Idate : le déploiement d’IPv6 avance à pas comptés

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IPv6, la prochaine version du protocole IP utilisé sur Internet, pourtant élaboré au milieu des années 90, reste étrangement une technologie en devenir. Le protocole IPv4, censé disparaître, reste toujours aussi incontournable. L’Autorité de Régulation des Télécommunications a commandé une étude à l’Idate permettant de cerner les problématiques de la migration d’IPv4 vers IPv6.

Le succès d’Internet et l’accélération de la consommation d’adresses IP, fait craindre une pénurie de ces adresses dans les années à venir, confirme l’Idate, qui vient de réaliser une étude pour l’ART. Pour l’instant, IPv4 a réussi à repousser les limites de son système d’adressage grâce à des procédés tels que la translation d’adresses (NAT) ou le schéma de routage CIDR qui permet d’agréger des adresses IP. Mais c’est sans compter la croissance encore forte d’Internet dans le monde entier (et particulièrement en Asie) ainsi que l’augmentation du nombre d’applications nouvelles comme l’arrivée des services mobiles autour du GPRS d’abord, puis de l’UMTS ou encore comme celle des véhicules communicants et les applications domotiques. IPv6 améliore les capacités d’adressage d’IPv4 en allouant 128 bits au lieu de 32 aux adresses IP, ce qui ouvre un réservoir quasi infini d’adresses IP.

Ipv6 reste donc toujours et plus que jamais d’actualité, d’autant que IPv4 a été prévu à l’origine pour des usages non commerciaux et n’est pas fait pour assurer les fonctions de qualité de service attendues aujourd’hui. Selon l’Idate, IPv6 est considéré comme stable par la plupart des spécialistes. « Considérant qu’IPv4 a commencé à être utilisé alors que l’ensemble de ses spécifications n’était pas totalement stable, on peut considérer qu’IPv6 est en mesure, dès maintenant, d’être utilisé », conclut l’étude.

Une cohabitation nécessaire avec IPv4

Reste que l’utilisation de ce nouveau protocole dépend des équipementiers et des éditeurs. IPv6 impose des routeurs spécifiques et nécessite une mise à niveau des infrastructures de routage. Par ailleurs, l’utilisation de l’IPv6 demande une compatibilité avec les systèmes d’exploitation. L’Idate déclare que Windows XP est déjà prêt et présentera, d’ici fin 2002, IPv6 par défaut (pour le moment, il est disponible mais doit être activé), et les autres produits Windows seront prêts avant la fin 2002. L’étude ajoute aussi que les opérateurs de backbone peuvent constituer un goulet d’étranglement dans la transition vers IPv6 en n’assurant pas le transit des données en IPv6. Dans ce cas, les autres opérateurs et ISP sont contraints d’avoir recours à des techniques d’encapsulation dans IPv4 pour faire transiter les données entre des noeuds distants. « Ces techniques peuvent suffire pour un premier stade de déploiement d’IPv6. Cependant, la gestion à grande échelle de tunnels ne sera pas viable ; les opérateurs de backbone devront migrer leurs routeurs de coeur de réseau sous IPv6 quand la demande le justifiera », préconise l’Idate.

L’Idate annonce toutefois que le passage à l’IPv6 ne sera pas brutal, et que les deux protocoles devront dans un premier temps cohabiter. « Il faudra au moins une dizaine d’années pour qu’IPv6 devienne majoritaire. Il est probable que les ISP migrent bien avant les entreprises qui cherchent d’abord à rentabiliser les applicatifs développés sous IPv4 avant d’investir dans de nouvelles techniques », juge l’Idate.

Toujours en phase de Recherche et Développement

Au niveau du déploiement d’IPv6 dans les différentes zones géographiques, les américains, leaders du marché dans le domaine d’IPv4, semblaient un temps distancés par les européens, et surtout par les japonais dans la course à IPv6 (peut-être du fait du stock important d’adresses dont dispose la zone américaine). Aujourd’hui, l’ensemble des équipementiers d’outre-atlantique semble avoir pris conscience des enjeux liés à IPv6 et des nouveaux marchés qui s’ouvrent en Asie-Pacifique. Ainsi selon l’Idate, tous proposent une gamme IPv6, en général en phase de mise à jour logicielle, ainsi que des services commerciaux correspondants. Selon l’étude, la zone américaine semble combler son retard, notamment par rapport à l’Europe, qui avait pourtant pris conscience des enjeux d’IPv6 bien avant l’Amérique, notamment au travers d’acteurs comme Ericsson (premier routeur IPv6 en 1996 avec Telebit) et Nokia. Les Japonais sont en tête de la course, et proposent déjà des gammes complètes de produits destinés à IPv6. En Europe, France Telecom et BT travaillent activement sur IPv6, mais en sont encore à l’état de la R&D, même si FT, par l’intermédiaire de sa filiale Wanadoo Belgique, propose un service IPv6 reposant sur du 6to4 (les paquets IPv6 sont encapsulés dans des paquets IPv4 et MPLS pour traverser les parties IPv4 du réseau).