iPod Mini en retard : Apple en faute ?

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L’iPod Mini ne sera livré au monde qu’en juillet. Le réel succès des derniers produits d’Apple souligne le renouvellement de l’intérêt qui lui est porté. Mais ces retards successifs mettent en exergue l’impréparation de la firme à profiter de l’engouement créé.

Coup de tonnerre dans le petit monde la musique numérique : l’iPod mini (voir édition du 20 février 2004), la coqueluche des adeptes du style de vie numérique, prend 3 mois de retard sur sa date initiale de lancement prévue. Le petit baladeur numérique de la Pomme devait en effet être disponible courant avril ailleurs qu’aux Etats-Unis, où l’engin s’arrache depuis le mois de février. A tel point qu’on ne le trouve plus ni sur les étales des revendeurs, ni dans les rayons des Apple Store outre-atlantique ! Jeudi 25 mars 2004, Apple précisait dans un communiqué que la demande américaine dépassait nettement les capacités de production totale jusqu’au mois de juin. « Du coup, l’iPod mini, pour les autres continents c’est ceinture ! Et moi qui décomptais les jours avant le mois d’avril », semble hurler un fan sur un forum européen. « Je pensais que c’était dans une semaine les poissons d’avril », ironise quelqu’un sur un autre site. « Nous demandons aux gens d’être patient avec nous. Nous fabriquons et expédions les iPod mini aussi vite que nous pouvons », a assuré de son côté Greg Joswiak, l’un des directeurs marketing de la firme à nos confrères de USA Today. Apple a annulé ses présentations de l’iPod Mini à la presse en Europe prévue dans le courant du mois de mars. Cette rupture de stock majeure est la seconde que connaît la gamme. Déjà l’année dernière (voir édition du 6 février 2003), l’iPod avait connu une longue rupture de stock qui avait suscité une vague de réactions désappointées.

Tueur de compétition

Les observateurs oscillent entre deux réactions : se réjouir pour la Pomme, qui démontre par ce retard imprévu que son concept de solution de musique numérique fonctionne. Ou fustiger l’impréparation du constructeur, qui disposait pourtant de données de première main pour évaluer le niveau de la demande potentielle en se basant sur les ventes de son iPod. La nouvelle est à double tranchant pour les concurrents de l’iPod mini. S’il leur est possible de tenter de profiter de l’absence créé par la pénurie pour vendre leurs produits, une fois le rattrapage de production effectué, l’iPod mini se présente déjà comme un « tueur de compétition ». Une dénomination qui avait pourtant été reprise par Microsoft pour annoncer l’arrivée sur le marché européen au second semestre 2004 de son « Portable Media Center » (voir édition du 8 janvier 2004), qualifié de son côté de « tueur d’iPod ». Selon les analystes, la pénurie d’iPod mini devrait exalter la demande en Europe et dans le reste du monde. Du coup une question est à nouveau posée : la riposte de Microsoft fera-t-elle le poids face à la déferlante iPod Mini ?

Au-delà du succès d’Apple, le principal problème du retard de l’iPod mini, qui suit de près celui du Xserve demeure l’impréparation d’Apple dans les phases de lancement de produit. « Apple fait-elle des études de marché quand elle lance ce type de produit », s’interroge le participant d’un forum. « N’y a-t-il pas un problème logistique récurrent dans cette entreprise », semble lui rétorquer un autre intervenant. « Il y a quelque chose de pourri dans la production d’Apple », souligne en substance Jade sur une autre liste de discussion. Marketing ? Ventes ? Logistique ? Production ? Le problème semble plus profond : Apple annonce ses produits trop à l’avance, sans avoir créé de stock à écouler lors de la mise à disposition des produits. « Il est très difficile pour la firme de caler sa production sur des volumes de ventes qu’elle ne connaît pas », nous a affirmé un personnel d’Apple. « Nous calons notre production sur un objectif moyen et ajustons ensuite la capacité en fonction de la demande ». Problème : la firme vole de succès en succès, dépassant ses propres critères internes. Le PowerMac G5 ou le Xserve G5 ont connu des retards similaires (voir édition du 10 mars 2004). Et les prochains produits devraient connaître le même engouement, en raison de l’arrivée à maturité de Mac OS X, et du renouvellement de la demande sur le marché. Mais Apple sera-t-elle en mesure d’y répondre ?