Interview Julien Hobeika – Julie Desk : « Reprendre le contrôle de son emploi du temps »

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Julien Hobeika - JulieDesk - light

Le directeur général et co-fondateur de Julie Desk présente cette assistante virtuelle, basée sur l’intelligence artificielle.

ITespresso.fr : Quelle est la genèse de Julie Desk ?

Julien Hobeika : Avec mes deux associés, nous nous sommes rencontrés sur les bancs de l’école polytechnique et après une première expérience aux Etats-Unis, nous avons souhaité monter notre start-up, WePop, avec l’idée de simplifier l’organisation d’événements pour le grand public.

Malgré un certain succès dans les stores avec plus de 250 000 downloads, nous avons réalisé que la fréquence des usages était trop faible et nous avons décidé d’entamer un premier virage pour cibler les professionnels et en particulier les personnes qui voulaient reprendre le contrôle de leur emploi du temps.

Nous avons progressivement abandonné l’idée d’un app ou même de plugin au profit d’une simple assistante virtuelle, Julie, avec qui nous pourrions converser avec un simple email.

ITespresso.fr : Julie Desk c’est quoi ? un doodle killer ?

Julien Hobeika – Julie Desk est une assistante virtuelle, accessible avec un simple e-mail, à qui vous déléguez votre prise de rendez vous. Mais ce service est beaucoup plus avancé que Doodle puisque Julie dialogue avec vos interlocuteurs, recherche les créneaux horaires disponibles, fixe le lieu de rendez-vous et peut également prendre en charge un changement de planning de dernière minute.

Pour des professionnels débordés, qui doivent en permanence gérer un grand nombre de rendez-vous, c’est un outil de productivité fort apprécié, surtout si vous devez jongler, comme aux Etats-Unis, sur plusieurs fuseaux horaires différents.

Avec Julie Desk, cette complexité disparaît puisqu’elle s’occupe de tout, 24 heures sur 24, de jour comme de nuit.

ITespresso.fr : Julie Desk c’est un automate ou un agent réellement intelligent ?

Julien Hobeika – Nous avons eu une réflexion comparable à celle de Taylor ou de Ford dans l’automobile, en décomposant toutes les tâches élémentaires pour la prise de rendez vous : la personne est-elle déjà connue oui ou non ? Veut-elle fixer un appel téléphonique ou un vrai rendez-vous ? Le mail comporte-t-il des dates, des créneaux horaires ? Est-ce que d’autres participants sont dans la boucle ?, etc.

A chacune de ces questions correspond des règles qui sont effectivement appliquées strictement par l’algorithme. Mais nous avons également ajouté du machine learning, pour que Julie identifie elle-même de nouveaux patterns et enrichisse l’arbre de ramification des réponses possibles.

Nous essayons de développer nos propres technologies NLP (Natural Language Processing) à partir de briques open source afin de devenir les meilleurs sur ce sujet de la prise de rendez-vous.

ITespresso.fr : Julie Desk pourrait-elle offrir des services de conciergerie ?

Julien Hobeika : C’est le positionnement d’autres start-up américaines ou françaises mais je ne pense pas que Julie suivra cette voie-là. Nous voulons rester un outil de productivité mais le service à par contre vocation à s’enrichir en s’interconnectant avec d’autres bases de données.

Julie peut par exemple se brancher sur des bases open data publiques, identifier des incidents (grèves, bouchons, panne…) et décaler automatiquement un rendez-vous pour prendre en compte un temps de transport rallongé voire réserver elle même un billet de train ou une place au restaurant.

On pourrait aussi imaginer des outils de scoring des interlocuteurs ou des sujets proposés, pour qu’elle gère mieux les priorités. Nous avons également pleins d’idées dans le domaine du recrutement, pour que Julie gère les prises de rendez-vous avec les responsables RH. Les applications ne manquent pas.

ITespresso.fr : Dans quelle mesure votre service est-il concurrent de SIRI, Google Now ou Facebook M ?

Julien Hobeika : Les GAFA investissent effectivement dans l’intelligence artificielle et en particulier dans des assistants virtuels. Même si Apple semble miser sur un assistant vocal, tous ces services reposent en réalité sur les mêmes technologies de Natural Language Processing.

Nous pourrions être tentés de travailler avec ces géants, notamment en nous appuyant sur leurs briques d’intelligence artificielle, mais je pense que cela leur permettrait surtout d’enrichir leurs bases de données à moindre frais et de récupérer notre expertise.

Les GAFA proposeront des services généralistes mais Julie Desk sera le seul agent intelligent spécialisé dans la prise de rendez-vous et elle le fera mieux que les autres.

ITespresso.fr : Vous revendiquez déjà plusieurs centaines de clients et grands comptes, et vous facturez des dizaines d’euros par mois l’assistance de Julie pour chaque individu. Quel est l’avenir de Julie Desk ? Être racheté par un grand nom du logiciel et de la productivité comme Microsoft ? Rentrer sur le marché de la relation client ?

Julien Hobeika : Je ne pense pas que nous irons sur le marché de la prise de rendez-vous commerciaux. Julie Desk est un outil de productivité et pourrait peut être un jour venir enrichir l’offre d’un grand nom du logiciel.

Mais dans l’immédiat, notre priorité est d’offrir le meilleur service possible à nos utilisateurs en leur faisant gagner du temps.

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