JD Edwards se laisse happer par PeopleSoft

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Redistribution des cartes sur le marché des PGI : PeopleSoft rachète JD Edwards et se propulse à la deuxième place de ce secteur, derrière SAP. Mais quelle est la motivation de JD Edwards, dont la situation financière ne rendait pas inévitable son rachat par un concurrent ?

La consolidation du marché des progiciels de gestion intégrés connaît un nouvel épisode avec le rachat de l’éditeur américain JD Edwards par son compatriote PeopleSoft, donnant naissance au deuxième éditeur de ce domaine applicatif, derrière SAP. Le montant de la transaction s’élève à 1,7 milliard de dollars et sera effectué par échange d’actions. A l’issue de la fusion, la nouvelle entité représentera un chiffre d’affaires de 2,8 milliards de dollars, 13 000 collaborateurs et plus de 11 000 clients répartis dans 150 pays. Commentant cette opération, PeopleSoft a souligné la complémentarité des secteurs d’activité sur lesquels les deux éditeurs sont bien positionnés : les entreprises de services pour PeopleSoft et les entreprises de fabrication et la grande distribution pour JD Edwards. De même, les logiciels de PeopleSoft visent plutôt les grandes multinationales alors que ceux de JD Edwards sont plutôt appréciés des grosses PME.

Des difficultés bien banales

Cette annonce intervient quelques jours après que JD Edwards a communiqué les résultats financiers de son deuxième trimestre fiscal, clos fin avril. Ceux-ci ne laissaient pas présager une prochaine acquisition car, bien qu’en recul par rapport à ceux du même trimestre de l’année précédente, ils n’avaient rien de catastrophiques. L’éditeur a ainsi réalisé un chiffre d’affaires de 204 millions de dollars, en baisse de 9 % sur un an. Et, après six trimestres de profitabilité, il affichait une faible perte. De fait, les ventes de licences, qui sont l’indicateur pertinent pour évaluer la santé d’un éditeur, ont reculé de 20 %. Recul que les responsables de JD Edwards ont imputé au contexte économique actuel et plus précisément à la tactique de prudence que la plupart des entreprises adoptent désormais vis-à-vis de leur informatique, s’engageant sur de petits projets comme l’ajout d’un module complémentaire (CRM, SCM?) au coeur du PGI. Autre explication : le report au trimestre suivant de gros contrats… Or cette situation n’a rien de spécifique à JD Edwards : les temps sont durs pour tous les éditeurs de PGI, et plus généralement pour l’ensemble du secteur informatique.

Pas de rebond en vue pour les PGI

Et dans ce contexte difficile, JD Edwards s’est plutôt bien comporté, comme le remarquait récemment le cabinet d’études AMR Research : « Malgré un trimestre décevant, JD Edwards reste une entreprise solide, en bonne santé financière. Elle génère des liquidités, accroît ses efforts en recherche et améliore de façon significative ses capacités commerciales et de prestation de services. » AMR Research notait également la fidélité des clients, ce qui est le signe d’une stratégie produit judicieuse. Et de conclure : « L’éditeur est en position de tirer profit d’un éventuel rebond du marché des PGI. » C’est peut-être ce dernier point qui explique le choix de JD Edwards de fusionner avec PeopleSoft : l’éditeur ne croit sans doute pas à une prochaine embellie, ce qui le conduit à jouer cette carte-là plutôt que faire cavalier seul. Effectivement, sur un marché à faible croissance, la concentration des acteurs est inévitable. Une autre option aurait été de se faire prédateur d’éditeurs plus petits que lui, afin d’atteindre la taille critique. A l’évidence, cette stratégie aurait été plus délicate à mener, tant le marché des éditeurs du mid-market est fragmenté, complexe… En outre, il aurait eu à affronter un compétiteur redoutable : Microsoft.