Interview Lionel Baraban : « Famoco veut uberiser le sans-contact »

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Lionel Baraban

DG de Famoco, Lionel Baraban dévoile les ambitions de ce champion français du sans contact qui a intégré le Hub de Bpifrance. Quelles ambitions dans le paiement mobile et l’écosystème des objets connectés ?

ITespresso.fr : Les technologies sans-contact existent depuis près de 20 ans. Pourquoi l’heure serait- elle à la disruption ?

Lionel Baraban : Vous avez raison, les objets connectés et les cartes sans contact sont massivement utilisés dans le monde et nous estimons que le parc compte déjà près de 5 milliards d’objets à raison d’un milliard de plus chaque année.

Les applications se multiplient dans les transports, les contrôle d’accès ou désormais le paiement. Mais le marché reste paradoxalement très cloisonné : chaque carte a un usage unique

Famoco est un lecteur universel de cartes sans contact, équipé d’un module 3G et couplé à une solution MDM de gestion des applications dans le cloud. Nous estimons que ce boîtier va non seulement décloisonner les usages mais qu’il va révolutionner le secteur du sans contact.

ITespresso.fr : Qu’apporte ce boîtier par rapports aux traditionnels terminaux de paiement ou aux actuels smartphones, équipés pour lire les cartes NFC ?

Lionel Baraban : Les TPE [terminaux de paiement électronique, ndlr] sont fiables et sécurisés mais ils sont en retard d’une révolution technologique car ils sont incapables de gérer de nouvelles applications.

A l’inverse, les smartphones s’appuient sur des plateformes très ouvertes, mais souffrent du coup de gros problèmes d’homogénéité et de sécurité.

Famoco entend réunir le meilleur des deux mondes : un boîtier à la fois sécurisé et fiable, pour répondre aux problématiques des commerçants, et une plate-forme ouverte, administrable dans le cloud, facilitant la gestion des applications.

ITespresso.fr : Le NFC est critiqué pour sa sécurité. Pourquoi faire confiance à votre solution ?

Lionel Baraban : En France, certaines banques ont effectivement fait preuve d’une grande légèreté, en laissant les champs de la carte bancaire accessibles à n’importe quel lecteur NFC, sans le moindre chiffrement.

Mais ces erreurs de jeunesse sont en passe d’être réparées et la carte NFC offre désormais un très haut niveau de sécurité.

Côté lecteur, Famoco a également réalisé un gros travail pour sécuriser le terminal avec une carte à puce mais également un SAM (secured access module) pour apporter une sécurité matérielle maximale.

Côté logiciel, nous avons opté pour le kernel Android, que nous avons non seulement retravaillé mais également compilé à 100%, pour nous assurer qu’il n’y aurait aucune fuite de données.

Avec notre terminal et notre application MDM de gestion des applications, nous offrons ainsi une solution entièrement sécurisée, aussi bien pour les utilisateurs finaux que pour les commerçants.

ITespresso.fr : Vous ne redoutez pas la concurrence d’Apple, Google ou Samsung, également engagés dans le paiement NFC ?

Lionel Baraban : Outre ces grands groupes, Il y a effectivement une cinquantaine de start-up qui se battent comme des chiffonniers pour capter une partie du business des cartes bancaires.

Nous préférons nous concentrer sur l’équipement des commerçants, car les smartphones des consommateurs auront besoin de communiquer avec une nouvelle génération de terminaux de paiement.

Je ne pense pas que les smartphones remplaceront des appareils dédiés. Notre boîtier Famoco ne coûte que 100 euros contre plusieurs centaines pour un smartphone, il est fiable et peut facilement gérer des dizaines de transactions par jour, et enfin ce n’est pas un smartphone, ce qui réduit considérablement le risque de se le faire voler.

Enfin, avec son module 3G, Il peut équiper n’importe quel commerçant, y compris un taxi. Plutôt que d’acheter un deuxième smartphone, il vaut mieux acheter un Famoco.

ITespresso.fr – Dans quelle mesure ce boitier peur il décloisonner les usages sans contact ?

Lionel Baraban : Nous travaillons avec des régies de transports, qui misent sur Famoco pour faciliter la recharge de cartes prépayées voire les transformer en véritables cartes de paiement.

C’est une fonctionnalité très pertinente dans les pays émergents, encore peu bancarisés, qui n’ont qu’à donner du cash à un commerçant qui peut ainsi recharger la carte en un instant. C’est simple et hyper sécurisé.

Mais nous  voulons également adresser le marché du Business Process Management et les centaines de milliers de professionnels de la sécurité, du nettoyage, de la logistique, de la maintenance ou des services à la personnes.

Tous ces métiers vont être révolutionnés par les objets connectés, qui leur permettront de ne pas oublier une tâche importante, d’être géolocalisés ou encore de pointer chaque étape de leur intervention.

C’est un immense marché, moins médiatisé que celui des paiements, mais je pense qu’il présente un plus gros potentiel.

ITespresso.fr – Vous êtes encore une jeune pousse. Comment comptez-vous vous imposer sur un marché déjà bien adressé par des champions français de la monétique ou de la carte à puce ?

Lionel Baraban : La France compte effectivement de nombreux champions mais qui sont devenus arrogants, ce qui les empêche d’innover.

Nos modèles, ce sont des champions français comme Criteo ou Sigfox, dont nous sommes très proches, ou des sociétés américaines comme AirBnB ou Uber.

Après trois années de R&D, notre produit arrive enfin sur le marché et nous sommes convaincus qu’il dispose du potentiel pour « uberiser » le secteur du sans-contact.

Notre ambition n’est pas seulement de gagner de l’argent mais bien de changer le monde et les usages de milliards de consommateurs.

 

   

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