Java : Sun sort ses griffes

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En multipliant les déclinaisons de Java, une technologie mature qui attire de plus en plus de développeurs, Sun contrecarre sérieusement les projets de Microsoft.

Avec la sortie imminente de la version 1.2 du Java Development Kit (l’environnement de référence), Sun se voit confirmé dans son rôle d’arbitre de la compatibilité « 100 % pur Java » par une décision de justice intervenue devant la cour de Californie. Cette dernière a sommé Microsoft de mettre la machine virtuelle équipant Windows et Internet Explorer en conformité avec les prescriptions du standard imposé par Sun sous 90 jours et d’accepter les tests de compatibilité exigés par ce dernier. En réaction, Microsoft annonce son intention de modifier dès à présent le futur Internet Explorer 5.0 dans ce sens tout en proposant un patch correctif pour la version 4.x téléchargeable à partir de son site Web. Dans le même temps, les versions MacOS et Unix du navigateur supporteront les appliquettes (applets) Java en faisant appel à une machine virtuelle externe, Microsoft supprimant celle qu’il avait intégrée jusque-là dans ses produits.Bien que critiquée par Rick Ross, président de la Java Developpers Organisation, l’intransigeance juridique de Sun s’explique d’autant mieux que Java acquiert depuis peu une réelle notoriété auprès d’une majorité de développeurs. Les acquis de la technologie sont toujours concentrés autour d’Internet et de ses plates-formes de commerce électronique ainsi que des intranets via l’exécution d’appliquettes au sein des navigateurs Web. Avec les Java Beans, les entreprises peuvent rentabiliser l’expérience acquise sur les « clients » du côté des serveurs de l’entreprise. Des filtres, des moteurs d’extraction et toutes autres procédures de consultation ou de mise à jour des données peuvent être intégrés sur des SGBD et/ou servir d’interfaces voire même composer un véritable environnement de middleware par le support des principaux progiciels de gestion intégrés (ERP).Lancé dans le cadre du Network Computer (NC), le projet Java OS qui tire ses fonctionnalités « temps réel » du rachat de Chorus déborde désormais de sa sphère d’origine. Il se prolonge notamment en direction des systèmes embarqués et des clients communicants comme : les assistants numériques personnels, les téléphones cellulaires, les radio-messagers ainsi qu’une foule d’environnements intégrés qui peuvent prendre la forme d’un tableau de bord de voiture intelligent, d’un décodeur logiciel de télévision numérique, etc. Last but not least, Java s’apprête aussi à déferler sur les cartes à puce sous la forme d’une machine virtuelle simplifiée baptisée, JavaCard. Le groupe Visa, qui conduit actuellement une expérimentation dans ce domaine, y voit le moyen de rendre les cartes bancaires totalement indépendantes des processus de sécurisation mis en oeuvre au niveau des interfaces de télépaiement. Le marché dans ce domaine ne se limite pas au seul commerce électronique, la carte à puce étant en passe de devenir le sésame numérique du XXIe siècle, qui conservera confidentiellement au sein de sa mémoire : nos antécédents médicaux, nos résultats sportifs ou encore, l’état de notre portefeuille de stock options.Encore à l’état expérimental, le dernier avatar de la technologie, qui a pour nom JINI, s’avère des plus prometteurs. Il s’agit de rendre les périphériques, quels qu’ils soient, transparents à tous les systèmes supportant Java en constituant un environnement ? Java Space ? de partage de ressources matérielles et logicielles. L’équipement qu’il s’agisse, par exemple, d’une caméra numérique, d’un scanner ou encore d’un modem, se signale au réseau par l’intermédiaire d’un descripteur qui permet à toutes les machines connectées de connaître : son utilité et le moyen de l’utiliser tant à titre de terminal qu’en tant qu’interface. C’est sur l’aboutissement de ce projet que Sun compte donner corps à son slogan : « The network is the computer ».Java, plus qu’un langage de programmation :Java n’est pas un langage de programmation stricto sensu. C’est à la fois un langage inspiré de C++, un environnement de développement et une plate-forme d’exécution : la machine virtuelle Java intègre, soit un interpréteur de code-objet, soit un compilateur travaillant à la volée (ou JIT pour just-in-time). Le concept de machine virtuelle constitue la principale originalité de Java, sachant que sa simplicité de conception, et l’oecuménisme des classes d’objets qu’elle supporte, autorise son portage vers une multitude de systèmes d’exploitation : Windows 95/NT, Mac OS, Netware, Solaris, Linus, AIX, OS/2, etc.Longtemps sujet de veille technologique, la technologie Java devient aujourd’hui mature si l’on en juge par le succès du séminaire réservé aux développeurs qui s’est déroulé à Paris le 19 novembre dernier. Organisé par Sun, il a réuni plus de 600 personnes pour une journée entière de conférences, de débats et de démonstrations visant à présenter toutes les déclinaisons de Java.