de la communication à MSN (voir édition du 10 août 2000). Depuis, une partie du service tourne bien sous Windows 2000 mais aussi sous FreeBSD, comme l’a récemment découvert Trevor Johnson, un développeur de la communauté FreeBSD qui a mis en doute ? avec raison ? les propos des représentants de Microsoft. Ils affirmaient notamment que l’éditeur de Redmond avait rompu tout lien avec le monde du logiciel libre. Microsoft a finalement reconnu, vendredi dernier, continuer à exploiter les technologies de FreeBSD. Notamment sur les serveurs DNS et les machines chargées de gérer la publicité en ligne.

Du code libre dans Windows

Selon les propos d’un employé, anonyme, de l’éditeur de Windows aux Etats-Unis et rapportés par ZDNet.com, si Microsoft continue d’exploiter FreeBSD, c’est simplement parce qu’il est jugé meilleur que Windows 2000. Les serveurs de Microsoft ne sont pas les seuls à bénéficier des technologies des logiciels libres. Des développeurs FreeBSD ont retrouvé leurs programmes ou des morceaux de code au coeur même du système d’exploitation Windows 2000, notamment dans la section TCP/IP qui gère les connexions au Net. Un emprunt tout à fait légal selon la politique de licence de FreeBSD. Il n’empêche qu’entre ce que dit Microsoft à l’industrie, et notamment à ses clients, et ce qu’il fait, il y a une contradiction qui décrédibilise sérieusement l’éditeur. Il est vrai qu’à travers l’Open source, Microsoft vise surtout Linux, le principal concurrent à sa stratégie .Net pour laquelle Microsoft dépense sans compter. FreeBSD ne doit pas être encore assez gênant ou populaire pour s’attirer les foudres médiatiques de Microsoft.