Internet pénètre dans les téléviseurs

Mobilité

Plusieurs constructeurs, dont Thomson et Philips, sont sur les rangs pour faire entrer Internet et de nouveaux services interactifs dans nos postes de télévision. Premiers soubresauts en France à partir de cet été.

Dans le cours de l’année 2000, plusieurs industriels de l’électronique grand public prévoient de lancer en Europe (et en France) une panoplie de boîtiers ou de téléviseurs capables de surfer sur Internet et d’offrir la première génération de services vraiment interactifs. Dès cet été, la société Tak, filiale de Thomson (70% du capital) et de Microsoft (30%), commercialisera dans l’Hexagone une gamme de téléviseurs munis intégrant un module Internet.

Vendus d’abord exclusivement sous la marque Thomson, ils devraient tourner autour de 4000 francs, voire moins. « Ce sera bien plus qu’un simple téléviseur capable de naviguer sur Internet. Nous offrirons directement des services d’information traditionnels comme la météo, les actualités ou les grilles de programmes. On pourra aussi voter en ligne lors d’une émission ». Pour rédiger son courrier électronique ou taper l’adresse des sites sans jongler avec les touches de la télécommande, un clavier sans fil à infrarouge sera disponible en option.

Le fabricant français Netgem veut lui aussi intégrer les fonctions Internet en standard dans les postes de télévision. Il a déjà présenté l’an dernier un module susceptible d’intéresser les constructeurs (voir édition du 24 mars 1999). Reste qu’on attend toujours d’en voir les prouesses. Sa sortie était prévue avant la fin 1999. Patience, promet Netgem, les premiers contrats avec les industriels de l’électronique grand public pourraient être signés « dans les prochains jours »

La société revendique par ailleurs la vente de 100 000 décodeurs Internet « Netbox » en Europe pour l’année 1999. Même si les ventes en France sont très marginales (environ 1 % du total), Netgem assure que les marchés italien, espagnol ou finlandais sont friands de ces boîtiers externes qui se branchent sur la télévision pour surfer sur la Toile. Les industriels américains sont d’ailleurs de plus en plus nombreux à y voir un nouvel eldorado.

Ainsi, le spécialiste des semi-conducteurs National Semiconductor s’est associé à la société PlanetWeb pour lancer aux Etats-Unis un lecteur DVD relié à la Toile. L’iDVD, c’est son nom, a été présenté au Consumer Electronics Show (CES) la semaine dernière à Las Vegas et permettrait, selon leurs concepteurs, d’accéder au story-board d’un film, à des actualités ou d’accéder au site Web d’un réalisateur.

De son côté, le géant AOL ne chôme pas. Propulsé au rang de géant des contenus audiovisuels depuis le rachat de Time Warner (voir édition du 10 janvier 2000) , le groupe va jouer dans les prochaines années un rôle majeur concernant la convergence de la télévision et d’Internet. Depuis plusieurs mois, il prépare un décodeur AOL TV dont Philips assurera la fabrication. Mais les ambitions du géant pour le « petit » marché hexagonal sont encore floues.

Microsoft et son WebTV ont également depuis longtemps fait part de leur intérêt pour la télé interactive. Toutefois, si ce décodeur Internet existe depuis plus de deux ans aux Etats-Unis, sa sortie en Europe a été plusieurs fois reportée.

Enfin, il existe une troisième porte d’entrée qui permettra à Internet d’entrer dans la salle à manger : c’est le magnétoscope numérique. Deux jeunes sociétés, Replay TV et Tivo se sont déjà distinguées sur ce marché bourgeonnant outre-Atlantique. Leur engin est doté d’un disque dur pour enregistrer les programmes et les livrer à la demande. Le magnétoscope Tivo peut stocker entre 14 et 30 heures de programmes. Il est relié en permanence aux serveurs de la société, via Internet, pour mettre à jour les programmes et proposer au téléspectateur des émissions qui correspondent à ses centres d’intérêt. Des partenariats ont été signés avec des fournisseurs de contenus américains comme NBC ou HBO.

Les avantages sont multiples. D’abord, la lecture instantanée sur le disque dur se révèle beaucoup plus rapide qu’avec les cassettes à bande qu’il faut rembobiner la plupart du temps. Autre nouveauté, l’enregistrement d’une émission en direct n’empêche pas de faire une pause pour revoir une séquence au ralenti par exemple. La sauvegarde continue, et si le téléspectateur manque le début d’un show en cours, il peut revenir sur les premières minutes sans mettre en péril la continuité du programme. En revanche, il n’est pas prévu de pouvoir stocker ses films comme on le fait avec des cassettes.

Partenaire de Tivo, Thomson pourrait participer à la commercialisation de ce magnétoscope en Europe. A l’heure où nous écrivons ces lignes, la société n’était pas disponible pour apporter davantage de précision. Quoiqu’il en soit, l’informatique promet une avalanche de nouveaux gadgets. Fin août 1999, Thomson présentait un prototype de téléviseur fonctionnant à la voix, grâce à un module de reconnaissance vocale, où la télécommande recèle le microphone. Lancement prévu dans quelques mois en France et en Allemagne…

Pour en savoir plus :

* Tivo

* WebTV

* ReplayTV