Interopérabilité : l’Aful rejoint l’April dans l’analyse de l’ouverture de Microsoft

Cloud

Pour l’Association des utilisateurs de Linux, il faut être naïf pour croire à un réel changement de stratégie de Microsoft.

Les réactions se poursuivent suite à l’annonce de Microsoft vers plus d’interopérabilité. Après celles de l’April et de l’Afdel, puis le scepticisme de la Commission européenne, l’Aful a fait part de son sentiment. Si l’Association francophone des utilisateurs de linux et des logiciels libres se montre moins tranchée que l’April, elle n’en reste pas moins très méfiante à l’égard de l’initiative de Redmond.

« Confronté à la demande d’ouverture et de concurrence de nombreux grands comptes, et de la Commission européenne […] il serait naïf de croire à un réel changement [de la stratégie de Microsoft]« , écrit l’association dans son communiqué. Si l’Aful « ne peut que se satisfaire de voir reconnue l’importance des principes d’ouverture et d’interopérabilité« , elle insiste sur la « démarche […] économiquement et politiquement nécessaire, car les anciennes pratiques ne seront bientôt plus acceptées« . Mais s’interroge sur la mise en oeuvre de cette ouverture.

Celle-ci passera par l’accès à une importante documentation technique « dont on ne sait s’ils pourront être réellement exploitables« . L’Aful se demande en effet si les conditions fixées par Microsoft à travers la distribution de licences avec de faibles royalties ou « non discriminatoires » seront compatible avec l’essence même du libre. « Microsoft sait fort bien que le principe même des royalties change fondamentalement les caractéristiques économiques du logiciel en introduisant un coût unitaire inapplicable avec les nouveaux modèles économiques liés aux logiciels libres« , analyse l’organisation.

Sur ce point précis de soumettre l’accès aux sources techniques à des accords de licences, l’Aful rejoint donc l’analyse de l’April. Elle ajoute également un point sur « la définition très réductrice de l’interopérabilité« . Laquelle « n’est pas uniquement connaître les spécifications des formats actuels de Microsoft, mais passe obligatoirement par des formats ouverts, pérennes et exempts de tout brevet, définis par des organismes tiers comme les organismes internationaux de normalisation« . En la matière, l’Aful entend poursuivre son combat contre la normalisation du format bureautique OpenXML « inacceptable en l’état » que Microsoft maintient auprès de l’ISO qui l’a rejeté une première fois.

En revanche, le signe d’ouverture de Microsoft enchante l’Aful dans la mesure où l’éditeur « reconnaît officiellement pour la première fois que les brevets logiciels bloquent le développement des logiciels libres ». En conséquence, l’Aful encourage Microsoft « dans cette voie que nous espérons n’être que le premier pas, et souhaitons de tous nos voeux qu’elle tende vers des objectifs vertueux de saine concurrence et de respect des règles anti-monopoles« .