Intel/Apple : lutte marketing sur les processeurs

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Lundi 2 juin 2003, Intel et Apple ont annoncé simultanément des baisses de tarif sur leurs produits. Les deux constructeurs devraient s’affronter pendant une partie de l’année, d’une part en raison de la stratégie Centrino du fondeur de puces, de l’autre du fait de l’adoption de processeurs plus rapides durant le second semestre.

Apple ne devrait pas mourir en 2003 ! La firme se débat pour continuer de survivre dans une industrie informatique déprimée, qui se bat à grands coups de baisses tarifaires. Lundi 2 juin, ce sont tous les portables d’Apple qui ont profité de ces baisses : entre 358 et 598 euros sur la ligne de PowerBook et entre 120 et 420 euros sur la ligne d’iBook ! Conséquence immédiate de ces baisses de prix, qui ont été synchronisées à l’échelle de la planète dans la même journée : les prix européens se retrouvent pour la première fois dans l’histoire d’Apple aux mêmes niveaux que les prix américains (aidés, il est vrai, par la relative faiblesse du dollar par rapport à l’euro). Attention : il s’agit des prix hors taxes. Conclusion : l’achat d’un de ces portables devient une sacrée affaire, surtout en Europe ! Cette baisse de prix est tombée au même moment que celle, entre 19 et 34 %, réalisée par Intel sur son processeur Pentium M. Quelle rapport avec Apple ? Le Pentium M est le coeur de l’architecture Centrino (voir édition du 21 février 2003) mise en avant par le premier fondeur mondial, et prévue pour permettre aux portables PC de fonctionner sans fil à la patte et sans surchauffe (voir édition du 11 mars 2003). Ces processeurs doivent notamment aider à vendre les Tablet PC dont les ventes restent, selon les constructeurs, décevantes. De fait, l’architecture permet aux ordinateurs de disposer d’une autonomie supérieure et de se connecter à des réseaux sans fil Wi-Fi. Deux domaines dans lesquels Apple semblait dominer la concurrence.

L’introduction de Centrino donne en fait un peu plus de mal à Cupertino, le siège d’Apple, qui a prévu de se focaliser cette année sur les ordinateurs portables, seul segment de marché sur lequel la firme reste en mesure de donner du fil à retordre à sa concurrence. En 2003, le taux de conversion a profité au marché des portables : la conjugaison portable/technologie sans fil oriente la clientèle ostensiblement vers les machines équipées pour le Wi-Fi et Bluetooth. De ce point de vue, les portables Apple ont encore une longueur d’avance, puisque les dernières machines intègrent la norme 802.11g (voir édition du 13 janvier 2003) et Bluetooth, alors qu’Intel n’offre que le 802.11b. Et encore, un bogue empêche, selon nos confrères de PCImpact, les portables Centrino de se connecter à des réseaux privés virtuels (ceux des entreprises). Il devrait être réglé dans les semaines qui viennent. Enfin, le remaniement des prix d’Apple jette un doute sur la prochaine révision de sa ligne de portables PowerBook, dont celui qui doit remplacer le fameux TiBook (voir édition du 6 novembre 2002). Utilisera-t-il réellement un G4 ou passera-t-il au PowerPC 970 d’IBM ? Le fait qu’il s’agit de la machine préférée des développeurs, qui doivent justement programmer en 64 bits pour le futur processeur, induit un doute légitime !

Pentium 4 à 3,2 GHz contre PowerPC 970 ?

Justement : la confrontation Intel/Apple pourrait bien reprendre le 23 juin, le premier jour de la WWDC (WorldWide Developper Conference) qui réunit les programmeurs de Mac. Intel prévoit en effet de lancer son Pentium 4 tournant à 3,2 Ghz en même temps que l’annonce d’Apple de son passage aux processeurs 64 bits, les puces actuellement les plus puissantes du monde ! A moins qu’Intel choisisse de l’annoncer une semaine avant (le 16 juin) pour étouffer la « surprise » préparée par la Pomme (du moins si les folles rumeurs qui animent depuis près d’un an les esprits des aficionados s’avèrent). La date du 23 juin n’a sans doute pas été choisie au hasard. Selon nos confrères de X-bit Labs, Intel prévoit de commercialiser ce Pentium gravé en 0,13 micron, le plus rapide du monde, au prix de 637 dollars. Pour le fondeur, cette annonce se veut purement formelle. Mais pour Apple, elle signifie qu’il faudra étouffer le contre-feu qu’elle est susceptible de susciter en mettant en avant les avantages de la nouvelle puce qu’elle est censée utiliser. Les derniers commentaires issus de l’industrie paraissent clairement confirmer un tel match : tandis que le PowerPC 970 d’IBM (voir édition du 24 janvier 2003) est actuellement livré à 0,13 micron, la production du prochain PowerPC de Motorola au même niveau de gravure ne sera lancée que durant le mois de juin. Or, Apple doit absolument sortir des machines destinées à sauver sa ligne de PowerMac qui, selon les revendeurs, ne se vendent qu’au compte-gouttes. Le G4 ne suffira pas à contrer un Pentium à 3,4 GHz. Le match Intel/Apple devrait donc voir le plus rapide processeur du monde confronté au plus puissant sur le même créneau de marché ! Ce match pourrait aussi marquer l’abandon relativement rapide de puces Motorola dans les machines d’Apple, la firme devant pousser ses clients à renouveler leur parc de machines. Encore faut-il que le processeur utilisé se présente bien comme celui que la rumeur nous a décrit !