IPv6 fait son entrée au Parlement par la petite porte en France

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Le gouvernement est interpellé à propos de l’adoption de l’IPv6 sous la forme d’une question écrite émanant de la député Laure de la Raudière (UMP, Eure-et-Loir). Dans le monde, la migration est lente.

La pénurie d’adresses IPv4 fait sentir le besoin de rendre les infrastructures « IPv6 Ready ».

En France, le monde de la politique commence à être sensibilisé à cette problématique cruciale pour l’Internet du futur.

Au moins deux voix s’élèvent à ce sujet : les députés Laure de la Raudière (UMP, Eure-et-Loir) et Corinne Erhel (PS, Côtes-d’Armor).

Comme nous l’avions relevé au détour d’un tweet, la première a récemment déposé une question écrite à l’intention d’Eric Besson, ministre en charge de l’Industrie, de l’Energie et de l’Economie numérique. Elle portait « sur les risques liés à l’épuisement des adresses IPv4 ».

« Certains pays ont mis une obligation de compatibilité à la norme IPv6 de tous les matériels (au sens large) connectés à Internet à partir d’une certaine date », peut-on lire en préambule de la question. « Au vu des enjeux économiques et sociétaux liés à la continuité de service de l’Internet en France, (…) quelle est l’analyse qu’en fait le Gouvernement et quelles sont les mesures qu’il entend prendre à ce sujet ?

La question a été publiée hier au Journal Officiel (le 14 décembre 2010).

La réponse officielle du gouvernement peut prendre un certain temps pour des raisons techniques.  En fait, le sujet IPv6 n’a jamais été réellement pris en compte par un gouvernement à ce jour.

IPv6 : adoption lente dans le monde

Nul besoin pour les entreprises de s’inquiéter en l’état actuel, considère Guillaume Simenel, responsable des équipes consultants techniques pour le compte de l’opérateur Reliance Globalcom.

Interrogé début décembre par Silicon.fr, il indiquait que « dans les faits, une entreprise n’aura pas de problème pour obtenir une entreprise IPv4 en début d’année prochaine ».

Pour le spécialiste, « il n’y a rien de catastrophique car l’IPv6 n’est pas nécessaire pour une entreprise qui utilise l’Internet fixe car le système de translation d’adresses (NAT) a repoussé de 10 ans le risque de pénurie d’adresse. Mais pour le frigo connecté à Internet, pour reprendre un exemple classique, cela va s’avérer indispensable. »

En d’autres termes, l’explosion du nombre de terminaux connectés à Internet, à commencer par les smartphones et tablettes, devrait permettre d’accélérer le déploiement de l’IPv6.

« Si l’Internet mobile donnera le signal de départ de l’adoption d’IPv6, cela passera inévitablement par une compatibilité au niveau du réseau fixe » , conclut Guillaume Simenel.

L’adoption du protocole IPv6 est trop lente pour bon nombre d’acteurs, craignant une pénurie d’adresses IPv4. Tous les pays ne sont pas égaux devant cette menace.

Le plus avancé est vraisemblablement le Japon. Dès l’an 2000, un discours du Premier ministre devant le Parlement indiquait qu’IPv6 devait être le cœur du déploiement futur de l’Internet dans le pays.

Une annonce qui avait été suivie d’incitations fiscales comme la réduction d’impôts entre 2001 et 2003 pour les entreprises et opérateurs déployant IPv6 dans le pays.

D’ailleurs, au moins trois fournisseurs majeurs ont intégré IPv6 (Internet Initiative Japan, NTT Communications et PoweredCom).

Leur offre destinée aux entreprises comprend la plupart du temps trois possibilités techniques : une connexion native IPv6 (IPv6 de bout en bout), le tunneling (paquet IPv6 est encapsulé dans de l’IPv4), et une double pile (le routeur supporte à la fois IPv4 et IPv6).

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