Intel se rabiboche officiellement avec Rambus

Mobilité

C’est la seule surprise du discours que Craig Barrett, président d’Intel, a prononcé lors de l’IDF : Rambus redevient, officiellement, le partenaire privilégié d’Intel pour l’équipement de la mémoire vive. L’automne dernier, le même Craig Barrett avait déclaré avoir perdu son pari en misant sur Rambus…

« Nous avons fait un gros pari sur Rambus et il n’a rien donné », déclarait Craig Barrett, à l’automne dernier, à propos du choix de la mémoire pour la nouvelle architecture des processeurs Intel (voir édition du 19 octobre 2000). Aujourd’hui, c’est à nouveau le grand amour entre Rambus et Intel. Du moins officiellement. « Nous pensons que la RDRam est la meilleure solution, à coûts comparables », a déclaré Pete MacWilliams à l’occasion de l’Intel Developer Forum (IDF), en faisant bien entendu référence aux prix moins élevés de la DDR SDRam. L’histoire d’amour est donc relancée… à condition que Rambus fasse des efforts sur ses prix. Pete MacWilliams a ajouté qu’Intel pourrait faire évoluer son bus processeur de 400 à 533 MHz, ce qui amènerait la fréquence de la RDRam entre 800 et 1 066 MHz dès l’année prochaine. Ce qui n’empêchera pas Intel d’investir dans la SDRam afin d’aligner son Pentium 4 sur les prix des Pentium III et des machines d’AMD, notamment avec de la PC133. « Brookdale », nom de code du jeu de composants (chipset) compatible avec la SDRam et attendu pour le courant de l’année, précédera une deuxième version qui supportera la DDR. RDRam, SDRam, DDR SDRam… une stratégie qui ne facilitera pas le choix du client final mais qui va donner du grain à moudre aux équipes de marketing.

Permettre au client de choisir le type de mémoire, sachant que les utilisateurs des applications bureautiques opteront certainement pour la moins chère (donc la SDRam, voire la DDR SDRam), afin d’amener Rambus à devenir économiquement concurrentiel, telle semble être la nouvelle stratégie d’Intel pour contrer l’ascension d’AMD. Une stratégie qui permet au fondeur de Santa Clara d’honorer son contrat avec Rambus (voir édition du 24 octobre 2000) sans se couper des autres technologies tout aussi prometteuses.

Les plans d’Intel pour l’avenir

Voilà pour le présent d’Intel. Quant à son avenir, il passe inévitablement par Internet, selon Craig Barrett, le président qui a présenté devant un parterre de 5 000 professionnels la stratégie de l’entreprise. Elle passe par quatre axes majeurs. Côté réseaux, deux architectures forment les pierres angulaires des projets de développement du fondeur dans le domaine (voir édition du jour).

Les serveurs seront équipés des processeurs Xeon Pentium 4, puis Itanium. Le fondeur annonce plus de 300 applications disponibles pour le premier processeur Intel architecturé en 64 bits. Mieux, l’Itanium n’est pas encore commercialisé qu’Intel annonce déjà son successeur développé, toujours, en partenariat avec Hewlett Packard : nom de code « McKinley ». Intel n’a pas dévoilé grand chose de ses technologies et s’est contenté d’en démontrer les capacités en faisant tourner trois systèmes d’exploitation sur un serveur équipé du McKinley. Enfin, le premier des fondeurs poursuit ses investissements massifs dans la recherche sur les technologies de fabrication avec 12 milliards de dollars prévus en 2001. L’introduction du cuivre (meilleur conducteur que l’aluminium), la production de galettes de silicium en 300 millimètres de diamètre (qui, selon les analystes, permettent d’économiser 40 % sur le prix de fabrication d’une puce, par rapport aux wafers de 200 mm plus couramment utilisés actuellement) et la gravure en 0,13 micron bénéficieront, entre autres, de ce faramineux budget.

L’environnement mobile n’est pas oublié et Intel s’attache à fournir des processeurs spécifiques comme un récent Pentium III à 700 MHz en technologie SpeedStep (qui permet d’économiser l’énergie en basculant la fréquence du processeur selon que le portable est alimenté par batterie ou sur secteur). Les bons résultats des ventes de Pentium III Xeon (qui équipent environ 85 % des serveurs vendus en 2000, selon les analystes) mettent Intel en confiance pour le lancement d’un Pentium 4 Xeon (nom de code « Foster ») prévu pour le prochain trimestre. « Le Foster sera une fois et demi à deux fois plus performant que les solutions actuelles », promet Paul Otellini, le vice-président. Foster devrait supporter la DDR SDRam.

Bref, sauf révélation de dernière minute (l’IDF clôt ses portes le 1er mars 2001), le rendez-vous de printemps d’Intel n’aura rien annoncé de révolutionnaire mais aura permis de confirmer les orientations prises par l’entreprise ces derniers mois. Prochain rendez-vous du 27 au 30 août 2001.