iTunes Music Store : déja 1 million de titres vendus

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Avec un million de morceaux vendus en une semaine par son magasin en ligne, le pari d’Apple est une réussite au delà des prévisions les plus optimistes. Les ventes de l’iPod confirment l’engouement pour la solution de la firme.

Le résultat est sans appel : alors que les commentateurs dissertaient encore sur la réussite du site en ligne d’Apple, l’iTunes Music Store (voir édition du 29 avril 2003) totalisait, après une semaine de fonctionnement, un million de ventes de titres. En supposant que les premiers chiffres de plus de 275 000 titres (200 000 selon certaines sources) vendus dans les premières 18 heures soient justes, le service a donc poursuivi son fonctionnement avec environ 120 000 ventes en moyenne par jour, week-end inclus. Ces chiffres, qui équivalent à près de trois ans de ventes en ligne des sites légaux comme Listen.com, sont d’autant plus parlants au vu des restrictions draconiennes mises en place par Apple : pour utiliser l’iTunes Music Store, il faut disposer d’une adresse de paiement aux Etats-Unis et de la version 4 de son juke-box iTunes, faire tourner son ordinateur sous la version 10.1.5 de Mac OS X, accessoirement avoir installé QuickTime 6.2 et surfer de préférence avec une connexion à haut débit ! Alors que seuls 20 % de la base installée de Mac a migré sous Mac OS X (soit environ 5 millions de machines) et qu’iTunes 4 a été téléchargé à 1 million d’exemplaires, l’exploit réalisé vaut le coup d’oeil (voir édition du 29 avril 2003) ! Steve Jobs n’en démord pas : « En moins d’une semaine, nous avons battu tous les records et sommes devenus la plus grande entreprise de musique en ligne du monde. Nous avons créé la solution complète de l’âge numérique : vous pouvez acheter vos morceaux préférés en ligne sur l’iTunes Music Store, les mixer dans une liste de lecture avec iTunes et emmener votre discothèque entière avec vous n’importe où avec le nouvel iPod (?). » Avec 110 000 iPod commandés en une semaine et 20 000 emportés dans les magasins de la firme ce week-end, il ne fait plus de doute qu’une partie de la rémunération d’Apple passera désormais par la musique (voir édition du 14 mars 2003).

Le fait est que la simplicité de la solution de la firme à la Pomme attire sur elle l’attention des commentateurs et des analystes. La réussite du lancement du service a bien évidemment provoqué l’augmentation du cours de bourse de la société. Jusqu’à dimanche toutefois, même si l’enthousiasme prévalait, les commentaires acerbes ne manquaient pas. Nombre de détracteurs d’Apple mettaient surtout en exergue sa part de marché restreinte, l’inexistence d’une version d’iTunes pour Windows ou encore la fermeture de l’iTunes Music Store aux mélomanes non américains ! Le côté expérimental de ce site de vente en ligne est pourtant évident : en se limitant aux aficionados les plus engagés (ceux qui réunissaient les conditions pour accéder au service), Apple était également sûre de pouvoir compter sur une base de testeurs particulièrement exigeants. Le concept étant bien ficelé, le résultat ne s’est pas fait attendre, même s’il ne paraissait pas devoir être aussi spectaculaire. Le commentaire du PDG de Warner Music est élogieux : « Parvenir à 1 million de chansons en moins d’une semaine, c’était totalement inattendu. Apple a montré aux fans de la musique, aux artistes et à l’industrie du disque qu’il existe effectivement une façon simple et efficace de distribuer légalement de la musique sur l’Internet. » En fait, les majors pensaient atteindre le million de morceaux vendus en un mois plutôt qu’en une semaine ! Les artistes, souvent acquis à la cause d’Apple, ne résistent pas à l’appel de Jobs : cette semaine encore, près de 3 200 titres supplémentaires devraient faire leur apparition en ligne. ColdPlay, Alanis Morissette ou encore Andrea Bocelli et Fleetwood Mac seront de la partie. Le catalogue devrait s’étoffer ainsi chaque semaine, tandis qu’un point sera fait le mardi sur les nouveautés ajoutées à la discothèque.

Evolution ou révolution ?

Evidemment, une version d’iTunes pour Windows est bien dans les tuyaux : de nombreux personnels d’Apple l’ont confirmé et une offre d’emploi postée sur le site de recrutement Monster.com accréditait cette thèse, même si on peut se demander si cette annonce ne fait pas partie de la stratégie marketing d’Apple. Concernant l’internationalisation du site, Pascal Cagny, le représentant de la Pomme en Europe, a confirmé que l’entreprise y travaillait pour la fin de l’année. Toujours est-il que la concurrence s’avère particulièrement secouée par l’expérience : « L’iTunes Music Store est une évolution, pas une révolution », a expliqué ainsi Matt Graves, un représentant de Listen.com, à nos confrères de Wired, « nous ne le considérons pas plus compétitif que ce que nous avons. » De fait, le catalogue dudit site dispose bien de près de 200 000 titres et permet même d’entendre des morceaux entiers (l’iTunes Music Store ne permet qu’une préécoute de 30 secondes). Mais il n’a pas connu la réussite du service d’Apple et risque la fin à terme, en raison de son modèle de rétribution basé sur des abonnements. Apple innove donc réellement, mais elle ne restera pas seule longtemps : son contrat avec les majors ne lui réserve pas l’exclusivité et d’autres acteurs chercheront sans doute à pénétrer le marché. On peut déjà penser que RealNetworks comme Microsoft ne tarderont pas à se pencher sur le modèle d’Apple. D’autant plus que la réussite de l’iTunes Music Store donne un bon coup de fouet au lecteur d’oeuvres numériques de la Pomme, QuickTime (et aux standards promus par Apple, l’AAC et le MPEG-4), concurrent du lecteur Real et surtout du lecteur Windows Media Player (voir édition du 21 janvier 2003). La course aux services en ligne à valeur ajoutée ne fait donc que commencer.