iChat, la messagerie instantanée Apple compatible AIM

Mobilité

La prochaine version de Mac OS X comporte un client de messagerie instantanée, dénommé iChat, compatible avec la messagerie instantanée d’AOL, AIM. Le programme fonctionne aussi bien avec un compte Mac.com qu’avec un compte AOL Instant Messenger. Comme toute iApp, iChat apparaît d’une facilité déconcertante, et selon la recette qui a fait le succès d’iTunes, il est compartimenté de telle sorte qu’il permet d’accéder immédiatement aux fonctionnalités sous la même interface.

Présenté lundi 6 mai au soir, iChat s’avère la cinquième iApp d’Apple, après iMovie, iTunes, iDVD et iPhoto. Cette fois-ci, l’application s’appuie sur la structure particulièrement robuste de Mac OS X vis-à-vis de l’Internet pour proposer un moyen de suivre des conversations interactives. Le logiciel d’Apple utilise la nouvelle technologie intégrée à Jaguar, Rendezvous, pour afficher sans attendre l’ensemble des utilisateurs déjà en train de discuter en ligne. iChat est ainsi capable de présenter les utilisateurs connectés d’un réseau local. Une fenêtre présente les utilisateurs avec prénom, nom ou sobriquet. iChat se sert de vCard, la méthode de stockage d’informations personnelles contenu dans le carnet d’adresses intégré à Mac OS X pour réunir les informations relatives à un contact. De ce point de vue, iChat se présente comme une extension dudit carnet d’adresses : il est en effet devenu possible, à partir de ce dernier, d’initier un contact avec une personne répertoriée de son choix, soit par e-mail, soit en sautant directement sur sa page Web, soit par iChat, soit par téléphone par le biais d’une liaison Bluetooth vers un téléphone cellulaire. Ou bien encore par le biais d’un SMS qui peut également être envoyé depuis le carnet d’adresses ! Enfin, celui-ci semble devoir tenir un rôle pivot, puisqu’il permet de détecter les appels téléphoniques entrants et d’afficher le numéro de téléphone du correspondant qui cherche à vous joindre.

iChat s’avère d’une efficacité redoutable, même s’il ne révolutionne en rien le chat : utilisant la même interface applicative que les autres iApp, il présente la conversation par l’intermédiaire d’icônes ou de photos des intervenants et d’une bulle qui affiche leurs propos, façon bande dessinée. Il est possible de discuter à deux ou à plusieurs de manière similaire à ce qui se retrouve dans les autres programmes de chat. Quand un ami de conversation est en ligne, une icône s’affiche et le dialogue peut s’engager aussitôt. Inutile d’entrer une adresse spécifique. Et inutile d’attendre que tout le monde soit équipé d’iChat pour pouvoir partager ses pensées : Apple s’est acoquinée au leader mondial du chat, AOL Instant Messenger. Une première (voir édition du 15 janvier 2001) ! Autant dire que vous ne vous sentirez pas seul : plusieurs millions de personnes utilisent déjà le client de messagerie instantanée du géant. C’est la première fois que ce colosse laisse une société tierce avoir accès à son code pour lui permettre de développer sa propre application de chat. Mais le passage par AOL n’est pas obligé : le compte Mac.com d’Apple permet également de profiter immédiatement des fonctionnalités proposées par le programme. Comme sur d’autres programmes du même type, il est possible d’ajouter des smileys et de partager des fichiers. Dans iChat, cette opération s’avère d’une simplicité extrême : un simple glisser-déposer et le fichier que vous désirez faire parvenir est envoyé grâce à sa fonction peer-to-peer. Le transfert est même protégé grâce au cryptage inclus.

Un outil pour les entreprises

La façon dont Apple présente ce logiciel peut interloquer : l’application dispose de fonctions particulièrement élaborées pour une utilisation personnelle et se présente bizarrement beaucoup plus comme un outil destiné à l’entreprise. Il n’est pas que cela, bien évidemment, mais le fait que le logiciel soit en mesure de détecter des partenaires déjà en ligne sur un réseau local, de réaliser des transferts de fichiers cryptés ou même d’engager des conversations protégées pour qu’elles restent privées en dit long sur la volonté d’Apple de fournir un outil aux fonctionnalités suffisamment évoluées pour plaire aux professionnels. Et derrière, la complémentarité d’iChat avec le carnet d’adresses ou avec le client de messagerie mail intégré laisse à penser que la firme est en train de préparer une véritable plate-forme de communication (voir édition du 30 novembre 2000). Apple s’est d’ailleurs déjà engagée en partie dans cette voie au milieu des années 90 en proposant la suite de télécommunications Apple Télécom qui fournissait, outre un service de répertoire, un téléphone intégré, un fax, un Minitel et un mode terminal permettant le transfert de fichiers d’ordinateur à ordinateur. Les capacités de Mac OS X à gérer simultanément des liaisons RTC, Bluetooth et Ethernet pourraient laisser penser qu’une plate-forme similaire, mais adaptée aux outils de la communication d’aujourd’hui, serait en voie d’être créée. L’intégration d’IPv6 dans Jaguar milite enfin pour l’intégration de la voix sur IP, la capacité d’avoir des conversations vocales en utilisant l’infrastructure Internet, qui finira bien par être démocratisée sur Mac. En attendant, iChat ne sera disponible que dans Jaguar, commercialisé à la fin de l’été, pourquoi pas à l’Apple Expo ?