Interview Corinne Bach – Vivendi Village : « Nous suivons une logique de groupe industriel intégré »

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La co-présidente de Vivendi Village précise le positionnement de cette branche de Vivendi qui fait le lien entre l’esprit start-up et les autres divisions (Canal Plus, Universal…).

Quel est le point commun entre MyBestPro (mises en relation digitale entre particuliers et professionnels), Digitick (e-ticketing), Radionomy (publicité sur les radios digitales) ou WatchEver (VoD en Allemagne) ?

Toutes ces sociétés ayant dépassé le stade de start-up développent leurs activités au sein de Vivendi Village.

Pour la première fois, à la mi-avril, cette entité du groupe Vivendi, qui rassemble des sociétés de services numériques et des structures dédiées au spectacle vivant (dont l’Olympia), a présenté ses activités et son portefeuille de sociétés en favorisant des synergies avec le core business de Vivendi dans les contenus, le cinéma (Canal Plus) et la musique (Universal).

Corinne Bach, qui co-préside Vivendi Village avec Simon Gillham, précise les ambitions de cette structure inédite.

(interview réalisée le 14 avril 2016)

ITespresso.fr : Comment définir le positionnement de Vivendi Village ?

Corinne Bach : A travers Vivendi Village, on a regroupé les activités du numérique et celles du spectacle vivant (détection de talents, exploitation des salles, production…) du groupe Vivendi. Le point commun entre ces deux familles d’activités, c’est que derrière ces sociétés, on trouve toujours des entrepreneurs. Ce sont des sociétés à taille humaine, réactives et agiles. Et cela fonctionne bien entre les deux univers.

Sous l’angle de l’Internet, ce sont des sociétés que l’on a soit achetées soit développées. C’est aussi une part du résultat de l’histoire : il y avait des sociétés que l’on avait déjà dans le groupe que l’on a rassemblées au sein de Vivendi Village.

Vu sous un autre angle, c’est aussi un regroupement de talents pour les spectacles et pour les entrepreneurs.

ITespresso.fr : Comment attirez-vous les start-up vers Vivendi Village ?

Corinne Bach : Le fait qu’il y ait une structure existante pour accueillir les start-up et qui dispose déjà de cette ADN d’agilité d’entrepreneuriat [« We try, we fail, we fix », l’une des expressions favories de Vincent Bolloré] est extrêmement attractif. Les petites sociétés que l’on accueille pourront également bénéficier de la chaîne de valeur de Vivendi en travaillant avec Canal Plus ou Universal. Elles pourront se développer grâce au reste du groupe.

Vivendi Village n’est pas un fonds d’investissement. Il ne s’agit pas de prendre des participations financières de manière éparpillée. Nous sommes dans une logique de groupe industriel intégré.

On achète des sociétés dans lesquelles nous avons la majorité du capital et donc le contrôle. On reçoit beaucoup de dossiers. On travaille dessus avec l’équipe fusion-acquisition de la maison-mère et les divisions du groupe.

ITespresso.fr : Vivendi Village est à percevoir davantage comme une structure de diversification des activités de Vivendi ou de consolidation des core business du groupe ?

Corinne Bach : Il ne s’agit pas de refaire de la musique ou de la télé dans Vivendi Village. C’est toujours en périphérie. Avec les sociétés qui intègrent le Village, on pense qu’il y a un potentiel de création de valeur avec le reste du groupe.

Par exemple, Radionomy est un client d’Universal, tout comme les autres labels. Elle peut aussi collaborer avec Dailymotion parce que c’est en premier lieu un business de régie publicitaire. Digitick, les liens sont évidents avec le monde du spectacle.

MyBestPro est très innovant, même si son activité est décalée par rapport au reste du groupe. Il constitue un peu l’aiguillon de notre savoir-faire dans le digital (comme le SEO ou SEM pour le référencement sur Google). L’équipe a partagé son expertise, ce qui a permis d’augmenter le trafic des autres sites Web du groupe. MyBestPro travaille aussi en Afrique sous l’angle de l’éducation avec Bordas.

ITespresso.fr : Pourquoi Dailymotion (propriété de Vivendi) ne fait pas partie de Vivendi Village ?

Corinne Bach : Parce qu’il existe une plus grande proximité naturelle avec Canal Plus. C’est une autre logique avec des contenus vidéo que l’on promeut sur Dailymotion comme Les Guignols par exemple.

ITespresso.fr : Dans quelle mesure accordez-vous de la souplesse dans le développement des sociétés ayant intégré Vivendi Village ?

Corinne Bach : Il y a un rôle de gouvernance classique des grands groupes dans le travail d’élaboration du business planning et de budget. Et après, les sociétés sont très autonomes pour piloter leur business qui est déjà mûr. S’il est nécessaire de faire la jonction avec le reste du groupe, nous sommes là pour les accompagner dans leur développement.

ITespresso.fr : Quel est le prochain grand projet de Vivendi Village ?

Corinne Bach : Nous voulons ouvrir la première salle de cinéma au Cameroun (Canal Olympia, à la fois salle de cinéma, de spectacles et de concerts). Elle doit être opérationnelle à Yaoundé le 14 juin prochain.

En 20 ans de parcours professionnel, c’est la première fois que je me retrouve sur un marché avec quasiment pas de concurrence. Il faut s’adapter au marché et répondre aux besoins locaux. Il existe une telle demande sur place. L’exploitation de salles de cinéma avait disparu au cours des dix dernières années en raison du piratage et du manque de confiance des acteurs de la chaîne cinéma pour envoyer leurs films. Maintenant, il existe des technologies qui permettent de bien protéger les contenus.

Nous appuyons sur le groupe Bolloré et Canal Plus (présent dans 20 pays en Afrique, 2 millions d’abonnés en s’appuyant sur un modèle pré-payé) pour avancer en Afrique.


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