Interview Fariborz Farhoudi – Spie Communications : « La transformation numérique est aussi organisationnelle »

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Nouveau directeur Innovation et Transformation digitale de Spie Communications, Fariborz Farhoudi est chargé d’apporter le changement en interne mais aussi auprès des entreprises clientes.

Les cordonniers sont parfois les plus mal chaussés. Il suffit de se rendre dans les locaux de certaines ESN* pour voir des postes de travail d’un autre âge.

Filiale de services numériques du groupe Spie (ingénierie électrique et construction), Spie Communications a décidé de porter la transformation digitale à la fois en interne et en externe. C’est le rôle dévolu à Fariborz Farhoudi qui inaugure, depuis le mois dernier, le poste de directeur innovation et transformation digitale.

Ce diplômé de Skema Business School et de l’Université des sciences et technologies de Lille a fait la quasi-totalité de sa carrière chez Spie Communications. Ce qui lui sera utile pour emporter l’adhésion.

Entré en fonction le mois dernier, Fariborz Farhoudi a déjà une feuille de route bien arrêtée.

*ESN : entreprise de services numériques (nouvelle dénomination des SSII)

ITespresso.fr : Porter la culture du numérique dans une ESN doit-être plus facile ?

Fariborz Farhoudi : Bien sûr. Pour autant, le volet conduite du changement ne doit pas être négligé. Avec le futur poste de travail qui intégrera des outils collaboratifs et de communications unifiées, le téléphone, en tant qu’objet physique, disparaîtra. Il sera déporté sur le PC ou la tablette.

Munis d’un micro-casque, nos 3200 collaborateurs pourront passer des appels, mais aussi chatter, partager des documents, tenir des réunions virtuelles. Que ce soit dans nos locaux, en situation de mobilité ou en télétravail. Ce n’est pas un gros changement pour des jeunes de la génération Y baignée dans la culture Skype, cela peut l’être pour des profils plus seniors.

Nous réfléchissons d’ailleurs à un programme de reverse monitoring. Un commercial qui continue à prospecter au téléphone sans utiliser LinkedIn comme premier point de contact perd des opportunités. Un jeune peut lui montrer les opportunités business des réseaux sociaux. L’innovation ne doit pas être un gadget.

ITespresso.fr : Comment susciter l’innovation en interne ?

Fariborz Farhoudi  : La transformation numérique n’est pas que technologique, elle est aussi organisationnelle. L’innovation vient souvent du terrain.

Nous lançons une démarche de type lean management autour de nos process afin de prendre en compter les bonnes méthodes. Pourquoi une mission est réalisée en 4 heures dans une agence, et en 2 heures dans une autre ?

Le groupe Spie organise depuis plus de dix ans un « concours innovation » qui permet à tous les collaborateurs de proposer leurs idées dans tous les domaines, depuis les nouvelles offres clients jusqu’à des sujets qui peuvent toucher les ressources humaines ou les achats.

Nous prévoyons d’élargir ce brainstorming géant pour qu’il ne se limite pas aux seuls volontaires qui ont pris le temps de monter un dossier.

Pour faciliter les échanges, nous allons faire évoluer l’aménagement des bureaux pour pouvoir, par exemple, regrouper physiquement des personnes le temps d’un projet dans un même espace. Un open space intelligent.

ITespresso.fr : Une nouvelle organisation qui servira de vitrine pour vos clients ?

Fariborz Farhoudi : Oui, les PME et les ETI ne sont pas forcément structurées pour mener à bien leur digitalisation. Leurs DSI ont souvent des profils technologiques sans forcément avoir une vision business. Nous pouvons leur apporter des solutions dans les communications unifiées ou le cloud et, bientôt, la cybersécurité.

Depuis 2014, Spie communications est organisée par lignes métiers et non par agences. Il est important d’être imprégné des problématiques métiers pour co-construire des solutions et les usages qui vont avec.

Nos « digital labs » sont équipés des dernières technologies de nos fournisseurs partenaires. Ce qui nous permet de monter des maquettes et de démontrer l’interopérabilité de différentes briques.

ITespresso.fr : L’innovation vient aussi des startups…

Fariborz Farhoudi : Tout à fait, nous tissons des liens avec des startups régionales, des écoles d’ingénieurs, des universités, des institutions.

Nous avons constitué depuis quatre ans un écosystème autour de l’e-santé, du maintien à domicile du patient à la téléconsultation. Nous avons remporté deux grands projets de plateforme de télémédecine en Bretagne et en Midi-Pyrénées.

De la même manière, dans monde de l’éducation, nous avons gagné l’appel d’offres d’un conseil régional. Il s’agit de proposer aux élèves et aux enseignants des applications en mode SaaS, de type ENT (Espace numérique de travail).