Interview Emmanuel Olivier – La dématérialisation vue par Esker : « Réduire le papier, pas le supprimer »

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Spécialiste de la démat’ des documents en entreprise, Esker fête ses 30 ans. Le DG d’Esker fait le point sur la stratégie de sa société à l’envergure internationale.

Basé à Lyon, Esker est un des leaders mondiaux de solutions de dématérialisation de documents en mode cloud.

La société, qui dispose d’un effectif de 320 personnes et qui revendique 11 000 clients, fête cette année son trentième anniversaire.

En 2014, la société a réalisé un chiffre d’affaires de 46,1 millions d’euros.

Avec 2/3 de son chiffre d’affaires réalisé à travers dix filiales (Europe, Etats-Unis, Asie et Océanie), Esker figure dans le petit club des éditeurs de logiciels français majoritairement tournés vers l’export.

(Interview réalisée le 3 juin 2015)

ITespresso.fr : Quels sont les atouts d’Esker face à ses principaux concurrents ?

Emmanuel Olivier: Nous sommes le 1er éditeur dans le domaine de la dématérialisation à avoir entièrement misé sur le cloud et un acteur mondial majeur. Aujourd’hui, 90% de nos projets se font en mode cloud. Nos clients traitent environ 30 millions de documents dématérialisés par mois sur nos plateformes.

Par ailleurs, notre offre est plus large que celle de nos concurrents. Ainsi, le français Itesoft est presque exclusivement centré sur la dématérialisation des factures fournisseurs. Outre ce type de factures, Esker traite les commandes aux fournisseurs, la prise de commande et la facturation des clients.

Enfin, nous sommes bien placés pour accompagner les sociétés françaises qui opèrent à l’international et les entreprises mondialisées qui recherchent un partenaire capable de les accompagner.

Pour BASF, par exemple, cela représente 3 millions de factures fournisseurs par an dans 30 langues.

ITespresso.fr : Pour les offres en cloud, faites-vous appel à des partenaires pour l’hébergement  ?

Emmanuel Olivier: Nous sommes propriétaires des serveurs mais nous hébergeons nos solutions chez des prestataires dont c’est le métier. En France, il s’agit de COLT [opérateur télécoms dont les services s’adressent exclusivement aux entreprises, ndlr].

Pour les USA, l’Asie et l’Australie, nous avons d’autres prestataires.

ITespresso.fr : Quelle est la proportion d’entreprises français passées à la dématérialisation ?

Emmanuel Olivier: Il y a d’abord celles qui ont engagé une première démarche dématérialisation telle que la numérisation des factures à des formats standards tels que le PDF. Cela représente plus de la moitié des entreprises.

La part de celles qui ont dématérialisé la totalité du traitement est beaucoup plus faible et représente à ce jour près de 10 % des entreprises.

ITespresso.fr : Que vous apporte l’acquisition récente de CalvaEDI ?

Emmanuel Olivier: Pour nous, c’était le moyen le plus rapide de progresser dans le domaine de l’EDI (Ndlr: CalvaEDI est un fournisseur de services EDI destinés aux besoins des transports routiers et de la logistique).

Dans l’imaginaire des clients, l’EDI signifie que les flux numériques à l’intérieur et à l’extérieur d’une entreprise sont complètement automatisés mais il y a loin de la coupe aux lèvres dans ce domaine.

De plus en plus, l’Edi est un objectif de dématérialisation, c’est pourquoi Esker, acteur majeur, est tenu d’y être présent.

ITespresso.fr : Existe t-il des différences entre les pays européens sur le marché de la dématérialisation ?

Emmanuel Olivier : Oui, la situation n’est pas la même partout. Le domaine de la dématérialisation est régulé par des directives européennes mais la manière dont elles sont transcrites et appliquées est différente pour chaque pays. A

Au Royaume-Uni, les procédures sont très simplifiées et les échanges électroniques beaucoup plus développés qu’en France.

D’autre pays dont l’Allemagne et surtout la France ont rajouté de la complexité fiscale, notamment pour ce qui concerne l’obligation de signature électronique des factures, ce qui ralentit la mise en place de la dématérialisation.

Les sanctions sont lourdes en cas d’erreur ou de négligence, plus de 1000 euros de redressement par facture.

Esker s’est adapté à cet environnement restrictif  en s’adaptant aux demandes des clients.

Soit le traitement électronique des documents de bout en bout entre deux sociétés équipées d’un système de GED, soit la rematérialisation papier si l’une des deux parties, n’est pas dotée de GED.

L’approche d’Esker, c’est de réduire le papier, pas de le supprimer.

ITespresso.fr : Quels sont les prochains projets d’Esker ?

Emmanuel Olivier : En France, après l’Espagne et l’Italie, les entreprises privées devront envoyer obligatoirement des factures électroniques aux organismes publics, à partir de janvier 2017 pour les plus grandes.

Nous sommes sollicités par des clients qui veulent d’ores et déjà se préparer à cette échéance. Ce sera un moteur de croissance pour nous.

Sur le plan international, nous poursuivrons notre développement en Asie où nous sommes déjà présents (Singapour, Kuala-Lumpur, etc. ) et nous visons le marché chinois.

Nos grands clients internationaux tels BASF, Honeywell, Philips, nous demandent d’être présents dans cette zone pour les accompagner dans leur développement.

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