IPv6 : rien ne presse

Cloud

Le remplaçant du protocole Internet actuel, IPv6, qui devrait notamment permettre de faire face à l’inéluctable pénurie d’adresse IP, n’en finit pas d’être retardé. Pour quelles raisons ? En marge de la Semaine Européenne des Technologies de l’Information, nous faisons un point sur la question, avec Gwenaël Fourre, responsable marketing de Nortel.

IPv6, développé par l’Internet Engineering Task Force (IETF), devait résoudre les problèmes posés par les limitations de l’actuel IPv4, qui, notamment, ne procure qu’un nombre limité d’adresses. Or, d’après les spécialistes, le tout-IP allait submerger le réseau Internet. La télévision, le réfrigérateur, le chauffage, entièrement connectés à Internet, allaient nécessiter des centaines de millions de nouvelles adresses. IPv6, qui repose sur un système de codage à 128 bits en lieu et place des 32 bits pour le protocole actuel, permettra ainsi d’identifier un nombre quasiment infini d’objets connectés.

Le tout-IP n’est plus d’actualité

Mais voilà, depuis 5 ans, le basculement vers la version 6 du protocole Internet ne cesse d’être repoussé. Plusieurs raisons semblent expliquer ce retard. En premier lieu, le tout-IP n’est pour le moment pas encore une réalité. Après avoir crié au loup, il semblerait bien que les spécialistes admettent que l’arrivée de ces multitudes d’objets connectés au Réseau ne se fera pas dans un avenir proche. L’urgence n’étant plus de mise, d’autres solutions moins complexes ont pour le moment pallié le déficit d’adresses IP.

Des solutions alternatives

Gwenaël Fourre, product marketing manager chez Nortel, voit notamment deux technologies venant au secours de l’IPv4. Côté opérateur, la technologie MPLS (Multiprotocol Label Switching) limite l’attribution d’adresses IP. « Au lieu de l’adresse IP, l’opérateur se sert de labels qui permettent d’accorder des niveaux de priorité aux flux d’information. Chaque paquet IP est dès lors labellisé afin de lui faire suivre une route définie à l’avance par l’opérateur », explique-t-il. Côté entreprises, la technologie NAT/PAT permet d’attribuer en interne une adresse privée, ce qui évite d’utiliser plusieurs adresses publiques IP. En utilisant des adresses privées avec NAT (Network Address Translation), il est possible de partager une adresse IP unique au travers de plusieurs ordinateurs. Toutefois, ces adresses ne sont pas reconnues sur Internet. La technologie PAT reprend les caractéristiques du NAT à ceci près que l’on ne dispose que d’une seule adresse IP exposée, qui est fournie par le FAI lors de la connexion.

Ces alternatives, si elles fonctionnent, ne devraient pas pour autant retarder à jamais l’arrivée d’IPv6. Selon Nortel, le nouveau protocole Internet devrait être ratifié courant 2001 par l’IETF et sa mise en place devrait intervenir assez rapidement. Reste que si l’augmentation du nombre d’adresses IP disponibles n’est plus vraiment aussi pressante, IPv6 apporte aussi une réponse au problème de gestion de qualité de service. Qui doit notamment permettre aux opérateurs de facturer de nouveaux services de gestion de priorités de trafic et améliorer les transmissions « en direct » par le Web : téléphonie, broadcast,…