Jaguar : vers un OS X en utilisation illimitée ?

Cloud

Pour le lancement de son Xserve, Apple a choisi une forme de vente assez particulière qui ne fait pas varier le prix en fonction du nombre de machines clientes. Il s’agit sans doute du plus fort avantage proposé par Apple à ses clients, mais plus encore, à ceux qui ne le sont pas. Cette offre met un terme à la notion de licence par serveur, voire par processeur et/ou par utilisateur, sur laquelle repose le marché de l’informatique et les éditeurs de systèmes d’exploitation. Et si la Pomme étendait ce concept aux autres machines ?

En lançant Xserve, Apple se fait humble, selon les propres termes de Steve Jobs, pour aborder un marché sur lequel elle n’est pas la bienvenue et où elle n’était pas attendue (voir édition du 24 janvier 2002). Mais elle lance aussi une bombe en ce qui concerne le mode de vente. Une licence de son logiciel serveur par entreprise, quelque soit le nombre de machines clientes raccordées. Si on comprend bien l’avantage qu’une société peut en tirer en évitant notamment le casse-tête du comptage pour s’assurer qu’elle a bien payé le nombre de licences nécessaires, il s’agit surtout d’un choix radicalement différent de ce qui se fait communément sur ce marché. Demandez à n’importe quel responsable informatique, il vous décrira le calvaire des licences. A moins qu’il ne saute le pas du logiciel libre.

Et si Apple décidait d’étendre ce mode de vente à toute sa gamme ? Soyons clair tout de suite, aucun projet ne semble aller dans ce sens. Mais on peut tout de même en évaluer les avantages. Le modèle serait le suivant : ne fournir qu’une seule licence par parc. Une licence illimitée, permettant d’installer le logiciel système de la Pomme sur toutes les machines qui sont la propriété de l’entité (entreprise, école, université, administrations…). Cette politique porterait déjà un nom de code sur le campus de Cupertino : Glove. Ce sobriquet commence à traîner sur certains forums de l’Internet, où ses caractéristiques sidèrent quelques-uns des contributeurs. Glove le nouveau programme de licence d’Apple, couvrirait tous les Mac possédés par une entité, serait accessible à toute acquisition d’un nouveau Mac ou à l’achat d’une copie du logiciel. De plus la licence appartiendrait à l’organisme en question et ne serait plus attachée au matériel. Toutes les entreprises disposant déjà de Mac n’auraient à payer qu’une seule fois la licence du nouveau logiciel pour se voir fournir le droit de l’implanter sur toutes les machines qu’elles possèdent ! La même politique serait applicable aux usagers possédant plus d’un seul Mac.

Une réponse de David à Goliath ?

Mais du même coup, Apple ouvrirait une nouvelle opportunité pour les entreprises cherchant à évaluer les solutions alternatives à Windows : il s’agirait en effet d’un signal fort qui leur serait destiné. Tout autant qu’il pourrait être également destiné aux grands comptes, auxquels Apple recommence à s’intéresser (Apple France a remis sur pied une équipe spécifique). Il s’agit sans doute de la raison pour laquelle Glove serait également appelée par certains d’un autre sobriquet, « pierre de David », comme dans l’ancien testament, qui voit le petit David affronter le géant Goliath. Inutile de faire une explication de texte. Car en face la concurrence se limite à Microsoft. La firme de Redmond a positionné son offre de licence aux entreprises et aux entités disposant de parcs d’ordinateurs de telle manière qu’elle lui génère un flux de revenus stable. Les clients de Microsoft doivent avoir signé le contrat d’ici au 21 juillet aux Etats-Unis. Pour certaines entreprises, il s’agira d’une économie (voir édition du 4 janvier 2002), mais pour d’autres, les plus nombreuses, la nouvelle licence accroît les coûts. « Je ne pense pas que ce soit surprenant de voir que les gens sont récalcitrants », a ainsi indiqué Michael Silver, directeur de recherche chez Gartner Group, à nos confrères de E-Commerce Times. « Je pense que les entreprises se sentent pressées par Microsoft pour qu’elles s’enregistrent et que nombre d’entre elles ne le veulent pas ». L’annonce d’une licence client illimitée sur la plate-forme Apple tomberait à point nommé et jouerait de cette exaspération des clients de Microsoft. Or, si elle était annoncée par Apple, ce pourrait être à l’occasion du discours d’introduction de MacWorld, le 17 juillet prochain. Soit 4 jours avant la date butoir fixée par Microsoft pour acceptation de sa nouvelle licence ! Si ce n’est pas une « pierre de David », ça !