Jaina Capital : Marc Simoncini lance un appel pour un « ISF plus intelligent »

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Le créateur de Meetic, qui a fondé un fonds pour les start-up, souhaite la création d’un statut « d’entrepreneur particulier professionnel ». Sinon, il se sentira « obligé de partir ».

C’est une interview synthétique et pédagogique que Marc Simoncini a donnée cette semaine à BFM Business à propos de la fiscalité des entrepreneurs.

En dix minutes, il résume parfaitement sa situation à travers laquelle il se demande s’il ne va pas quitter la France en raison d’un « ISF idiot ».

Le créateur de Meetic (rencontres en ligne) a vendu sa société pour créer son propre fonds d’investissement dans les start-up (Jaina Capital) en s’appuyant sur une équipe.

« Je vais être obligé de partir. Cela ne m’empêchera de financer l’économie française depuis un pays à l’étranger. »

Que l’on s’entende bien : Il ne remet pas en cause l’impôt sur la fortune mais la manière dont la taxation est répercutée dans son cas.

Marc Simoncini est conscient du caractère sensible et de la connotation symbolique de la notion de « fortune » en raison de la campagne électorale de François Hollande qui l’a mené à la victoire dans la course à l’Elysée.

« A l’époque, l’ISF était de 0,5% pour la tranche supérieure et j’avais prévu de garder de l’argent pour payer cet impôt. Entretemps, l’ISF a été déplafonné, ce qui a multiplié par deux mon ISF. J’ai changé mon projet en conséquence. Puis, François Hollande a annoncé un certain nombre de mesures dont un ISF à 1,8% (…) Six fois ce que j’avais prévu au départ »

Mais il souhaiterait que les législateurs appréhendent plus finement les dimensions « revenus » et « fortune ».

« Puisque le changement, c’est maintenant » pour reprendre le slogan de campagne de François Hollande, il souhaite la création d’un statut « d’entrepreneur particulier professionnel ».

Pour éviter que ses prises de participations dans de jeunes entreprises via Jaina Capital ne soient retenues dans l’assiette de l’ISF.

« Ce que je conteste, c’est que l’on considère qu’une jeune entreprise dans laquelle j’investis soit une fortune », clame-t-il avec véhémence.

« Il y en a deux sur trois qui se pètent la gueule, de temps en temps une qui marche. Je n’accepte pas de payer l’ISF pour des start-up. Dans ce cas, je préfère couvrir ma maison de tableaux et je paie zéro. C’est un ISF idiot. »

Il est vrai que le cas de Marc Simoncini est assez particulier. « Mes investissements ne sont pas déductibles de l’assiette ISF. »

En effet, avec la création de Jaina Capital, il ne peut pas s’appuyer sur le cadre de loi TEPA (un particulier qui investit dans une start-up échappe à  l’assiette ISF).

Cela ne marche pas quand on met de l’argent dans un fonds pour financer des jeunes pousses.

La modification législative souhaitée serait anodine de l’avis de l’entrepreneur. « Il y a trois lignes à changer dans un texte fiscal et c’est terminé. »

Marc Simoncini n’appelle pas à la fin de l’ISF mais souhaite une modification « pour la rendre plus intelligente ».

« Je ne discute pas du taux d’impôt sur mon vrai patrimoine, comme ma maison. Je le paierai sans rechigner. »

Marc Simoncini est conscient du tollé que ses propos sont susceptibles de provoquer. « On va dire que je m’en vais parce que je ne veux pas payer l’ISF ».

Version biaisée à son avis : « On ne doit pas associer l’argent mis en augmentation de capital dans une jeune entreprise au mot fortune. »

A propos de la fameuse tranche à 75% de l’impôt sur le revenu que François Hollande souhaite ériger dans la fiscalité française, Marc Simoncini ne conteste pas le symbole fort de la mesure.

Mais il considère que, « vu de l’étranger », la France perd en attractivité.

« La France serait le dernier pays où un entrepreneur aurait envie d’aller. Je ne connais pas d’Anglais qui sont venus en France monter leur boîte. Mais des jeunes Français qui sont partis à Londres les monter, j’en connais des centaines. »

Voir la vidéo BFM Business ci-dessous :

Crédit photo : © Dmitry – Fotolia.com

Voir également l’interview de Marie-Christine Levet (Jaina Capital) de décembre 2011

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